Portrait sensible – Michèle, quatre « m » pour un grand « F »

Michèle, son engagement politique à gauche

«  Je viens donc d’une famille de gauche. Marseillaise et de gauche. Mon père, tu l’auras compris, était d’extrême gauche et engagé. Il avait participé à la création du PCMLF (Parti Communiste Marxiste Léniniste de France) en 1967 avec Jacques Jurquet.

Moi-même j’ai milité très jeune dans des groupes d’extrême-gauche, mais trotskystes, à l’OCT (Organisation Communiste Trotskyste) – c’était presque une opposition à la maison ! (Elle sourit).

Quand je suis entrée en Médecine, j’ai voulu m’impliquer dans des mouvements qui avaient une action concrète en phase avec mes convictions. J’ai commencé à militer au « Comité de Lutte Médecine ». Notre slogan était « à bas la médecine du fric et des patrons, pour une médecine au service de la population ».

 

Michèle et le nucléaire : à la découverte de l’écologie

J’ai découvert l’écologie à cette époque-là, pendant mes études. J’y suis rentrée par la lutte contre le tout-nucléaire : j’ai commencé à militer dans les comités anti-nucléaire. C’était vers 1977 puisque je me rappelle que j’étais à la manifestation contre le projet de centrale Superphénix sur le site de Creys-Malville (38) où il y avait eu des affrontements violents avec la police et un mort parmi nous. Cela m’a marquée.

C’est dans ce cadre-là que j’ai rencontré Michèle Rivasi, fondatrice de la CRIIRAD (Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la RADioactivité) en 1986. En 1988, après l’accident de Tchernobyl, j’étais médecin, c’est grâce à ses alertes que j’ai saturé la thyroïde de ma fille. Puis on s’est croisé de plus en plus souvent dans des meetings, on a sympathisé… elle est devenue ma grande amie.

A partir de là, je suis entrée de plain-pied dans la militance écologiste. Avec José Bové et les autres nous avons fait la grande marche du Larzac… J’étais engagée depuis la fin de mes années d’études, mais côté société civile. Je n’adhérais pas au parti.

 

Michèle, médecin marseillais engagé

Je me suis installée comme généraliste à Marseille dès que j’ai passé ma thèse : à l’époque j’étais la plus jeune installée de France. Et j’ai continué ma spécialité de pédiatrie en même temps, tout en me formant aussi aux médecines douces. Au final, j’exerçais en cabinet de médecine générale (pour garantir les tarifs sécu aux patients) avec une spécialité maladie des enfants et homéopathie. Ma fille avait 6 mois à l’époque… j’ai un peu levé le pied du militantisme actif à gauche pour avoir du temps avec elle.

Mais je n’ai pas arrêté de militer dans mon boulot : j’étais médecin d’un foyer de jeunes en difficulté, le foyer Concorde. Des enfants de 3 ans aux jeunes de 21 ans : on était payé 100 franc par mois. C’était un engagement important pour moi.

 

Michèle et le sport

A ce stade je l’interromps : et la médecine du sport ? Quand on fait une recherche sur toi sur le net, c’est ça qui apparaît ? Quel est le lien ?

Ah oui, le sport… en fait, j’ai toujours fait plein de petits boulots en plus de mon cabinet. Le sport, c’est d’abord une passion : mon envie de me spécialiser dans la médecin du sport vient de là.

A titre personnel, je suis passionnée de sports collectifs, j’ai fait beaucoup de basket. J’ai été médecin fédéral pendant plusieurs années, et entraîneur d’une équipe de poussins-benjamins au Sporting Club de la Sécu, jusqu’en 1995. J’ai également fait pas mal de ski de randonnée – ce qui, avec le basket, a achevé mon genou… et je suis une fervente supportrice de l’OM, quand mon emploi du temps me laisse le temps, j’aime beaucoup aller aux matchs. Et puis, en tant que marseillaise, j’aime la mer… je faisais de la voile… désormais je ne peux faire que du kayak…

J’ai arrêté les entraînements et la médecine du sport quand mon 3e enfant est né, sinon je n’aurais pas eu assez de temps pour lui.

 

Michèle, ses enfants

Je l’interromps à nouveau : Michèle, est-ce que tu pourrais me donner quelques éléments de chronologie, là ? Je suis un peu perdue… combien d’enfants et quand ?

Alors j’ai trois enfants. Ils ont 30, 24 et 16 ans. Marine, l’aînée, est née en 1981, Olivia, la cadette en 1987 et Ugo, le petit dernier, en 1996. Je les tous allaités, tu sais ?

Accompagner la scolarité de mes enfants m’a permis, au passage, de découvrir l’envers du décor du système éducatif : je me suis impliquée à la FCPE et j’ai siégé aux conseils d’administration des différents lycées et collèges de mes enfants.

 

Michèle, le passage à la santé publique

Bon je remonte un peu en arrière : quand j’étais installée, j’ai participé à monter le dispositif RMI avec le Conseil Général : j’étais médecin de la cellule d’appui, je m’occupais des gens qui avait des problèmes de santé dans le dispositif. Ceci jusqu’en 2000.

Entre temps j’avais eu les enfants. Pour être disponible, j’avais réduit nettement l’activité de mon cabinet, et j’ai commencé à temps partiel en tant que médecin-directeur-adjoint du centre d’examen de santé de l’Assurance Maladie des Bouches-du-Rhône. Finalement au début des années 2000, j’ai pris le temps-plein et j’ai totalement arrêté mon cabinet. Donc je suis médecin de Santé Publique depuis, en charge de l’accès à la prévention et au soin des populations précaires.

 

Michèle et ses engagagements associatifs.

Depuis, je me suis impliquée à nouveau dans le milieu associatif en lien avec mon travail : j’ai participé à la création du dispositif « Ecoute Santé Jeunes » (IMAJE Santé Jeunes), dont je suis toujours membre du Conseil d’Administration.

Je suis également administratrice d’Habitat Alternatif Social, qui accompagne les gens en grande marginalisation à intégrer un habitat, ces habitats (HLM) étant des logements rénovés de manière écologiques. Nous insistons sur le terme « habiter », se sentir chez soi, et non pas « loger », qui renvoie à une forme de passivité.

Je suis enfin présidente de l’association Europe Sociale Projet Recherche Innovation (ESPRI) qui travaille à mettre en œuvre la participation des usagers vivants dans la rue, au sein des structures sociales ou médico-sociales. Dans les CHRS, les EPHAD… tous ceux qui font de l’hébergement. Nous travaillons avec la FNARS dans ce champs-là.

Et les Verts. C’est une association après tout… comment es-tu rentrée dans le parti ?