Pour une croissance intensive en connaissance

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Discours d’introduction de Martine Alcorta, Vice-Présidente chargée des Politiques de l’Habitat, à l’occasion de la 3ème  édition du Forum Bâtiment Durable qui s’est tenue les 7 et 8 février 2013 à Bordeaux, sur le thème « Réhabilitation et densification urbaine »

 

Je voudrais tout d’abord remercier Xylofutur pour l’organisation de cette journée, qui est au croisement de nombreuses préoccupations que partage le Conseil régional :

  • répondre d’abord à une demande de logements toujours en augmentation, avec la préoccupation que cette offre de logement soit de bonne qualité environnementale et accessible au plus grand nombre
  • la préoccupation aussi d’une ville économe, sans doute plus dense, tout en préservant la qualité de vie des ses habitants
  • et naturellement, l’impératif énergétique et climatique

La politique logement du Conseil régional se concentre sur trois axes, celui du public « jeunes » et celui de « l’égalité des territoires » et de « la rénovation thermique »:

  1. Le logement des jeunes ; avec le logement étudiant, logement pour jeunes en formation, notamment l’alternance, logement pour jeunes travailleurs (saisonniers)
  2. En ce qui concerne le logement en zone rurale, le CR soutient la transformation ou la réhabilitation de locaux en logements conventionnés qui permettent ainsi aux petites communes de fixer sur leur territoire des populations, qui bien qu’insérées, n’ont pas les moyens de se loger dans le parc privé classique

La rénovation énergétique du logement fait également partie d’une de nos préoccupations actuelles. Nous accompagnons de nombreuses opérations de réhabilitation thermique du logement social mais conscients de la nécessité de sensibiliser et inciter les propriétaires du parc privé à rénover leurs logements nous avons également mis en place les chèques éco-énergie pour les propriétaires occupants qui veulent isoler leurs logements.

Nous réfléchissons aussi à des montages financiers innovants qui permettraient de passer de l’expérimentation à des rénovations de plus grandes envergures pour répondre à nos objectifs climatiques.

L’Aquitaine compte en effet 1 million 75 OOO logements, dont 68% sont des maisons. Ces maisons représentent 81% de la consommation d’énergie. Et le chauffage représente 70% de cette consommation. C’est dire l’importance de l’isolation et du gisement d’économie d’énergie que représente le bâtiment en Aquitaine comme ailleurs.

Le marché de la rénovation a encore besoin d’être stimulé. Nous sommes conscients qu’il est porteur d’emplois locaux pour les aquitains, c’est la raison pour laquelle cette question traverse une part importante des politiques régionales : formations professionnelles et initiales, soutien à l’artisanat,…, mais également notre politique de construction/réhabilitation des lycées.

C’est la raison pour laquelle nous travaillons actuellement avec le Plan Bâtiment Grenelle pour définir, au-delà de ces actions, de nouvelles expérimentations.

C’est également dans cet esprit que nous apportons notre soutien aux pôles de compétitivité que sont Xylofutur et le CREADh.

Concernant plus précisément la thématique de cette journée: réhabilitation et densification urbaine, le programme est particulièrement intéressant par la prise en compte de plusieurs aspects importants :

  • La prise en compte de l’usager de la ville
  • La prise en compte de l’aspect patrimonial
  • La prise en compte des nouvelles contraintes économiques

La densification urbaine, comme la réhabilitation sont de véritables enjeux du XXI siècle car elles sont une des réponses à la question climatique et énergétique. Mais ce sont aussi des défis qui se posent à une diversité d’acteurs, les élus, les urbanistes, architectes, les bâtisseurs… j’en oublie certainement mais j’ai cru comprendre que cette diversité était présente dans la salle aujourd’hui.

Ce sont des défis car si elles sont des solutions à des questions écologiques, elles restent des problèmes encore sans réponse définitive aux questions de financement, de qualité de vie et de démocratisation de la ville et du logement. Ce sont des défis car elles posent des problématiques globales, systémiques où il ne sera plus possible d’opposer l’écologie à l’économie ou au social, car il faudra prendre en compte toutes ces dimensions pour inventer la ville durable de demain. Et cette ville il ne faudra pas la construire sans les citoyens.

Pourtant la densité est impopulaire, elle a mauvaise presse auprès de la population, et l’adage populaire, bien connu des politiques, « Maire bâtisseur, Maire Battu » ne se trompe pas souvent.

Alors comment changer l’imaginaire collectif lié à la densification urbaine ? Car il y a la densité statistique et la densité vécue. De nombreux indicateurs montrent que les quartiers vécus comme denses le sont souvent bien moins que les quartiers des centres de grandes villes dont les cadres de vie sont pourtant appréciés.

On peut en effet se demander si c’est la densité qui fait peur ou la crainte de manquer d’équipements publics, de transports, d’espaces verts, d’espaces de jeux. Dans une société où il est de plus en plus difficile de trouver sa place, le logement est devenu le lieu refuge de l’espace « pour soi », où l’on choisit sans subir, espace que la société grignote chaque jour un peu plus à chaque citoyen. Et il faut en tenir compte, il faut répondre à cette demande identitaire.

Mais « Densifier et renouveler » la ville peut laisser penser que nous inventons la ville de demain. Or, elle se construit le plus souvent seule (et c’est heureux), par l’usage – prévus ou détournés – de ses habitants.

Finalement, notre ambition n’est elle pas de poursuivre une construction de ville qui ne nous enferme pas dans des schémas, mais qui laisse plutôt aux inventeurs de demain un terrain ouvert « à tous les possibles ».

Je vous souhaite une journée studieuse et réussie.

Merci à toutes et tous

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