LE GRAND OUBLI DES TRANSPORTS

Développé avec le cabinet Ecofys, cet outil offre une notation du PLTE au regard de 9 engagements pris par les gouvernements pour lutter contre le réchauffement climatique. On y retrouve la réduction de moitié de la consommation d’énergie finale en 2050, claironnée par le président Hollande en septembre 2013 (16% de chances de réussite seulement), le facteur 41 (35%), ou encore la baisse de 20% des émissions de gaz à effet de serre des transports en 2020 actée par la loi Grenelle I (12%). «Les transports sont les grands oubliés de la transition. Le texte n’évoque que les véhicules propres mais fait l’impasse totale sur le fret, les transports en commun, ou la fiscalité diesel», commente Anne Bringault. Un commentaire d’ailleurs revenu plusieurs fois lors de l’audition, le 9 septembre, de la ministre de l’écologie par les députés de la Commission spéciale.

Du côté du bâtiment, le transitiomètre évalue à 13% l’assurance que sa consommation d’énergie sera réduite d’au moins 38% en 2020 par rapport à 2009 (Grenelle I).

LA BAISSE DE L’INTENSITÉ ÉNERGÉTIQUE? TRÈS MAL ENGAGÉE

Le plus mauvais score (8%) est atteint dans le secteur de l’industrie puisque la loi Pope de 2005 fixe à 2% en 2025 et à 2,5% en 2030 la baisse de l’intensité énergétique finale. Un score toutefois sans surprise au regard de l’absence de l’industrie du débat national sur la transition énergétique.

Sans surprise non plus, l’engagement de réduire à 50% la part du nucléaire dans la production d’électricité en 2025 ou 2020 ? n’est garanti qu’à 10% à la lecture du PLTE. «Quelle sera la trajectoire de la consommation? Quelles sont les prévisions d’exportations? Quels réacteurs devront fermer? Le projet de loi n’apporte aucune information», relève Anne Bringault.

L’ESSOR DES ÉNERGIES RENOUVELABLES? EN BONNE VOIE

Quant à la réduction de 30% de la consommation d’énergies fossiles en 2030, elle n’obtient qu’un petit 14%. Au final, seul l’objectif d’atteindre 23% d’énergies renouvelables dans la consommation finale en 2030 est bien engagé, avec 51% de chances d’y arriver. «Malgré l’infléchissement qui a été opéré au cours des dernières années, au rythme de politiques erratiques !!! , le PLTE contient plusieurs mesures précises comme le permis unique pour développer les projets éoliens ou le doublement du fonds Chaleur», évalue Anne Bringault.

En matière de précarité énergétique, enfin, c’est un engagement issu du débat national qui a été retenu. Soit la rénovation annuelle de 330.000 logements de ménages précaires. Le résultat est peu glorieux (18%) notamment parce que le chèque énergie, déjà flou, ne permettra pas à lui seul d’y parvenir. L’obligation de construire des bâtiments à énergie positive, annoncée récemment par la ministre de l’écologie, n’a d’ailleurs pas été retenue puisqu’elle n’apparaît dans la version actuelle du PLTE qu’avec la mention «chaque fois que c’est possible».

Accessible en ligne, le transitiomètre sera réactualisé au fur et à mesure des avancées parlementaires. Actuellement bloqué à 20%, il devrait bouger dès le 23 septembre, en fonction des amendements retenus par la commission spéciale de l’Assemblée nationale.

1 C’est-à-dire la division par 4 des émissions de gaz à effet de serre entre 1990 et 2050