Lorsqu’il était Maire de Paris, Jacques Chirac a fait embaucher par la Ville des permanents dont le travail n’avait rien à voir avec la gestion municipale. Ils étaient au seul service de Jacques Chirac et de sa carrière personnelle et payés par les parisiens. Ce détournement de fonds publics estimé à plus de 2 millions d’euros arrive en procès dans quelques semaines. Las ! Bertrand Delanoë semble vouloir renoncer à défendre les intérêts de la Ville au profit d’une transaction bien peu glorieuse.
En annonçant avoir abouti à un accord à l’amiable avec Jacques Chirac afin que ce dernier rembourse à la Ville de Paris les 2 millions d’euros détournés, Bertrand Delanoë affirme garantir le respect « des intérêts matériels et moraux des parisiens« .
C’est contestable sur les deux termes.
D’abord sur le plan financier, car si la responsabilité de Jacques Chirac ne fait aucun doute, sa condamnation pénale serait à coup sur accompagnée d’une peine de remboursement des sommes détournées. La Ville récupèrerait donc ces sommes en justice. Les récupérer dans un arrangement en catimini n’améliore en rien le respect des intérêts financiers de la Ville ! C’est se moquer des parisiens que de prétendre le contraire !
Et sur le plan moral, le Maire de Paris peut-il nous expliquer en quoi le renoncement à ce que le préjudice subi soit reconnu en justice garantit le respect des intérêts moraux des parisiens ? Le système mis en place par l’ancien Maire de Paris a largement porté atteinte en son temps à l’image de notre ville. La reconnaissance en justice de la responsabilité de celui qui a imaginé ce système est une exigence de vérité due à chaque parisien. Aucun arrangement d’avocats n’aura jamais la portée symbolique de la proclamation d’une décision de justice.
Parce que nous l’avons élu Maire pour rompre avec le système Chirac/Tibéri, parce qu’il symbolise de ce fait une autre éthique politique, Bertrand Delanoë n’a pas le droit moral de retirer la constitution de partie civile de la Ville et de renoncer de ce fait à faire reconnaitre par la justice du pays les détournements d’argent de son prédécesseur.
Je reste perplexe sur les motivations de ce triste deal. Échange de bons procédés avec l’UMP sur fond de Grand Paris ? Ce serait ramener la politique à un marchandage.
Le Conseil de Paris doit rejeter cet accord qui alimente un peu plus le discours de ceux qui considèrent les responsables politiques comme une caste se serrant les coudes. Que la Ville défende les intérêts de tous en justice et laisse Jacques Chirac se défendre avec ses avocats ! Que la justice soit rendue, dans la clarté et sans marchandages !