Dernier acte de son mandat, Nicolas Sarkozy a choisi de s’en prendre à un symbole structurant du mouvement ouvrier : la fête du Travail. C’est historiquement pour rappeler la conquête syndicale difficile de la journée de 8 heures en 1886, aux États-Unis, qu’est née cette journée internationale.
En France, la tradition républicaine veut que les responsables politiques, au premier rang desquels le chef de l’Etat, laissent la parole au mouvement syndical en cette journée qui célèbre le rapport démocratique au travail. Cette manifestation est une quête. Celle d’un travail pour tous, un travail qui opprime moins et favorise au contraire l’émancipation. « Ne pas perdre sa vie à la gagner » est sans doute le slogan le plus fédérateur du 1er mai.
Ce n’est pas par hasard si le Front national a choisi cette date pour montrer ses muscles. Cela s’appelle de la transgression : braver un interdit pour défier la République.
Aujourd’hui, en appelant à fêter le « vrai travail », en réduisant le mouvement syndical à ses « permanents », Nicolas Sarkozy va plus loin. Il est certes fidèle à lui-même : opposer les français selon leurs origines, le privé au public, les parents d’élèves aux enseignants… opposer les salariés qui travaillent dur aux « syndicalistes professionnels » qui passent leur temps à manifester !
Mais au-delà de la volonté de diviser et alors qu’il en est encore le président, Nicolas Sarkozy s’en prend à un repère de la République elle-même.
Mais la République, c’est nous ! Congédions-le.
Philippe Debruyne