L’Etat refuse de donner un cadre légal à la politique en faveur des langues régionales

Par David Grosclaude et Alice Leiciagueçahar

Le ministre de l’Éducation, dans une réponse faite à une question du député alsacien Armand Jung, réaffirme que le gouvernement n’a pas l’intention de proposer une législation en faveur des langues régionales. Pourtant des députés de toutes sensibilités ont déposé une proposition de loi en ce sens il y a quelques semaines.

Selon le ministre, qui répondait au nom de son collègue de la Culture, Frédéric Mitterrand, ce sont les principes républicains qui s’opposeraient à la mise en place de cette législation. Les citoyens qui, en Aquitaine, parlent une langue comme l’occitan ou le basque et qui revendiquent une loi pour que leur langue soit développée et protégée, seraient donc des gens qui menacent les principes républicains ?

La constitution consacre pourtant le fait que les langues territoriales font partie : « du patrimoine de la France » dans son article 75-1. Il faut donc donner une suite à cet article et voter une loi . Sinon ce serait accepter que, dans la loi fondamentale, il puisse y avoir des articles qui n’auraient aucune conséquence et aucune signification pour la vie des citoyens ; c’est de cette façon que l’on dévaloriserait de façon la plus sûre les principes républicains.

Le ministre explique aussi que les langues régionales font maintenant partie des compétences partagées entre l’Etat et les collectivités territoriales. Mais que se passera-t-il si les collectivités, et particulièrement la Région, sont victimes de la réforme en cours. Quels seront ses moyens pour assumer cette compétence linguistique ? L’État prétend partager avec les collectivités une compétence sans se donner les moyens d’assumer sa part et en asphyxiant les collectivités qui souhaitent assumer la leur.

La région Aquitaine mène depuis des années une politique en faveur de l’occitan et du basque. Qu’en sera t-il demain sans cadre législatif et sans que les régions disposent des moyens politiques et budgétaires de cette politique?
Nous appelons les parlementaires d’Aquitaine à se mobiliser pour exiger l’inscription d’une proposition de loi sur les langues dans le programme de travail de l’Assemblée Nationale et du Sénat
.
Nous demandons a l’Etat s’il est prêt à assumer sa part de responsabilités en ce domaine.
Si c’est non, qu’il transfère aux régions les pouvoirs et les moyens d’agir en faveur du développement de la diversité linguistique et du droit de pratiquer nos langues, le basque et l’occitan.

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