Au rang des métiers dont on n’imagine pas qu’il puisse disparaitre, et qui pourtant est précisément sur cette voie, le médecin généraliste arrive en bonne place. 20 ans de choix catastrophiques pour les médecins de famille ne sont pas sans conséquences. Passer le tarif des consultations de 22 à 23 euros n’est qu’un épiphénomène qui ne résoudra rien.
En annonçant la hausse du tarif des consultations au 1er Janvier 2011, Nicolas Sarkozy avait pour objectif de désamorcer la bronca montante. Il a complété cette hausse en annonçant avoir confié à Elisabeth Hubert – ancienne ministre de la santé – une énième mission de réflexion.
Il n’est plus temps de réfléchir. Tout a été dit et écrit sur la situation de la médecine générale.
10% des étudiants en médecine choisissent la médecine générale. Jamais on n’avait atteint un niveau si bas. Les jeunes ne veulent plus de ce métier plus complexe, plus prenant, plus isolé, plus exposé et moins rémunérateur que les autres spécialités. De 50 000 généralistes actuellement, nous passerons à 20 000 d’ici 15 ans. Dans les villages, les départs ne sont plus remplacés. Dans les villes moyennes, il faut faire à 3 le travail de 4 alors que les semaines de travail sont déjà plus proches de 60 que de 35 heures. A Paris, qui était il y a encore 10 ans richement pourvue en médecins généralistes, la densité y est maintenant inférieure à la moyenne nationale. Le 19e arrondissement n’a cessé de gagner des habitants….et de perdre des médecins ces dernières années.
Un euro de plus par consultation ne changera rien. Car dans le même temps, les taches administratives continuent de s’accroitre, rien ou presque n’est fait pour aider les médecins à se regrouper entre eux et avec d’autres professionnels de santé, rien ou presque n’est fait pour reconnaitre et aider leur travail de coordination des intervenants de santé. Dans les facultés de médecine, la place de la médecine générale est mineure et constamment repoussée par des chefs de service arc-boutés sur leurs spécialités. Après 6 ans d’études, la plupart des étudiants n’ont jamais mis les pieds dans un cabinet de médecine générale !
Toutes ces données sont rebattues depuis des années. Les ministres de la santé successifs les connaissent. Aucun n’a eu le courage d’en tirer des décisions. Sans doute le choix d’une médecine de proximité, de prises en charge alliant le sanitaire et le social, de financement du temps consacré aux messages de prévention et d’éducation sanitaire ne sont-ils pas assez prestigieux…
Les médecins généralistes ne sont plus dupes du sort qui attend la médecine de proximité en l’absence de décisions fortes. Aux dernières élections régionales, une enquête parue dans Le Quotidien du Médecin révèle que le premier parti chez les médecins de moins de 35 ans est Europe Ecologie. Toutes tranches d’age confondues, l’ UMP est encore en tête mais s’est effondrée à 32%. Europe Ecologie vient ensuite, devant le PS.
23 ou 22 euros la consultation : ce n’est ni la question, ni la réponse. Il faut bien d’autres décisions pour redonner aux jeunes le goût de la médecine générale.