Défendre la clause de l’européenne la plus favorisée!

Intervention au Dejazet le 29 mai

Porter le combat féministe en Europe me paraît, en effet, essentiel aujourd’hui:

  • avec les reculs que l’on observe dans de nombreux pays sous l’effet du libéralisme, où les femmes sont les premières victimes de la montée de la précarité dans le travail et du temps partiel contraint, ainsi que des réformes des retraites et des attaques contre les services publics

  • avec le poids politique de la religion dans plusieurs Etats membres, où le droit à l’avortement n’est pas reconnu, et jusque dans les Traités de l’Union, où l’égalité F/H ne figure que comme un objectif, et pas comme une « valeur » fondatrice.

C’est pourquoi l’institution d’une clause de l’européenne la plus favorisée, promue depuis plus de 30 ans par Gisèle Halimi et l’association Choisir la Cause des Femmes, serait une grande avancée, non seulement pour les femmes, mais pour la société toute entière.

De quoi s’agit-il?

Cette clause vise à promouvoir l’harmonisation vers le haut des législations européennes applicables aux femmes. Elle recouvre recouvre différents domaines: le choix de donner la vie, le droit de la famille, la lutte contre les violences faites aux femmes, l’égalité professionnelle, l’égalité d’accès aux fonctions politiques.

Le vote de cette clause, et plus encore sa traduction dans les actes, représenterait aussi un grand progrès pour la France. Je prendrai simplement quelques exemples, dans lesquels nous pouvons puiser de inspiration pour nos propres politiques

  • celui des Pays-Bas, où l’accès aux méthodes contraceptives est libre, direct et gratuit, et où l’État assure l’information, la disponibilité et la gratuité pour les femmes mineures ou majeures;

  • celui de la Suède, qui a mis en place dès 1974 un régime de congé parental ouvert aux deux parents très développé et flexible, qui leur permet de passer du temps avec leurs enfants et incite le père à en prendre une part plus large; dans les faits, ce n’est pas encore tout à fait cà, on est loin d’un partage égal, mais les mentalités évoluent

  • celui de l’Espagne, où une loi-cadre très complète a été adoptée en 2004 contre la violence conjugale, avec de nombreux volets: sensibilisation à l’école, formation des agents des services publics potentiellement concernés, mesures de protection d’urgence de la victime, centres d’accueil et d’hébergement nombreux, sanctions fortes, juridictions spécialisées incluant dans chaque siège de tribunal un juge formé spécifiquement aux violences faites aux femmes

Alors, promouvons la Clause de l’européenne la plus favorisée au niveau de l’Europe,

Mais aussi, sans attendre, nous pouvons déjà lui donner une réalité dans notre législation en France:

  • en la mettant au niveau des dispositions les plus avancées dans les différents domaines, ce qui rendra encore plus crédible notre combat européen

  • et en n’oubliant pas qu’il ne suffit pas de voter une loi, il faut lui donner également les moyens de sa mise en oeuvre!

Au café-débat sur la transition écologique de l’économie

Ce café-débat, qui s’est déroulé dans une ambiance détendue et studieuse, a été bien apprécié par les participant/es, si j’en crois les réactions à la sortie.

 Il est vrai que le discours d’EELV a une réelle cohérence, avec sa démonstration en trois temps:

-  l’analyse des composantes de ce que l’on appelle communément la crise, en soulignant ses dimensions sociales et environnementales, d’où découle la nécessité de transformer notre modèle de développement proprement « insoutenable » dans le temps et dans l’espace;

-  le projet écologiste, bien résumé par la formule du « vivre mieux » et qui consiste au fond à rendre à chacune et à chacun la maîtrise de sa vie et la possibilité de participer aux décisions collectives, largement obérées aujourd’hui par le pouvoir de la finance;

-  les voies possibles de la transition, dont le scénario n’est pas écrit d’avance.

Je dois dire que notre programme 2012 est une mine dans laquelle on peut puiser, si l’on accepte de faire un effort personnel pour se l’approprier.

La particularité de la transition écologique, c’est qu’il s’agit dans le même temps de réorienter le contenu de ce que l’on produit et consomme, de transformer les rapports sociaux de production, de remettre du collectif dans le choix des besoins à satisfaire – c’est à dire d’inventer de nouvelles formes de planification démocratique – c’est ça, ou le marché et l’intérêt des actionnaires!

Après ce remue-méninges, demeurent certes quelques zones d’ombre, mais nous avons à EELV la modestie de ne pas avoir de réponses à tout…

 Enfin, n’aurait-on pas besoin d’un peu d’éducation populaire?

Avec les jeunes majeurs étrangers scolarisés sans papiers

Mercredi 16 mai, devant la préfecture de Bobigny, à l’appel du RESF 93, pour demander le retrait des OQTF (Obligations de Quitter le Territoire Français) prises à l’encontre de jeunes lycéennes et lycéens étrangers du 93, menacés d’expulsion dès leur 18 ans, et pour exiger l’octroi à tous les jeunes majeurs scolarisés d’un titre de séjour pérenne. Je suis directement concerné, étant depuis peu le parrain d’une jeune étudiante dans un lycée de Seine-Saint-Denis, où je siège au conseil d’administration.

Il n’est pas nécessaire d’insister sur le caractère dramatique des situations de ces jeunes, dont la vie et les ami/es sont en France, et qui vivent ainsi sous la menace permanente d’une expulsion et sont incapables de se projeter dans l’avenir. « Jeunesse sans papiers, jeunesse volée » dit la banderole. Depuis l’été 2006 et plus encore depuis la loi de juin 2011, les critères ouvrant droit à l’obtention d’un titre de séjour se sont considérablement durcis et complexifiés, laissant une large part à l’arbitraire préfectoral.

Des mesures d’urgence s’imposent. Tout jeune scolarisé en France doit pouvoir poursuivre ses études et sa formation avec le droit de travailler, s’installer et vivre ici. Au delà, c’est toute la politique des migrations qu’il faut revoir, en la fondant sur une approche ouverte et humaniste des rapports Nord-Sud, sur le respect des droits, à l’opposé de la politique du « bouc émissaire » de ces dernières années et la guerre aux migrants que mène actuellement l’Union européenne.