Intervention sur le Schéma régional éolien

Par Peggy Kançal – Intervention en séance plénière du 25 juin 2012.

Monsieur le Président, mes chers collègues,

A travers cette approbation de notre Schéma Régional de l’Eolien, nous touchons à deux enjeux majeurs pour l’Aquitaine : l’avenir industriel de notre région et la transition énergétique

> l’éolien terrestre : de belles perspectives de filière industrielle et d’emplois pour l’Aquitaine

Je voudrais d’abord souligner tous les efforts qui ont été menés par la Région Aquitaine pour créer de bonnes conditions de création d’une filière industrielle éolienne, ces dernières années : regroupement d’une trentaine d’entreprises et sous-traitants dans un cluster éolien aquitain, dynamique inter clusters dans les énergies renouvelables, investissements en R&D, aménagements logistiques pour permettre le transport et l’acheminement de pièces, des réponses structurées et coordonnées aux AMI grand éolien et réseaux (centres d’essais de l’ADEME) etc… En 3 ans, l’Aquitaine est parvenue à se hisser comme une place reconnue en France et en Europe dans le secteur de l’industrie éolienne. En tant qu’écologistes, nous souhaitons vraiment que notre région investisse massivement dans l’économie verte et de la transition énergétique (prioritairement à d’autres filières que nous considérons comme relevant d’un modèle de croissance dépassé).

Le tableau est beau, le tableau est idyllique … par contre une ombre se dessine et menace cette perspective de filière à concrétiser et à ancrer durablement sur notre territoire : avec nos 0 MW installés à ce jour, nous ne pourrons pas longtemps « vendre » l’Aquitaine comme territoire de pointe dans l’industrie éolienne, nous serons si peu crédibles ! Nous devons impérativement donner un signal fort au monde industriel sur notre capacité à développer un marché local ici en Aquitaine. Sans un marché local conséquent et ambitieux à moyen terme (2020), nous pouvons faire une croix sur la filière industrielle qui y est intimement liée.

C’est pourquoi, mes chers collègues, la décision que nous avons à prendre sur ce Schéma est extrêmement importante et stratégique, et il faut soutenir au maximum un scénario volontariste qui intègre des objectifs de puissance suffisamment offensifs ; en qui concerne l’Aquitaine, le scénario de 650 MW est un début d’ambition (1000 MW serait le but à atteindre d’ici 2020 pour permettre à la filière de se développer durablement ; ce chiffre serait à la fois conforme à notre vote en plénière en décembre dernier dans le cadre de notre plan climat-énergie, et réaliste au regard des puissances prospectées : France Energie Eolienne fait état de 2500 MW prospectés à ce jour dans notre région).

Les perspectives du marché de l’éolien dans le monde sont extrêmement positives :

* l’éolien croit de 20 à 30% par an
* le marché mondial de l’éolien est 7 fois supérieur à celui du nucléaire, sur la période 2004-2013
Ces chiffres ne proviennent par d’une source EELV, mais bien de l’Agence Internationale de l’Energie…

Pour la France (dotée de la seconde ressource en vent d’Europe), les objectifs de 25 000 MW (dont 19 000 on shore) laissent présager la croissance de 20 000 emplois à 60 000 emplois à l’horizon 2020, ce qui nous permettra d’agir positivement sur notre balance commerciale et notre dynamique de création d’emplois industriels à l’heure où les pouvoirs publics veulent réindustrialiser notre pays et nos régions ! Pour notre région, l’enjeu est de pouvoir créer 500 emplois directs (fabrication de tours béton, grandes pièces, infrastructures ….), avec des retombées financières (CA de 168 M€/an générées par la production d’électricité de 400 éoliennes ; location terrains 2,5M€/an ; CET pour les communes évaluée à 6M€/an).

Nous le voyons, tous les indicateurs économiques sont au vert pour l’industrie éolienne en Europe, en France…. il ne tient qu’à nous d’attirer des industriels ici en Aquitaine, dans un éco-système dynamique et favorable ! Y compris, jouons une aire d’attractivité inter régionale (élargie aux régions voisines) comme ont su le faire les régions portugaises pour attirer un industriel.

> l’éolien terrestre comme part essentielle dans le mix énergétique aquitain que nous projetons d’ici à 2020 (doubler la part des énergies renouvelables, de 16% à 32% dans les consommations finales d’énergie)

Sous l’angle énergétique, il est important de se dire que l’absence d’éoliennes terrestres dans notre région n’est ni une fatalité ni une malédiction indépassable ! Au delà de toute considération personnelle, esthétique, ou clientéliste, ce qu’il faut voir en premier, c’est que l’Aquitaine doit à tout prix intégrer l’éolien terrestre dans son mix énergétique, pour réduire notre dépendance aux énergies fossiles et fissiles dont le prix est voué à exploser dans les prochaines années.

C’est un vrai choix d’avenir : l’éolien est d’ores et déjà considéré comme une énergie renouvelable à technologie mature et compétitive, avec un coût du kWh concurrentiel (8c/kWh) ; c’est certainement ce que le rapport d’enquête du Sénat sur le coût de l’électricité pourra rendre public d’ici quelques mois.
Le retard que nous avons à ce jour en Aquitaine peut vraisemblablement se transformer en atouts :

* l’atout de pouvoir bénéficier des retours d’expériences des autres régions et parcs éoliens français, pour privilégier une bonne intégration paysagère ; contrairement aux idées reçues sur l’effet « Nimby » autour de l’éolien, elle est l’énergie renouvelable plébiscitée par 3 Français sur 4 (étude Ademe 2011, confirmée par Baromètre aquitain) et par les élus locaux (cf dernière étude)

* l’atout de pouvoir marier les différents types d’énergies renouvelables, l’éolien se mariant très bien avec le solaire et la biomasse : nos territoires pionniers TePOS seront des laboratoires pour expérimenter un modèle décentralisé permettant la réduction des consommations, une politique d’efficacité énergétique des bâtiments et le mix d’EnR à l’échelle d’une CC rurale ; l’intermittence peut être résolue par des solutions techniques (STEP, smart grids). Quant aux coûts externes (émissions C02, air), une étude européenne mise en avant par l’Institut Négawatt a déjà pu montrer que l’éolien est le type d’énergie qui a le plus faible impact sur l’environnement.

* l’atout de générer une excellence et une spécificité aquitaine (en terme technologique : le grand éolien ; en matière d’intégration territoriale : les parcs éoliens participatifs, faisant appel à des outils d’investissement citoyen tels que le fonds Energie Partagée – des opérateurs aquitains ont déjà de solides retours d’expériences réussis dans ce domaine)

Il faut enfin miser sur la fenêtre d’opportunité qui s’ouvre devant nous : grâce à l’impulsion européenne, et au changement qui se produit au niveau du gouvernement français, gageons que le cadre réglementaire anti éolien d’hier soit complètement revisité dans les prochains mois : remise à plat des ZDE, fin du régime de classement ICPE, seuil minimum des 5 mâts, temps d’instructions etc… autant de freins qui nuisent aux projets éoliens aujourd’hui. Si la France revient à un système plus facilitateur, alors nous pouvons raisonnablement espérer que le temps moyen de réalisation reviendra dans les normes européennes, autour de 4 ans.

Pour toutes ces raisons, c’est avec enthousiasme, conviction et détermination que je vous invite Monsieur le Président, mes chers collègues, à vous prononcer en faveur de l’éolien terrestre, à participer aux réunions publiques pour soutenir sur le terrain les projets de parcs partout en Aquitaine ; encore une fois, il s’agit de prendre la bonne décision aujourd’hui pour réaliser un beau projet industriel et pour permettre la transition énergétique en Aquitaine !

 

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