RASED : chronique d’une mort non annoncée ?
Par Martine Alcorta – Février 2012
Les RASED ne sont pas seulement des dispositifs qui prennent en charge la difficulté lourde car ils n’ont vocation ni de soin ni de thérapie dans le contexte scolaire. Ce sont en revanche des dispositifs qui permettent d’enrayer le passage de la difficulté ordinaire, celle que connaissent tous les apprenants, à la difficulté lourde ou l’échec scolaire, celui pour lequel il n’y a plus de résilience.
Dans une société qui cultive l’évaluation, il serait pertinent de se doter de critères d’évaluation qui ne mesurent pas seulement ce qui est visible, ce qui est performant mais ce qui est « empêché », « prévenu » et ce qui est de l’ordre de la résilience. La déstructuration des RASED à laquelle nous assistons aujourd’hui nous amènera malheureusement à prendre conscience de tout ce que ces dispositifs ont apporté non seulement aux élèves mais aussi aux enseignants et à la sérénité des cadres éducatifs.
A quoi sert aujourd’hui de démanteler des dispositifs qui enrayent les spirales de l’échec pour ensuite recréer des dispositifs amenés à réparer des difficultés qui n’auront plus été prévenues ? A quoi sert de ne plus former des enseignants à cette difficulté pour en confier la gestion à du personnel enseignant qui n’a pas été formé « pour » et qui a déjà beaucoup à faire avec ses activités pédagogiques en classe ?
Il y a là une logique que j’ai franchement beaucoup de mal à comprendre…à moins qu’on ne comprenne trop bien que ce qui marche à l’école publique dérange et que plutôt que d’afficher une volonté politique de privatisation de l’éducation, le gouvernement actuel cherche à camoufler cette privatisation en faisant en sorte de rendre l’école publique de plus en plus démunie face aux difficultés de toutes sortes en programmant une chronique de mort qui n’est pas annoncée.