Les alertes des militants Verts (depuis les années 80 !) et des associations locales ont enfin payé : les analyses rendues par la CRIIRAD (laboratoire indépendant) et l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) confirment malheureusement la contamination à Saint-Pierre. Lionel Roucan nous rend compte de la situation à Saint-Pierre.

Nous sommes à une étape très importante du processus, puisque la mine d’uranium (1958-1981) et l’usine de traitement des minerais (1976-1985) laissent un héritage de plus de 530 000 tonnes de déchets radioactifs non conditionnés, enfouis directement dans les excavations minières ou même retrouvés quasiment à la surface du site. Ces déchets constituent pour le très long terme - environ un million d’années, excusez du peu ! -une source de contamination pour l’environnement.
Les relevés radiamétriques et les analyses en laboratoire révèlent la présence de déchets radioactifs dans le domaine public, donc et surtout sur des parcelles non soumises à servitude et encore plus incroyables sur des terrains habités. Les contaminations mises en évidence dans un lotissement, au niveau du plan d’eau, du terrain de foot, du stand de tir, etc. montrent l’ignorance de prise en compte des risques radiologiques dans les projets de construction et la mise en place d’équipements publics menés par la municipalité. Ce qu’il faut tout de même souligner c’est que sans l'acharnement des associations et des collectivités, (Conseil Général et Régional, et grâce aux élus Verts), nous n’aurions pas abouti à un diagnostique partagé du site dans l’état dans lequel il se trouve aujourd’hui.
Bruno Chareyron, responsable de l'étude pour la CRIIRAD, a déclaré à l'Associated Press qu'il "est urgent d'agir, notamment pour ce qui concerne les maisons du lotissement communal où les niveaux de radon (gaz radioactif, NDLR) sont à terme dangereux pour la santé des habitants. Il est également impératif de ne plus rien construire sur les parcelles de la commune contaminées. Il faut également revoir les conditions de stockage des déchets radioactifs miniers". Pour lui, "Saint-Pierre est exemplaire des risques encourus par une population mal ou non informée. Il faut absolument faire comprendre aux élus et aux habitants qu'avant d'acheter des terrains aux abords d'un ancien site minier, ils doivent être très vigilants sur les risques de radioactivité".

Alors maintenant doit-on penser que notre travail est fini ?
Non puisque le problème se pose de l’opérationnel. Il est indispensable de mettre des zones en servitude les conditions de remise dans le domaine public des parcelles, de décontaminer le site… Comment vont être pris en compte les résultats de l’étude ? Les besoins vont être comparés aux coûts, et nous avons trop d’exemples ou cette logique comptable a accouché de mesurettes enfilées en chapelet !
Nous serons bien sur présents à la CLIS qui va se réunir pour le début d’année, nous y ferons nos remarques et nous mettrons « la barre » le plus haut possible pour la santé des populations. Mais nous ne pourrons pas le faire seul, sans la pression des riverains, sans la prise de conscience de toute la population, sans les associations. Nous devrons aussi mettre l’état et les exploitants du site devant leur responsabilité financière.
Sur le carreau de la mine de Saint Pierre le combat continu, à nous tous de ne pas lâcher.