Pas de bouleversement. Depuis 2009, et l’échec de la conférence climatique de Copenhague, les banques n’ont pas changé leurs habitudes : elles ont continué à soutenir les énergies fossiles, avec des financements en augmentation depuis 2011, à des niveaux bien plus élevés que les énergies renouvelables (1) dont les financements oscillent sans inflexion majeure. C’est ce que révèle une étude publiée ce jeudi par Oxfam et les Amis de la Terre intitulée "Banques françaises : quand le vert vire au noir".

129 milliards d’euros pour les fossiles contre 6 milliards pour les EnR

Déjà épinglées en mai dernier pour leur soutien au charbon, les principales banques françaises – BNP Paribas, Crédit agricole, Société générale, BPCE et Crédit mutuel-CIC – sont accusées de n’avoir pas suffisamment investi dans les renouvelables malgré l’urgence climatique et la tenue, à partir du 30 novembre prochain, de la conférence climatique internationale à Paris (COP21).

"Lorsque, pour un euro versé aux énergies renouvelables par les banques françaises, sept euros sont consacrés aux fossiles, on ne va clairement pas dans le bon sens" réagit Alexandre Naulot, responsable de plaidoyer sur les questions financières à Oxfam France. Entre 2009 et 2014, les banques françaises ont consacré 129 milliards d’euros aux énergies fossiles, contre 18 milliards pour les énergies renouvelables.

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BNP Paribas pire banque française

BNP Paribas est notamment dans la ligne de mire des ONG. Elle est en effet la première banque française à financer les carburants fossiles, à hauteur de 52 milliards d’euros contre 6 milliards pour les énergies renouvelables sur la période 2009-2014, soit … neuf fois moins. Elle se classe également 5e au niveau mondial, loin devant Société générale et Crédit agricole qui sont respectivement 13e et 14e.

Le 16 octobre dernier, 53 organisations avaient lancé un ultimatum à BNP Paribas lui demandant d’annoncer avant le 2 novembre la fin de ses soutiens au charbon. Face au silence de la banque, les Amis de la Terre organisent toute la semaine des actions de désobéissance civile contre l’établissement.

"BNP Paribas n’a décidément pas peur du 'greenwashing' : elle ose s’afficher comme grand mécène de la COP21 alors qu’elle est la pire banque française en matière de financements fossiles, et qu’elle n'a pas pris un seul engagement pour réduire ses soutiens au charbon, contrairement au Crédit Agricole et à Natixis", affirme Lucie Pinson, chargée de campagne Finance Privée aux Amis de la Terre France. "Cela ne peut plus durer : il est urgent qu’elle s’engage, tout comme ses pairs, vers une sortie des énergies fossiles et annonce avant la COP21 la fin de ses soutiens au charbon".

Natixis, Crédit agricole, Bank of America et Citigroup sortent du charbon

Le 15 octobre dernier, Natixis avait annoncé qu’elle mettait fin au financement des projets liés au charbon et aux entreprises dont l’activité repose à plus de 50 % sur l’exploitation des centrales au charbon. De même, Crédit agricole a pris des engagements en mai et en septembre : elle ne financera plus de projets de mines de charbon ni de nouvelles centrales ou extensions de centrales électriques au charbon dans les pays à hauts revenus.

Au niveau international, les 25 plus grandes banques ont consacré 847 milliards d'euros aux énergies fossiles contre 89 milliards d'euros pour les énergies renouvelables, près de dix fois moins. Dans le top 3, Bank of America et Citigroup ont néanmoins pris plusieurs engagements visant à réduire leurs soutiens financiers à l’industrie du charbon.

En mai, Bank of America a annoncé réduire ses prêts aux entreprises extractrices de charbon et à celles qui ont recours à la technique très nocive du "mountain top removal" (mines à ciel ouvert). Parallèlement, elle s’engage à augmenter les prêts destinés à soutenir les énergies renouvelables, l'efficacité énergétique, ainsi que la capture et le stockage du carbone.

Mêmes annonces chez Citigroup, qui a dévoilé ses lignes directrices en matière environnementale et sociale en octobre. La 3e banque américaine s’engage par ailleurs à investir 100 milliards de dollars sur dix ans dans les solutions climatiques et à réduire ses propres émissions de gaz à effet de serre de 80 % à horizon 2050 par rapport au niveau de 2005.

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(1) Les énergies hydraulique, nucléaire, houlomotrice, marémotrice, issue de la biomasse et des agro-carburants ont été exclues.