Jamais au cours d’un voyage je n’avais autant entendu parler du 19e. Il y a à Somankidi ceux qui vivent à « Lorraine », ceux » d’ Hautpoul » et ceux « qui étaient à David d’Angers mais ont du partir » – tous noms de foyers de l’arrondissement dont le dernier fut récemment détruit.
L’apport de ces travailleurs migrants au village est considérable. Leurs transferts d’argent permettent la construction de maisons et les emplois qui vont avec, le développement du maraichage, de plantations de bananiers et de manguiers, l’acquisition de véhicules de transport. Des familles entières vivent du travail des hommes en France et de l’engagement des femmes restées sur place dans toutes les taches de vie quotidienne du village.
Je reviens de Somankidi où j’ai constaté l’engagement financier de l’Union européenne dans le budget d’investissement de la commune en faveur de la voirie, si importante pour pouvoir se déplacer même en saison des pluies. Et celui de la Mairie de Paris dans l’amélioration du réseau d’adduction d’eau.
Mais ces crédits utilement attribués ne remplaceront jamais le travail des hommes expatriés et le brassage culturel qu’il engendre, la transposition librement choisie d’éléments culturels entre la France et le Mali.
Je reviens de Somankidi et plus que jamais je défends l’idée que cet échange migratoire entre le Mali et notre pays contribue plus que bien des déclarations à la justice, à la solidarité, au développement, à la compréhension entre les peuples et donc à la paix.
Vouloir tarir ce flux à tout prix à coups de refus de visas et de renvoi des migrants serait faire preuve d’une grande myopie politique. Car notre pays ne peut prétendre défendre des valeurs universelles en brisant brutalement un cercle de développement que l’Histoire a créé. Vers qui se tournerait alors ce peuple pacifique, ouvert et tolérant ?