Construisons un New Deal énergétique aquitain !

Par Peggy Kançal – Intervention en séance plénière du 28 mars 2011

Puisque le sujet de l’énergie est au cœur de l’actualité, je voudrais revenir sur l’allégation humoristique –si elle n’était pas dramatique- de M. Ducassou en ouverture de séance.
Oui, la position de la France sur les énergies renouvelables est bien singulière : c’est bien le seul pays qui ose être le plus volontariste (23 % d’EnR au lieu de 20 % en 2020) et dans le même temps, brise les filières éolienne et solaire en plein envol.

Oui, la France se distingue, elle renie tous les engagements du Grenelle !

  • Tarif de rachat de l’électricité photovoltaïque le plus bas du monde
  • Suppression des niches fiscales pour les travaux d’isolation (LF 2011)
  • Contraintes sur les parcs éoliens poussées à l’extrême (les plus contraignantes d’Europe)
  • Relance des solutions énergétiques les plus destructrices (gaz de schistes)
  • Débat sur le nucléaire étouffé
  • Menace sur 25 000 emplois directs (moratoire)

Non, décidément, nous n’attendons plus rien de la politique gouvernementale en matière d’énergie, et tous les discours de la majorité de cette assemblée exprimés ce matin convergent vers une idée : les Régions et les collectivités locales doivent s’engager dès maintenant dans la voie de la décentralisation énergétique qui seule, pourra réduire notre dépendance au pétrole et au nucléaire et faire émerger l’incroyable richesse que représentent les énergies renouvelables.

Cette décentralisation énergétique, notre groupe Europe Écologie – Les Verts souhaite oeuvrer –au sein de cette majorité régionale- pour la matérialiser à travers :

  • d’une part un engagement renforcé en faveur de la sobriété énergétique.
  • d’autre part, des initiatives concertées pour le développement des énergies renouvelables.

 

Monsieur le Président, en tant que Président de l’ARF, vous avez interpellé Monsieur Fillon sur le modèle énergétique centralisé de la France et avez rappelé le rôle déterminant des Régions comme solution alternative. En effet, par un dynamique commune de leurs politiques Climat (« Régions facteur 4 ») toutes pourraient prendre des mêmes niveaux d’engagement (25 à 30 %  de réduction d’émission de gaz à effet de serre d’ici 2020) et ainsi mettre en cohérence les choix de politiques publiques qui en découlent (aménagement, urbanisme, …).

Nous comptons particulièrement, Monsieur le Président, sur votre implication au prochain comité de pilotage du SRCAE (Schéma Régional Climat-Air-Énergie) avant l’été, que vous présidez avec Monsieur le Préfet, pour porter une position maximaliste de la région Aquitaine (scénario dit Négawatt) centré sur les économies d’énergie.

Au cours, des dernières semaines, nous avons pu amorcer avec Monsieur Fekl, Vice-président en charge du développement économique, un travail interservices passionnant au croisement des compétences Développement économique et Plan Climat pour tout à la fois :

  • Co-construire avec les acteurs des filières vertes, aussi durement touchées par les effets du moratoire, des solutions d’urgence de nature économique en agissant ainsi sur l’offre
  • Soutenir la production d’électricité à partir des énergies renouvelables en Aquitaine c’est à dire :

– développer le marché local (commande de gros panneaux), appel à projets toitures ou « Toits bleus »
– inscrire des critères environnementaux (technologies, provenance, etc.) dans les mesures régionales
– affirmer publiquement notre soutien aux parcs éoliens terrestres, etc.

 

L’autonomie énergétique de notre Région n’est pas un rêve ou une utopie, vivre sans les 26 TW produits par la centrale nucléaire du Blayais (qui a déjà montré de nombreux signes de faiblesse lors des incidents de 1999, 2004,…) est une perspective réaliste.

Nous avons cette incroyable chance en Aquitaine d’avoir, non seulement un potentiel de ressources (forêt, biomasse, littoral et estuaire pour les énergies marines, géothermie, etc.) mais aussi un potentiel industriel (réseau de PME-PMI très innovantes).

À nous, dans cette Assemblée, de porter ce nouveau modèle énergétique décentralisé, de proximité dans lequel des particuliers, les industriels et les collectivités sont auto-producteurs d’énergie et sont capables d’adapter les usages aux besoins (à l’échéance 2040, les EnR seront capables de couvrir 80 % de nos besoins électriques avec des milliers d’emplois à la clé).

C’est le bon sens économique et écologique qui nous incite à prendre ce virage !

Après avoir évoqué un Plan Marshall sur la forêt, à nous de construire aujourd’hui un New Deal Énergétique Aquitain.

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