Plénière du 18 décembre 2014 : intervention de politique générale de Jérôme Virlouvet

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Monsieur le Président, chers collègues,

Puisque c’est une première pour moi d’être à cet endroit, je vais tout d’abord vous faire une confidence ! Je vous trouve tous très impressionnants quand vous vous exprimez depuis ce pupitre ! Etant aujourd’hui à cette place, ayant pourtant pris de la hauteur, au sens propre du terme, pas de la hauteur d’esprit je n’aurai pas cette prétention ! Je dois vous dire que je vous trouve tous encore plus impressionnants, à mon écoute, depuis cet endroit !!

Plus sérieusement, comme l’avait souligné Mickaël Marie lors de la précédente assemblée pleinière, notre groupe a souhaité diversifier ses prises de parole sur ce temps particulier, qu’est le discours de politique générale. Ceci dans le but que notre groupe s’exprime dans toute sa diversité. Ce pourquoi je suis devant ce matin.

Alors notre dernière assemblée pleinière régionale de l’année a toujours une saveur particulière. Car c’est celle où notre collectivité affiche ses ambitions pour l’année qui vient, des ambitions chiffrées, que notre majorité a construite au travers du Budget prévisionnel 2015 que nous examinerons tout à l’heure. Un budget au combien symbolique, puisque ce sera le dernier budget bas-normand mais je vais y revenir plus tard.

 

Réforme territoriale

Cette assemblée pleinière est aussi tout à fait particulière puisqu’elle intervient le lendemain du vote solennel à l’Assemblée Nationale de la loi sur la réforme territoriale pour le volet qui édifie la nouvelle carte des régions en France.

C’est un moment historique en ce qui nous concerne ici, car cette loi concrétise enfin je serai tenté de dire !  la fusion des deux régions normandes. La Normandie n’aurait jamais dû être séparée mais nous ne referons pas l’histoire et en tant qu’écologistes, nous nous en réjouissons après l’avoir longtemps souhaitée.

Cette réunification fait globalement, je crois, une relative unanimité toute couleur politique confondue, malgré les tentatives de distinction de l’opposition, et que l’on soit haut ou bas normand. Les réunions dans les territoires que nos 2 régions ont organisées ces dernières semaines, l’ont d’ailleurs démontré.

Je tiens à saluer cette démarche de dialogue avec les territoires que nous avons engagée au nom de la collectivité, car la fréquentation et la qualité des débats nous ont démontré qu’elles étaient nécessaires.

En écho à cette satisfaction, je tiens à exprimer un regret. Celui de la méthode aux forceps, utilisée par le Gouvernement pour arriver à ce nouveau découpage régional. Il créé tant de crispations dans d’autres régions de France.

Pour revenir à cette série de réunions, nous avons souvent entendu des inquiétudes, venant des territoires ruraux et des villes moyennes, exprimant une crainte de perdre de la proximité vis à vis des lieux de décisions et des principaux pôles urbains plus facilement attractifs dans la future grande région normande.

C’est un point sur lequel nous devrons être particulièrement vigilants demain pour ne pas perdre cette proximité que nous avons su établir au fil des années.

 

Conférence environnementale 2015

 

Autre sujet, cette assemblée régionale se déroule à un moment particulier de notre histoire. Car nous sommes quelques jours après la conférence sur le climat qui s’est déroulée à LIMA et à moins d’un an de la COP 21, la conférence de la plus haute importance sur le climat qui se déroulera à Paris, non pas parce qu’elle se déroulera en France, mais parce que ce sera en quelque sorte la conférence de la « dernière chance », après l’échec de Copenhague en 2009. Je rappelle que l’enjeu planétaire est de diviser par 4 les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2100.

Est il encore besoin de le rappeler ? tous les voyants ne sont plus au vert, ni même en orange mais dans le rouge.

  • Alors que l’année 2014 a été mesurée comme l’année la plus chaude jamais observée à l’échelle mondiale
  • Alors que le dernier rapport du GIEC présenté en novembre, a confirmé le scénario le plus pessimiste qu’il avait envisagé à l’issue de ses premières études dans les années 2000, soit + 6°C si nous ne changeons rien à notre modèle de développement mondial, principalement basé sur la consommation des hydrocarbures pour produire de l’énergie.
  • Alors que l’année 2014 devrait aussi voir battre le record de réfugiés climatiques qui se chiffre à plusieurs millions.

 

L’enjeu n’est plus de stopper le réchauffement climatique car il est déjà trop tard, mais de le limiter, de le contenir, à 2°C en moyenne à l’échelle du globe à l’horizon 2100.

2°C en moyenne,

  • cela se traduira déjà par des températures de +4 à +5°C à certains endroits de la Terre.
  • cela aura des conséquences encore difficilement mesurables sur les économies, les ressources naturelles, les conditions de vie des populations et de l’ensemble des êtres vivants, des interactions entre ces phénomènes et de leurs éventuels effets cascades.

Ces évolutions majeures risquent d’engendrer de grands désordres géopolitiques qui impacteront toutes les régions du monde.

En 2001, un président disait « la maison brûle, et nous regardons ailleurs ».

En 2014, il pourrait peut être dire « la maison brûle toujours et nous commençons à la regarder en face ». Il faut non seulement la regarder mais surtout agir pour éteindre l’incendie.

 

Je ne suis pas là pour lancer un énième message sur l’apocalypse climatique qui s’annonce, et qui finalement nous tétaniserait. Bien au contraire, c’est un appel à la mobilisation générale pour l’année qui vient en vue de la conférence de Paris et de l’année internationale des sols. Et je sais M. le Président, que vous êtes mobilisés sur cette question avec la majorité régionale.

Pour preuve je voudrais citer 2 exemples :

  • Les assises régionales du développement durable, que notre région organise tous les ans et qui avait justement pour thème cette année la participation.

La participation des partenaires institutionnels, associatifs, économiques de la région dans la mise en place et l’accompagnement de ses politiques, mais aussi la participation des citoyens, plusieurs ateliers ont porté sur ce sujet, car le développement durable c’est l’affaire de tous et il est bien connu que les petits ruisseaux font les grandes rivières.

Ce qui est souvent le plus difficile c’est le changement. il est donc tout à fait du ressort de nos collectivités d’accompagner et de lever ces résistances aux changements. Je prends souvent l’exemple du tri des déchets qui apparaissait si compliqué quand il a été instauré dans les années 90 et qui nous apparaît si banal et automatique aujourd’hui.

  • Le 2ème exemple que je souhaiterais évoquer, c’est la restitution du programme LICCO qui s’est déroulé entre novembre et décembre, où notre région en collaboration avec la Haute Normandie et le conservatoire du littoral a mis en exergue à l’issue d’une étude de 3 ans les profondes évolutions qui sont à venir dans l’évolution du trait de côte et les submersions marines.

Cette étude permet de poser de nombreuses questions, d’apporter certains éléments de réponse que les élus locaux, les acteurs économiques et les habitants vont pouvoir s’emparer pour discuter des stratégies de défenses ou de repli possibles, face à l’inexorable élévation du niveau de la mer. L’appel à manifestation d’intérêt lancé sur cette problématique par notre région en octobre va tout à fait dans ce sens et plusieurs collectivités locales ont déjà manifesté leur désir de s’intégrer dans cette démarche et nous ne pouvons que nous en féliciter.

 

Budget prévisionnel 2015

 

Enfin, j’en arrive au budget prévisionnel 2015.

Ce budget s’inscrit une nouvelle fois dans un contexte économique difficile, ou de surcroît, notre collectivité comme toutes les autres, est appelée à contribuer à l’effort national de réduction des déficits publics.

Pour autant, les fondamentaux financiers de ce budget 2015 demeurent sains, avec une maîtrise et même une diminution des dépenses de fonctionnement, et un maintien de notre capacité d’investissement, ce dont il faut se féliciter.

Toutefois, au risque de me répéter, je souhaiterais apporter un bémol sur l’interprétation positive de ses chiffres. Cela fait plusieurs années que nous compressons nos dépenses de fonctionnement et nous commençons aujourd’hui à en voir les limites.

Les dépenses de fonctionnement et vous le savez bien, ne sont pas uniquement des dépenses de personnels ou de communication.

 

Ce sont aussi par exemple des aides aux associations derrière lesquelles il y a des emplois. Ce sont aussi des aides aux familles et aux jeunes pour les aider dans leur mobilité ou pour acquérir un emploi. Ce sont aussi des aides à de l’ingénierie qui peuvent accompagner la mise en place de projets d’investissement dans tous les secteurs. Je pense au chèque éco énergie, à la rémunération des stagiaires, à la cartatoo et bien d’autres encore.

A l’heure où notre Pays et notre région battent des records de chômage, investir dans l’humain peut aussi être salvateur pour notre économie et le mieux être de notre population, notamment chez les plus précarisés.

 

Nous le savons, les investissements des collectivités locales représentent 75% des investissements publics. Malgré les baisses de dotation de l’Etat, notre région a maintenu un niveau élevé pour 2015 avec un effort tout particulier dans ceux qui participent à la transition énergétique. Je pense à la réorientation du PPI, à l’investissement dans les EMR, aux divers achats durables que nous allons inclure dans notre commande publique. La rénovation énergétique de nos lycées devrait permettre d’économiser 600 000E par an de dépenses de fonctionnement. C’est bon pour réduire nos dépenses de fonctionnement. C’est bon pour l’environnement et c’est bon pour notre économie régionale qui souffre actuellement.

Enfin et j’en terminerai sur ce point, la Loi NOTRe va très prochainement être discutée à l’Assemblée Nationale. Un des enjeux sera les compétences attribué aux différents échelons territoriaux. Je l’ai déjà dit lors des Orientations budgétaires mais je le redis aujourd’hui. Une région plus grande ne fait pas une région plus forte. Les régions doivent être renforcées dans le rôle d’ensemblier des politiques d’aménagement du territoire et de développement économique. Et on doit leur redonnerr en même temps une vraie autonomie fiscale et une capacité à investir sur leur territoire afin qu’elle puisse prendre toute leur place dans le redressement de notre économie régionale.

Je vous remercie

 

 

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