II existe dans cette circonscription, une cantine qui sert chaque jour de l’année scolaire, à plus de 200 enfants, d’âge primaire et maternel, des repas confectionnés sur place, avec des produits bio, achetés auprès de fournisseurs locaux, et eux mêmes fabriqués localement pour la plupart des produits (laitages viandes, légumes, fruits, farines, huiles…)
Cette magnifique réalité qui participe à la bonne santé des enfants, existe depuis 2006, grâce à la volonté de quelques personnes, une association de parent d’élèves, « La Marmite » fondée il y a trente ans, le maire de l’époque, et surtout de la cuisinière qui se dit modestement, simple cantinière. Pourtant elle a une grande expérience du métier, formée à l’école de La Varenne, elle a goûté à plein de métiers, de la Maison du Danemark à des Maisons de retraite, en passant par …
GEMRCN : le plan alimentaire
Lorsqu’on lui demande comment elle fait avec la réglementation, la fameuse loi qui interdirait aux collectivités d’utiliser des œufs, imposerait des contraintes de conservation, d’aménagement des cuisines, qui empêcheraient en résumé la cuisine bio, elle balaie d’un revers de la main : depuis 2008, on peut tout faire, à condition de respecter les règles de traçabilité, de renseigner scrupuleusement les fiches sanitaires, et surveiller les températures, entre les manipulations.
Les menus doivent être présentés par série de 20 , dans lesquels il faut trouver une certaine quantité de viandes nobles pour l’apport en fer (bœuf, veau, agneau, abats), 10 légumes verts, 10 féculents, 6 produits laitiers … Une diététicienne valide les menus et visite régulièrement. Cela demande plus d’investissement et de temps dans son travail. Ensuite, c’est une question d’imagination et de goût de faire bon !
Le tarif de cantine scolaire le moins cher de l’Île de Ré
Si on lui parle de prix, elle répond qu’elle confectionne des repas pour 1,77 € de matières premières par assiette. Le prix du repas payé par les parents est à 2,25 €. A ce prix là, elle fait même le pain, avec de la farine bio semi-complête, sur lequel elle offre des tartines grillées au chèvre …
Par ailleurs, les bonnes pratiques de compostage sont bien en place, cela va de soi !…
Pour cuisiner bio, il faut accepter de prendre le temps : commande ou déplacements fournisseurs locaux, adapter le menu suivant les légumes frais disponibles, découpe, épluchage, parler avec les enfants pour les faire goûter…
Une expérience partagée
Aujourd’hui, en plus de son travail, cette cuisinière participe à des ateliers de formation à la cuisine alternative, avec Gilles DAVEAU, sur l’initiative du groupement des agriculteurs bio de la Vendée, le GAB 85, et qui cherche des solutions pour développer la filière agricole bio dans ce département confronté aux pollutions aux nitrates.
Comment convaincre de nourrir les enfants au bio dans toutes les écoles ?
Depuis 2012, 20% de bio doivent être servis dans les cantines scolaires. Cela n’est pas encore le cas partout, et souvent les produits sont fabriqués sur un autre continent, livrés par des chaines de distribution lointaines qui ne pratiquent pas toujours le commerce équitable !
Les organismes de formation ne prévoient que très peu de sensibilisation et formation des personnels (ATSEM dans les maternelles, cuisiniers, personnel de service, intendants, diététiciens, parents) à l’intérêt de la nourriture bio.
L’accueil, le temps réservé au repas, calme, assis, l’apprentissage du goût, la lutte contre l’obésité, le danger des pesticides, l’intérêt des circuits courts sont peu évoquées dans les formations des encadrants…
Les personnels qui se lancent dans cette démarche plus « impliquante » que la cuisine en liaison froide, et avec surgelés et ingrédients préparés, ne sont pas encouragés ni mieux payés, au contraire, ils sont trop souvent obligés de justifier leur pratique !!!
Le conseil municipal pourrait voir dans cette « éco-école » une vitrine de Sainte-Marie de Ré, qui serait maintenant connue pour offrir ici le bien-être à ses enfants, par une pédagogie innovante basée sur l’alimentation et la santé, le tri et la valorisation des dechets, les économies d’énergie (et donc de budget !), la biodiversité, la solidarité, et ainsi servir de modèle à certaines écoles de demain…
Bref, il y a encore du boulot pour que nos enfants mangent sainement, avec plaisir et envie !
A propos, la fameuse dame qui se dit modestement «simple cantinière», c’est cette jolie personne en photo, Carole William Donny …