Visite canton d’Auberive

Visite canton d’Auberive

Démunis, mais pas totalement résignés

21 villages, une cinquantaine de personnes rencontrées dans la journée, une réunion publique  qui a permis le débat en fin de journée, voici en quelques mots le résumé de la journée…

Le canton en quelques chiffres ….

1574 habitants, 700 ménages, 4,7 habitants/km2 soit parmi les densités les plus faibles de France, mais une population en légère augmentation depuis 1999 ( + 0,2 %), grâce à sa capacité d’attraction de populations nouvelles (solde migratoire positif).

L’activité  économique est principalement agricole  et forestière.

 

Ce que je retiens de ce qu’on a entendu…

Si le sentiment d’être un territoire « isolé », voir « oublié  » est très présent chez les habitants et élus rencontrés,  je crois que le mot clé qui peut, à mon sens, le mieux résumer le sentiment prédominant est « démuni ». Les maires entendus se disent démunis pour expliquer pourquoi on fermerait les derniers services publics, alors qu’on parle de Parc National, démunis devant la complexité croissante des demandes administratives sans appui d’ingénierie possible, démunis devant une communauté de communes qui a grandi trop vite, et qui éloigne les centres de décisions… démunis devant l’incapacité à faire renaître une activité économique, démunis devant des municipalités de Langres et de Chaumont qui ne jouent pas leur rôle de locomotive de développement local, préférant les investissements massifs pour faire une jolie place ou un joli cinéma…. Dans ce contexte, le projet de parc national génère à la fois un espoir et le sentiment d’une énième opportunité pour le territoire à laquelle on n’ose plus croire ; pas de rejet massif, bien au contraire, une chance possible pour le territoire…

 

Que faire après dix années de déstructuration du territoire ?

La situation du monde rural me semble relativement facile à expliquer. D’un côté, l’Etat tend à « détricoter » ses réseaux : la perte de services publics est une réalité, de même que la mise en œuvre de la RGPP (révision générale des politiques publiques). Les élus des territoires ruraux sont les premiers à s’élever contre la fermeture des tribunaux, la restructuration des services d’hospitalisation ou la suppression de classes scolaires.

De l’autre, on voit certains territoires adopter des méthodes innovantes : certains élus prennent des initiatives et portent des projets. On peut le constater : les territoires ruraux bougent. Néanmoins, une grande partie des projets imaginés ne peut voir le jour faute de moyens financiers.

Face à ces constats, la politique a toute sa place … la déstructuration des territoires n’est pas inéluctable, et il n’est pas encore trop tard pour agir.

Ce canton, ce territoire, présente des atouts. Son cadre de vie, son accessibilité assez aisée, et surtout son espace… et pourtant, dix années d’une une politique libérale ont remplacé l’équité et l’aménagement des espaces ruraux par la « compétitivité des territoires ». Dans ce système, les dotations publiques sont calibrées pour aller prioritairement vers les zones les plus peuplées, et les aides au développement économique sont « rationnalisées », comme l’on dit à Bercy, pour concentrer les entreprises dans les zones les plus riches. Cette stratégie condamne inéluctablement des territoires ruraux faiblement peuplés, avec des populations assez âgées,  accentue les déséquilibres là ou on attendrait que le politique, la politique corrige, et maintienne un véritable accès aux services publics, un accès aux soins de proximité…

 

Des réponses et commentaires de la candidate

Aménagement du territoire : Un projet territorial doit être porté par des hommes et des femmes. Les territoires les plus dynamiques sont ceux dont les élus se sentent impliqués, et sont actifs.

En outre, face à une législation de plus en plus complexe, un territoire a besoin d’ingénierie, une ressource dont les territoires ruraux ont été privés depuis la fin du système des directions départementales (agriculture, équipement, santé et affaires sociales) et du rôle qu’elles jouaient auprès des maires. Il faudra que le législateur mette en place, avec les organisations qui les ont remplacées, un nouveau système d’appui à la prise de décision des élus locaux.

L’appropriation d’une politique par l’ensemble du territoire, c’est-à-dire le fait d’associer la société civile est également l’une de nos priorités. À cet égard, nous refusons que disparaisse, comme cela est prévu, du paysage législatif les « pays ». Au contraire, nous consacrerons cette catégorie administrative à part (puisque c’est une structure « non obligatoire », et non une collectivité locale de plus) et les outils dont elle pourra disposer.

Il est aussi de la responsabilité du Parlement que de veiller à la généralisation, enfin, des schémas de cohérence territoriale (SCOT), documents à la fois participatifs et planificateurs, permettant à chacune et à chacun de s’approprier les politiques d’aménagement. Ainsi, les personnes concernées par l’environnement pourront enfin être associées au volet énergie-climat, aux trames verte et bleue, à la gestion de l’eau, etc.

Services publics : Depuis de nombreuses années, l’État, dans une logique de diminution de la dépense publique, a réduit de manière extrêmement importante les services publics disponibles : écoles, bureaux de poste, perceptions, tribunaux, hôpitaux, etc. Nous refusons la facilité : l’État, c’est le Parlement, c’est les député(e)s qu’il vous faudra élire en juin.

Et c’est parce que c’est notre compétence que nous trouverons d’autres formes d’impulser la politique nationale d’aménagement du territoire, où le Parlement et le gouvernement seront garants de l’équité des territoires. En lien avec les collectivités locales et territoriales, le gouvernement pourrait, après le vote d’une loi d’orientation sur les « services publics minimums », décider de seuils minimums de densité de populations à partir desquels priorité serait donné au maintien des services publics locaux (au sein de maisons des services publics), et des mécanismes d’incitation à l’installation seraient prioritairement mobilisés.

La démographie médicale, le lien entre les collectivités et la santé, mais aussi entre services publics de santé et vieillissement de la population sont des enjeux prioritaires dans notre réflexion. Parce qu’un territoire sans médecin est un territoire que l’on condamne, et parce que la télémédecine (qui peut certes constituer une réponse à ces difficultés, mais exige un développement technologique et des infrastructures) n’est pas la réponse à tout, l’Etat doit trouver, en lien avec les professionnels de médecine, et les collectivités territoriales engagées dans les schémas régionaux de santé, des mécanismes d’incitation financière à l’installation des professionnels de santé (incitation fiscale, co-financement des études en échange d’un engagement d’installation en milieu rural, aide à l’acquisition d’un cabinet).

Concernant les écoles, le principe et l’intérêt pédagogique des classes uniques ne doivent pas être systématiquement rejeté, et les zones rurales avec des faibles effectifs doivent être l’occasion d’imaginer des organisations pédagogiques innovantes, qui sont aussi l’occasion réfléchir autrement les rythmes scolaires et là encore dans un cadre de dialogue de proximité, avec les intercommunalités, qui devraient à termes prendre systématiquement la compétence scolaire. Le législateur qui aura à se prononcer sur ces questions (évolution des rythmes scolaires, …) doit laisser une place aux expérimentations locales.

 

Pour conclure :

C’est bien la loi qui organise ces choix, mais pour que les bons choix soient faits, encore faut-il que les grands élus (députés, maires des grandes villes) en place sachent de quoi ils parlent, et soient motivés… et pour cela vivent sur ce territoire… et pas seulement un jour par semaine.

Et, durant cette campagne, si nous déclinerons nos propositions en lien avec les territoires que nous aurons visités en Haute-Marne, nous tenons à le réaffirmer : nous nous refusons à la démagogie. Il n’est pas question de proposer aux haut-marnais des solutions qui ne s’inscrivent pas dans les compétences et le travail de l’Assemblée Nationale.

Nos propositions, que nous construisons avec vous, en allant à votre rencontre, sont autant de solutions pour une ruralité innovante et porteuse d’avenir. Je ne voterais pas, à l’Assemblée Nationale, des lois qui heurteraient le projet présenté, durant cette campagne, aux haut-marnais, parce qu’il s’agit d’un pacte de confiance. Le résultat du premier tour des élections présidentielles, s’il ouvre le champ du possible, porte aussi un avertissement grave : « nous n’accepterons plus de promesses trahies »…