Rue Petit, une agression lourde de symboles

L’agression dont a été victime samedi 21 juin un jeune homme de confession juive rue Petit a provoqué un emballement médiatique à la hauteur des symboles et des images que cette agression a éveillés. Unanimement et justement condamnée, cette agression devrait amener l’ensemble des responsables de notre arrondissement à réfléchir ensembles aux origines de cette violence et à ses remèdes.

C’est l’image de l’antisémitisme qui a surgi immédiatement. Parce que le jeune agressé portait une Kippa, et que ses agresseurs l’ont violemment frappé, chacun s’est interrogé. Il appartiendra à l’enquête de dire si l’antisémitisme était le moteur premier de l’agression ou s’il s’agissait, selon l’expression du procureur de la République de Paris, d’un « antisémitisme par incidence », tout aussi inacceptable.

C’est aussi l’image d’affrontements basés sur les origines. Car nous assistons de nouveau, depuis plusieurs semaines, à une recrudescence des affrontements entre des jeunes originaires d’Afrique noire, du Maghreb et de la communauté juive. Le dernier affrontement sérieux remontait à moins de 15 jours. Le symbole des affrontements ethniques ou confessionnels a surgi dans un arrondissement particulièrement divers et brassé. Et avec lui la crainte d’une transposition aux adultes des affrontements auxquels se livrent les jeunes.

Le mélange de questions d’origine et de questions territoriales génère une sorte de nationalisme de quartier, où les valeurs et la qualité du groupe d’origine servent de repère face au monde extérieur, de ciment d’une solidarité qui s’exerce par rejet des autres groupes. Est alors en question la vie commune dans notre arrondissement et notre capacité à ne pas en rester à une juxtaposition d’origines et de communautés.

Chacun a aussi compris que ces affrontements sont ceux de bandes qui se disputent le partage de territoires et parfois des trafics qui les accompagnent.

Enfin, l’image de la violence la plus brutale est apparue. Dans l’après-midi du samedi 21 juin, lors des premiers affrontements, c’est une machette qui a été utilisée pour frapper et blesser. Plus tard, on apprenait qu’un des agresseurs sautait à pieds joints sur le corps de la victime étendue au sol. Comment ne pas se révolter face à la barbarie de cette violence qui se déchaine pour tuer, volontairement et sadiquement ?

Nous ne devons pas en rester aux protestations. Il faut réunir rapidement l’ensemble des acteurs de l’arrondissement concernés : monde de l’éducation, acteurs sociaux, responsables de l’ordre public, élus, conseils de quartier… pour débattre de la vie dans le 19e, des tensions qui s’y manifestent. Il y a des solutions à apporter pour améliorer la vie en commun, le partage de l’espace public et le sentiment de justice et d’égalité. Parlons-en, agissons et évitons à d’autres jeunes ce qui est arrivé à Ruddy.