Réaction de Patricia Andriot à la publication du rapport de l’Inspection Générale de l’Education Nationale concernant les internats d’excellence
Communiqué de presse
Un rapport de l’Inspection Générale de l’Education Nationale concernant les internats d’excellence, vient d’être rendu public par Vincent Peillon, nouveau ministre de l’Education Nationale, comme 16 autres rapports, que Luc Chatel a savamment omis de rendre publics avant son départ.
Le constat général est accablant : pour 200 millions d’euros, et seulement 10.000 places sur les 20.000 annoncées (dont seulement 2.400 places nouvellement créées), on peut lire que le « bilan est encore décevant », des « interrogations qui pourraient devenir des réserves », des « dysfonctionnements de la formule de labellisation », une « fonction orientation négligée ».
Le député sortant met en avant dans son bilan l’internat d’excellence du lycée Diderot de Langres, et tente de dédramatiser en disant que ce rapport n’est pas si critique que cela, et que, tout compte fait, Langres serait plutôt dans les bons élèves.
Je ne fais pas la même interprétation de ce rapport. Il ne me semble pas que l’état d’esprit des inspecteurs ait été particulièrement tourné vers l’éloge, notamment lorsqu’ils parlent de « pression de l’urgence », de projets d’investissement « au point mort », sans parler du peu d’attrait de ce dispositif, puisque, pour 32 places, l’internat d’excellence n’avait reçu que 35 dossiers, justifiant ainsi l’admission d’élèves « qui ne relèvent manifestement pas de la politique d’internat d’excellence ».
En effet, comme relevé par le JHM en date du 30 mai, l’inspection a relevé qu’en réalité, les élèves étaient parfois « envoyés par des établissements désireux de « se débarrasser des perturbateurs », et le proviseur de l’internat d’excellence de Langres avait dénoncé des « mensonges éhontés » dans les dossiers.
Alors que la moyenne nationale des élèves boursiers (qui sont la cible de ces internats) atteignait péniblement les 60% en 2011, à Langres, ce pourcentage n’est que de 31%, soit le chiffre le plus bas de France.
Siégeant moi-même au conseil d’administration dudit lycée, en tant que vice-présidente du conseil régional, avec ma collègue Lorette Joly, Vice-Présidente en charge des Lycées à la Région, nous n’avons cessé de dénoncer la mascarade de cette opération. La mission d’inspection nous donne raison, indiquant que « le recteur n’avait toujours pas [en 2011], reçu de réponse à une demande formulée depuis plusieurs mois pour simplement disposer de crédits d’études destinés à éclairer le choix du site ».
Je suis intervenue à plusieurs reprises au Conseil d’Administration du Lycée, pour interroger sur les moyens mis en place, sur la concertation avec la Région, sur les visées pédagogiques réelles, sur le recrutement… dénonçant le fait que nous étions davantage dans l’opération de communication du ministre que dans la volonté réelle d’offrir une chance de construire une école égalitaire, qui ne trie pas mais qui donne une chance à tous.
Aujourd’hui, si nous constatons que les faits nous donnent raison, nous ne nous en félicitons pas, regrettant une fois de plus le gâchis que 5 années de ce ministère et de politique libérale auront représenté, alors que l’enjeu éducatif est majeur pour notre pays.
Décidément, il faut en finir avec le « bling-bling » dans les politiques éducatives, et viser l’excellence… pour tous. Pour cela, il faudra investir massivement dans ce secteur, et mettre en place un plan de rattrapage, intégrant de revenir sur la RGPP et ouvrir 60.000 postes supplémentaires.
Patricia Andriot