La crèche au milieu du chantier

Céline Carez | Le Parisien Publié le 03.05.2012

Les élus et le bailleur social ont-ils oublié qu’au milieu du chantier il y avait une crèche et des bébés? Célia Blauel et René Dutrey penchent pour cette hypothèse. Lundi prochain, ces deux élus du XIVe (EELV) déposeront un vœu au conseil d’arrondissement afin d’interpeller le maire de Paris. Et, cet après-midi, une réunion est prévue entre les trois protagonistes, les représentants de la crèche parentale (la Porte entrouverte), le directeur d’I3F (le bailleur social) et la mairie du XIVe, pour trouver une solution.

I3F, qui gère 710 logements sociaux rue Hippolyte-Maindron (XIVe), s’apprête à réhabiliter 700 m2 de locaux associatifs pour la coquette somme de 700 000 €. Seule exclue du chantier, la crèche, déjà réhabilitée des années auparavant. Du coup, les bébés se retrouveraient bientôt au milieu des marteaux-piqueurs.

Un bug de communication ?

« Ils ont complètement zappé la crèche dans le cahier des charges qui était donné pour la réhabilitation des locaux », assure Celia Blauel. De plus, il y aurait eu un bug de communication entre l’ACSEMD (Association culturelle & sociale Eure Maindron Didot), qui sous-loue tous les locaux aux 18 petites associations de quartier (cours du soir, alphabétisation, sport…), la mairie du XIVe et le bailleur. L’élue enfonce le clou : « Un courrier de la crèche, qui interpellait tout le monde sur le chantier, n’est jamais arrivé. »
Cerise sur le gâteau, à l’issue de ces travaux, il y aurait « une augmentation de loyer de 300% ».
« On se retrouve dans une situation ubuesque, s’inquiète Noémie, maman d’un petit Marlow de 18 mois. On doit transporter les enfants pour leur sieste dans un autre appartement pour qu’ils puissent dormir! Et ça va durer jusqu’en septembre. »
Hier, le stress était palpable. Une puéricultrice faisait des allers et retours entre les deux locaux (l’un pour les activités et l’autre pour la sieste) pour transporter les petits matelas.
Sur la question du loyer, Pascal Durand, directeur d’I3F, se défend : « L’ACSEM payait des clopinettes, 471 € pour 700 m2! Nous leur demandons désormais 3 164 €, qu’ils se répartiront comme ils veulent. » Pascal Cherki, maire (PS) du XIVe, réfute tout « flottement » dans le suivi du dossier et se veut rassurant : « Nous allons les sécuriser en mettant le bail à leur nom. Ils n’auront pas à supporter une hausse de loyer. La ville s’est engagée à compenser. »
Reste que les travaux et les nuisances vont durer jusqu’à l’automne prochain. « Je n’avais pas pensé que les bébés puissent être au milieu du chantier », lâche Pascal Durand.