Des déclarations à l’emporte – pièce de l’exploitant et de l’IRSN

Catégoriques. Suite à l’accident dans l’installation appartenant à une filiale d’EDF (la SOCODEI), l’IRSN s’exerçait au « copié collé », en reprenant sans réserves les informations communiquées par l’exploitant. Pas de « marquage radiologique associé à cet accident », « absence de marquage de l’environnement », une radioactivité « très, très faible »*, … Bref, à en croire l’exploitant et l’IRSN, il n’y avait aucune inquiétude à émettre à l’égard des rejets dans l’atmosphère, les déchets radioactifs métalliques en cours de fusion étaient en très faible activité, et pour finir l’environnement n’était absolument pas contaminé.

Une position presque dogmatique, suspecte, prémunie d’ une conclusion ouverte : l’enquête devra déterminer si l’accident « est dû à une défaillance de l’équipement ou à une erreur humaine ».

La CRIIRAD, en lanceur d’alerte

Vigilante. La CRIIRAD avait dénoncé dès le 23 septembre, dans un courrier officiel aux autorités, l'incohérence des résultats officiels, et demandé au Procureur de la République, la réalisation de mesures de débits de dose et d'analyses en laboratoire, afin d'établir l'activité réelle des déchets. Les affirmations officielles semblaient entachées de zones d’ombre, d’affirmations improbables, voire d’incohérences.

Volte-face des autorités nucléaires

Le 29 septembre, l’ASN désavoue indirectement le travail de l’IRSN, en réévaluant sur son site Internet les chiffres communiqués par l’IRSN et l’exploitant : « Après vérification par l’ASN, il s’avère que le four de fusion contenait, au moment de l’accident, une charge d’environ 4 tonnes de métal pour une activité de l’ordre de 30 MBq et non de 63 kBq comme l’a initialement indiqué l’exploitant. Si cette valeur reste faible, l’ASN a cependant demandé à l’exploitant des explications sur les raisons de cette sous-évaluation».

476 fois supérieure. La radioactivité des déchets métalliques était donc largement plus élevée que les conclusions de la SOCODEI et de l’IRSN le laissaient croire, de quoi se (re)poser des questions vis à vis du crédit à apporter à l’auto surveillance des exploitants, à l’évaluation des risques défaillante, et à la confiance aveugle de l’IRSN. Si ce n’est sa « complaisance »** ?

Conclusions. Merci à la CRIIRAD. Que dire de plus ?! Cet accident industriel n'est pas anodin. Il illustre une fois encore l'opacité qui entoure le monde du nucléaire.


** Voir le communiqué de presse du 30 septembre 2011 de la CRIIRAD