Eva Joly, révélatrice d’inculture et de conservatisme

En proposant de remplacer le défilé militaire du 14 juillet par un grand défilé citoyen, Eva Joly s’est attirée les foudres de la droite et de la gauche socialiste. Mais l’inculture n’est pas là où la trouve le 1er ministre, et le conservatisme du débat politique est inquiétant à l’orée de la campagne présidentielle.
Il aura fallu qu’ Eva Joly rappelle qu’elle « ne descend pas de son drakkar » et tourne ainsi en dérision la réaction xénophobe de François Fillon à propos de sa binationalité française et norvégienne.Le 1er ministre peut mesurer sa propre inculture au rappel de l’histoire de France : le 14 Juillet célèbre la fête de la fédération du 14 Juillet 1790 lors de laquelle toutes les régions de France et leurs comités citoyens se sont rassemblées sur le Champ de Mars pour fêter l’unité de la République.

Il y a donc dans la proposition d’Eva Joly non seulement une résonance profonde avec le sens du 14 Juillet, mais aussi un véritable sens dans l’expression des valeurs communes qui fondent notre pays : rassembler ce jour-là non pas les seuls militaires mais les forces vives de la Nation dans toutes ses composantes symboliserait la vigueur et le renouvellement du pacte républicain.

Ce serait le symbole de la capacité de notre pays à régénérer sa vie démocratique par la reconnaissance de sa diversité des origines, des fonctions sociales, des compétences et des ages de la vie. La pluralité de notre société pourrait exprimer ce jour-là son attachement à nos valeurs communes, au Liberté Egalité Fraternité.

Eva Joly porte des interrogations utiles et fructueuses pour notre pays. En affrontant le conservatisme ambiant, elle met en lumière la faiblesse de la réflexion politique sur notre avenir commun qui traverse l’UMP et le PS. Il est affligeant et scandaleux d’avoir entendu François Fillon réagir en pointant la double nationalité d’Eva Joly. Il est triste d’avoir entendu Martine Aubry, François hollande et Ségolène Royal se complaire dans des propos conformistes et bien conservateurs sur le 14 Juillet.

A moins d’un an de la présidentielle, la question est posée : qui nous sortira du conservatisme et de la gestion pépère pour donner au pays le nouvel élan et le souffle dont il a grand besoin ? Eva Joly a marqué un point.