Le samedi 7 Avril j’ai participé aux cérémonies de commémoration du génocide des tutsis qui a débuté au Rwanda le 6 Avril 1994.
Le mois d’Avril 1994 est pour moi une période particulière dans mon engagement politique, j’avais 21 ans, je n’étais membre d’aucun parti, je m’intéressait simplement aux questions d’actualité, et je lisais beaucoup la presse.
Quelques jours après le début du génocide, alors que les médias français nous décrivaient des événements d’une violence inouïe, j’ai eu l’occasion de rencontrer un médecin ,membre de Médecins du Monde, qui était à Kigali le 6 Avril 1994 et les jours qui ont suivi, qui a assisté au déclenchement du génocide et qui connaissait les forces en présence. Son récit était en tous points différents de celui relaté par la presse, la radio, et la télévision, ce jour-là j’ai appris à prendre avec une grande prudence les informations des médias, surtout lorsqu’ils concernent la politique de la France en Afrique. En effet, dans son récit il décrivait des militaires français directement reliés avec le pouvoir en place (le clan Habyarimana), et affairés à protéger ce clan à tout prix dans les premiers jours qui suivirent l’assassinat de Juvénal Habyarimana. J’ai appris dès ce moment, comment les autorités françaises sont allés recueillir la femme du Président, Agathe Habyarimana, et l’on prise en charge dans un avion spécial pour l’héberger sur le territoire français. Pendant que la France protégeait cette femme , qui jouait un rôle important dans la préparation du génocide, les machettes entraient en service, des barrages se mettaient en place dans les rues pour contrôler les identités et demander à chacun de préciser s’il était Hutu ou Tutsi, pendant ce temps-là le plan qu’elle avait préparé se mettait en oeuvre sans que les autorités françaises ne tentent de le déjouer.
En France au mois d’Avril 1994, les scènes de massacre du Rwanda sont commentées comme s’ils s’agissaient de « sauvagerie africaine « , l’image qui en ressort est d’une grande confusion et l’on met surtout l’accent sur l’incapacité des africains à vivre pacifiquement sans s’entretuer… Cette vision, que je qualifie de raciste est abondamment relayée pendant des mois par les principaux journaux français (Le Monde et Libération en particulier). Il faudra attendre des mois, pour que la lumière se fasse sur la responsabilité particulière de la France dans l’organisation ce génocide et sur le niveau de préparation de ce massacre qui n’a rien à voir avec les mots de « barbarie » qui lui sont accolés. En 1994, on évalue à 800 000 personnes le nombre de rwandais massacrés en quelques mois.
Samedi 7 Avril, en prenant la parole devant les associations rassemblées j’ai tenu à les remercier pour leur combat contre l’oubli et pour la vérité. Ce qui s’est passé en 1994 au Rwanda est l’un des épisodes les plus tragiques de notre histoire, il met en lumière la scandaleuse politique de la « Françafrique » qui s’est poursuivie malgré les changements politiques depuis les années 60 jusqu’à nos jours. Si je suis élu député le 17 juin, je proposerai à mon groupe de le représenter au sein de la commission des affaires étrangères et je ferai tout le nécessaire pour que les relations entre la France et les pays du continent africain ne soient pas prises en main par l’Elysée et s’effectuent en toute transparence pour les citoyens.