Du développement durable et du courage en politique

Ah, le développement durable ! Quel parti, quel responsable politique n’en truffe pas ses déclarations, ses programmes, ses interventions médiatiques… Quand vient l’heure des travaux pratiques, qu’en reste-t-il ?

La nouvelle hausse des prix du pétrole place l’ensemble des responsables politiques face à leurs actes. Quel discours tenir ? Quelles mesures prendre ?

A tout seigneur tout honneur : le chef de l’Etat, Nicolas Sarkozy, estime nécessaire de « stabiliser le prix des carburants« . Et il se tourne vers Bruxelles pour demander des allègements de TVA afin de freiner la hausse. Aussitôt, il est soutenu par Jean-Louis Borloo, Ministre de l’écologie et du développement durable. Oui, au lieu de tenir un langage de vérité, d’avoir le courage de dire aux pêcheurs et aux transporteurs routiers qu’ils vont devoir radicalement changer de pratiques, le gouvernement entretient ces professionnels dans l’illusion d’une maitrise de la hausse des dérivés du pétrole. Au lieu de préparer et d’accompagner les mutations indispensables d’un système fondé sur l’énergie bon marché,ce n’est qu’un manque de courage qui s’affiche au sommet de l’Etat.

Pourtant, il est encore possible de mener les mutations indispensables de ces professions comme des autres en pensant à l’avenir des hommes et des femmes qui s’y consacrent. Pourquoi ne pas développer des bateaux de pêche utilisant d’autres énergies que le gazole ? Le vent, dont l’océan n’est pas avare, constitue une des réponses possibles combiné à d’autres énergies ainsi que le rappelait récemment Nicolas Hulot. Et pourquoi ne pas entamer dès maintenant un plan massif de reconversion des chauffeurs routiers vers le transport ferroviaire et par voies d’eau ? Allons-nous attendre que ces professions soient définitivement sinistrées par la hausse du coût de l’énergie alors que des solutions existent pour préparer un avenir plus sobre en énergie ?

L’opposition socialiste n’est pas en reste. Pourtant dispensée d’assumer l’impopularité de mutations difficiles, elle en reste à un discours de facilité. Après François Hollande, c’est au tour de Ségolène Royal de fustiger « l’incapacité du gouvernement à apporter des réponses concrètes à la hausse des prix des carburants subie par les français ». L’ex-candidate socialiste à la présidentielle n’a pas le courage de dire aux pêcheurs, aux agriculteurs, aux routiers qu’il faut tourner la page du pétrole bon marché. Que les cours, actuellement de 130 dollars le baril, poursuivront leur hausse structurelle. Yves Cochet, député Vert de Paris, a montré dans son livre Pétrole Apocalypse que son prix atteindrait 250 à 300 dollars le baril d’ici 2010.

Nous savons pourtant quelles sont les mesures à mettre en œuvre dans le domaine des logements, des transports, de l’économie pour retrouver le chemin d’un développement qui n’épuise pas la planète et ne débouche pas, à court terme, sur un rationnement dont pâtiraient d’abord les plus pauvres. Nous savons mais nous faisons peu, trop peu.

« La maison brule et nous regardons ailleurs » disait Jacques Chirac en 2002. Il n’en a pas tiré les leçons. Nous n’avons plus que peu de temps.