Fin de vie : faut-il revoir la loi ?

Les droits des patients en fin de vie sont définis par la loi Leonetti de 2005. Cette loi – souvent citée mais rarement connue et expliquée- a considérablement accru les droits des patients et prône le développement des soins palliatifs. Elle interdit l’euthanasie tout en défendant le droit de chacun à mourir dans la dignité et l’apaisement. 6 ans après son adoption, où en est-on ?
La loi de 2005 a posé quelques principes essentiels :
-l’interdiction de l’obstination déraisonnable – aussi appelée acharnement thérapeutique;
-le respect de la volonté du patient – à l’appui de laquelle ont été créées les directives anticipées et la personne de confiance;
-la préservation de la dignité et l’obligation de procurer des soins palliatifs
-l’interdiction de donner délibérément la mort, d’euthanasier un patientLa loi a été présentée, il faut le rappeler, à l’issue d’un travail parlementaire dégagé de la pression de faits divers, qui a abouti à son vote à l’unanimité par l’ Assemblé nationale.

6 ans plus tard, c’est son application concrète qui est en question. Les équipes et unités de soins palliatifs n’ont pas été créées partout. Les directives anticipées – qui permettent à chacun de donner des instructions sur sa future fin de vie- restent méconnues et difficiles à retrouver. Le statut de la personne de confiance n’est pas expliqué aux patients hospitalisés ou atteints de maladie chronique.

La loi Léonetti est une bonne loi insuffisamment appliquée. Elle se heurte en particulier dans les services d’urgence à un manque de coordination qui en sape l’application.

Certes, elle ne répond pas à quelques situations particulières et humainement dramatiques. Les partisans de l’euthanasie citent le chiffre d’un millier de situations non résolues par la loi chaque année. C’est excessif : mieux appliquée, la loi Leonetti réduirait beaucoup ce chiffre trop élevé.

La légalisation de l’euthanasie résoudrait-elle ces situations ? Ce n’est même pas certain. Et je le dis en conscience, ce serait au prix de la remise en cause de la valeur fondamentale du respect de la vie. Une solution d’apparente facilité face aux moments parfois si douloureux de la fin de vie, qui pourrait inciter à préférer l’ administration rapide de la mort à la mise en place des soins assurant une fin de vie apaisée.

Je partage totalement l’avis du président du Comité Consultatif National d’Ethique qui estime qu «  il serait déraisonnable de voter une autre loi« . Et celui de mes collègues de la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs qui rappelaient il y a peu : «  l’ expérience montre que les malades en fin de vie souhaitent être soulagés, entourés et accompagnés. Légaliser l’euthanasie n’apporterait rien à la situation rencontrée. Des efforts sont encore nécessaires pour faire connaitre et respecter la loi de 2005, qui est le dispositif législatif le plus avancé au monde pour protéger les plus fragiles d’entre nous ».