Je me suis rendue, mercredi 11 avril, en ma qualité de Vice-Présidente du Conseil Régional, à l’Assemblée Générale des CUMA (Coopératives d’utilisation de matériels agricoles), où je représentais Jean-Paul Bachy, Président de la Région Champagne-Ardenne.
La FD CUMA prouve par son activité qu’il y a encore une place et une volonté pour des agriculteurs de travailler en collectif. Au delà même de l’achat du matériel, qui est l’objet même d’une CUMA, ces structures entretiennent des dynamiques locales de coopération. Elles facilitent la vie des exploitations et contribuent à maintenir des relations interprofessionnelles constructives, aident à anticiper et à préparer l’avenir. C’est bien pour soutenir et encourager ce genre de pratiques intelligentes que le Conseil Régional soutient et encourage la politique d’acquisition du matériel en commun, comme les actions d’animation qui peuvent aller autour.
Une rencontre extrêmement intéressante, qui nous a rappelé que le premier poste de charges sur une exploitation reste le poste des amortissements de matériels, devant le poste fertilisation et celui de la protection des cultures. En 2012, on a pu constater un niveau élevé de charges avec une hausse forte des postes carburants et fertilisation. La dépendance de l’activité agricole aux énergies fossiles a un coût, qui se répercutera, quoi qu’il arrive, sur le consommateur final. Il en est de même pour le coût de production (les charges comparées au rendement) qui reste élevé et qui traduit la aussi la faible efficience de la logique d’intensification des activités dans un contexte ou l’accès aux énergies est très coûteux.
Des éléments de comparaison avec des systèmes de production dans d’autres pays étrangers grands producteurs végétaux (USA, argentine, Russie…) mettent clairement en évidence les différences de systèmes de production, puisque les exploitations agricoles présentent une superficie moyenne, en France, de 180 hectares, contre 12.000 hectares en Argentine. Bien entendu, les rendements ne sont pas les mêmes (l’échelle est de l’ordre de 1 à 10), mais dans ces grands pays, le secteur agricole est très peu créateur d’emplois, et a besoin d’immenses plaines inhabitées…
Ces constats démontrent tout ce qu’il y a d’aberrant à vouloir raisonner en termes de « marché mondial », de « prix mondial » et de recherche de compétitivité sur ce niveau de marchés.
Cet échange a été suivi d’une conférence très intéressante de Jean-François Garnier, pour Arvalis-Institut du Végétal, sur la compétitivité des systèmes de production agricole qui met en évidence le poids de la mécanisation sur les charges d’exploitation en termes économique, mais aussi énergétique et environnemental et enfin sur la qualité des conditions travail. Rappelons que les principaux facteurs de compétitivité sont les rendements (favorables en France), la variabilité de ceux-ci (très favorable chez nous) et la disponibilité du foncier (il n’est pas nécessaire de rappeler que sur ce secteur, notre pays ne pourra jamais rivaliser avec les grandes étendues d’Amérique du nord ou latine), et démontre que la question du travail sur les coûts de mécanisation est un facteur clef de la compétitivité des exploitations françaises à l’export.
J’en ai conclu qu’il est aberrant de parler de compétitivité sur des marchés mondiaux pour l’agriculture française, que ce soit du point de vue économique, mais également environnemental. Miser sur l’exportation est un miroir aux alouettes, parce que d’une part les vrais facteurs de différenciation sont surtout le foncier, sur laquelle la France aura toujours du mal à lutter, et que d’autre part, miser sur les rendements et donc la mécanisation pour être compétitif à l’export dans un contexte de hausse durable et inévitable du coût de l’énergie, est un leurre dangereux…