Intervention relative au Schéma Régional Climat-Air-Energie (SRCAE)

Par Peggy Kançal. Intervention en séance plénière du 22 octobre 2012

Monsieur le Président, mes chers collègues,

Quels que soit le devenir et les ajustements apportés à ce schéma, je voudrais, pour ma part, attirer votre attention sur les 2 points qui me semblent névralgiques pour la Région : le schéma de l’éolien et le schéma de raccordement au réseau

1 – Le schéma de l’éolien 

Adopté lors de la précédente plénière le 25 juin, je souhaite rappeler qu’il s’agit du seul élément à proprement parler  contraignant, dans l’ensemble du SRCAE. Ce document est un élément clé de planification énergétique et industrielle pour l’Aquitaine :

Rappelons tout d’abord que l’éolien terrestre est et sera une part déterminante dans le mix énergétique français (25% de la production d’électricité à 2025) ; suite à la commission d’enquête du Sénat sur les vrais coûts de l’électricité, et comme cela a été rappelé la semaine dernière à Paris lors du colloque national éolien : l’éolien est une filière mature d’un point de vue technologique et compétitive.

Compte tenu que l’Aquitaine part de zéro sur ce type d’Energies renouvelables (EnR), on comprend à quel point cela devient urgent d’inaugurer nos premiers parcs ! Sur ce point, le projet de loi qui sera bientôt adopté à l’Assemblée Nationale nous donne de sérieux espoirs : les ZDE (Zones de développement éolien) seront supprimées, c’est donc le Schéma Régional Eolien qui s’appliquera et qui nous ouvrira les potentiels (2/3 de l’Aquitaine faisant partie des zones favorables, il reviendra aux élus locaux de décider, et de porter les projets de parcs, avec l’appui des services de l’Etat et de la Région).

Je dirais simplement maintenant : arrêtons les beaux discours, et les schémas …. Il est temps de passer à l’action, et d’inaugurer un premier parc éolien terrestre en Aquitaine !

2 – Le schéma de raccordement au réseau 

Si nous adoptons aujourd’hui le SRCAE, nous aurons 6 mois pour élaborer ce schéma de raccordement, qui permettra de concrétiser, de matérialiser, d’anticiper à la fois des modalités et les coûts de raccordement des différentes énergies renouvelables au réseau dans notre région. Du fait de notre ambition (de doubler la part des EnR), nous avons de vrais enjeux pour réussir l’intégration des renouvelables sur notre réseau aquitain, sachant qu’il faut bien compter 5 à 10 pour adapter le réseau.    

Il y a 2 approches : soit c’est aux EnR de s’adapter au réseau actuel, centralisé, plutôt conçu pour injecter à 90% de l’électricité d’origine nucléaire (on insiste sur les « surcoûts ») ; soit c’est au réseau de s’adapter aux EnR, en prenant en compte leurs inconvénients mais aussi et surtout leurs qualités (elles sont certes intermittentes, mais très prévisibles et ajustables aux besoins réels en consommation des habitants.

En tant que déléguée au plan climat, je pense qu’il faut travailler avec les gestionnaires de réseaux, RTE et ERDF, plutôt dans le sens d’une seconde approche qui favorisera au maximum les renouvelables, vues comme un atout pour l’avenir, et réussir le défi de la décentralisation du réseau à terme, des interconnexions avec l’Espagne notamment (exportation d’électricité des parcs éoliens).

Il est vrai que des caractéristiques propres à l’Aquitaine ne nous facilitent pas la tâche : la plupart des projets de grandes capacités (solaires au sol, méthanisation, éolien terrestre, bois-énergie…) sont situés dans les zones rurales, donc assez loin des pôles majeurs de consommation. Il faut donc trouver des solutions opérationnelles et inventives pour concilier l’injection très importante d’EnR avec des coûts financiers acceptables. Plusieurs pistes :

  • Il faudrait sortir d’un schéma trop segmenté par types de filières de renouvelables – comme c’est un peu le cas actuellement du rapport du SRCAE – pour aller plutôt  vers un mix de renouvelables à des échelons territoriaux intermédiaires ; c’est la vision que nous portons sur les « territoires à énergie positive » – 8 territoires (14 communautés de communes au total ont signé avec la Région un protocole d’accord le 17 septembre)-  qui vont s’engager dans un bouquet de renouvelables couvrant l’ensemble des besoins énergétiques à leur échelle. Pourquoi ? parce que les renouvelables se marient bien entre elles, et qu’ensemble elles peuvent pallier l’intermittence !
  • Il sera aussi possible d’intégrer les évolutions technologiques (technologies de smarts grids et de stockage) : en région Bretagne, RTE et Météofrance travaillent par exemple de concert pour prévoir 3 jours à l’avance la production des parcs éoliens, gérer l’intermittence au plus fin, et donc éviter la mise en route de centrales thermiques

Et alors, si nous parvenons à travailler en bonne intelligence avec les gestionnaires de réseaux dans cette optique là, nous toucherons au cœur de la politique énergétique qui, malheureusement , n’a pu être qu’effleurée dans la version actuelle du SRCAE, suite aux restrictions imposées par l’ex Ministre de l’écologie qui excluait toute réflexion sur le nucléaire notamment. Les questions cruciales à réintégrer d’urgence aujourd’hui étant :

  • D’une part, la question de l’évolution du mix énergétique national – le Président de la République ayant maintenant donné une feuille de route clarifiée (réduction de la part du nucléaire de 75% à 50% dans la production d’électricité)
    Appliquée à l’Aquitaine, la vraie question est donc, compte tenu de la fin de vie des réacteurs du Blayais, comment en 2020 parvient-on à substituer progressivement des GWh produits par les 4 réacteurs du Blayais, par les énergies renouvelables sur le réseau ?
    il faut revenir à cette analyse de bon sens,  les deux pieds dans la réalité, il faut se projeter dans un territoire aquitain où la centrale nucléaire qui produit 120% de l’électricité est particulièrement sous surveillance de par son caractère à risque comme l’a notifié le rapport de la Commission Européenne sur la sûreté des centrales en Europe – et sera fatalement concernée par un plan de démantèlement, comme Fessenheim fermera en 2016.
  • D’autre part,  le nouveau Gouvernement introduit un changement de paradigme : contrairement aux fondements du rapport du Conseil en Analyse Stratégique fin août (énergie illimitée et peu chère), d’autres orientations et impulsions sont aujourd’hui données : citons le plan de rénovation énergétique de 1 million de logements, la loi Brottes sur le tarif progressif de l’électricité… Ceci affirme une ambition nationale sur le volet de la maîtrise des consommations et l’efficacité énergétique. Même si cela déplaît aux opérateurs historiques comme EDF, qui souhaiteraient générer de nouveaux besoins (climatisation, chauffage électrique…), un cap différent est lancé.

 

En conclusion, dommage que le SRCAE livre un horizon, sans donner aux collectivités locales le moindre outil opérationnel. Néanmoins, il faut prendre le SRCAE comme un état des lieux exhaustif qui sera une bonne base pour aborder les conférences régionales sur l’énergie début 2013 !

Je vous remercie.

 

 

 

 

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