A cette aune, le remplacement de Nicolas Sarkozy par un Président socialiste amènera sans nul doute du mieux, beaucoup de mieux.
Mais ne nous racontons pas d’histoires. Sur le plan économique, sur celui du développement durable, sur celui des pratiques démocratiques du pouvoir, le socialiste qui entrera à l’Elysée risque fort de ne pas changer grand-chose.
D’abord sur l’économie car les contraintes qui pèsent sur la France sont telles que les marges de manœuvre sont quasi inexistantes dans le système actuel. Déjà, François Hollande rétropédale sur les créations promises de postes d’enseignants et le projet d’allocation d’autonomie pour les jeunes. Et ce n’est que le début !
La vérité est que le système économique basé sur la croissance est à bout de souffle. 1%, 2%, 3% de croissance : voilà à quoi on voudrait réduire les options économiques pour sortir de la crise. Or cette crise – qui dure depuis 30 ans avec quelques hauts et beaucoup de bas- est celle d’un système qui ne voit de salut que dans la production de biens à durée de vie de plus en plus limitée, et répartis de plus en plus injustement.
La conversion écologique de l’économie – c’est-à-dire la réorientation complète des activités vers des productions durables, renouvelables et économes – est la seule solution qui permette de retrouver le chemin d’un développement équilibré, respectueux de l’environnement et socialement juste. Elle nécessite des décisions courageuses auxquelles l’UMP et le PS préfèrent le discours illusoire de la croissance. L’élection présidentielle échappera-t-elle à ce concours de passéisme entre l’UMP et le PS, qui se solderait inévitablement par la soumission aux mêmes contraintes ?
Toute politique de développement durable est compromise par la course à la croissance et au gaspillage, à la consommation effrénée des énergies fossiles et au pillage de la planète qui l’accompagne. L’incroyable projet de nouvel aéroport à Notre-Dame des landes près de Nantes, ardemment soutenu par les élus socialistes et UMP, vient souligner l’irresponsabilité environnementale de ceux qui continuent à détruire les espaces naturels. Leur conscience des enjeux du développement durable ploie bien facilement devant la perspective de recettes financières !
Enfin, sur les pratiques du pouvoir, l’alternance amènera une bouffée d’air frais. François Hollande est assurément un homme honnête.
Mais au-delà des comportements prévaricateurs qui entourent l’actuel Chef de l’Etat, c’est aussi le fait qu’un seul parti soit en position dominante qui entretient des réflexes d’appropriation peu démocratiques. Le comportement du PS sur ce plan n’est pas différent de celui de l’UMP. Il veut dominer seul le champ politique de l’actuelle opposition, et profite des institutions de la Ve république pour se garantir une majorité absolue à lui seul. Il n’hésite pas, pour arriver à ses fins, à agiter sous le nez des électeurs de gauche des peurs. Il use jusqu’à plus soif de l’injonction au « vote utile » pour s’assurer qu’il n’aura besoin ni des écologistes ni du front de gauche pour être majoritaire à l’assemblée nationale.
Les questions qui se posent à notre pays, à notre société sont assez graves pour mériter des débats de fond. Elles appellent des solutions innovantes et courageuses. Dans 6 mois, si nous nous contentons de remplacer à l’Elysée Nicolas Sarkozy par François Hollande, nous ne donnerons pas à notre pays les nouvelles orientations dont il a besoin. C’est de la place et de l’importance des écologistes que viendra un nouveau souffle. C’est notre responsabilité à tous.