Interrogé dimanche 10 février par Le journal du dimanche, le Maire de Paris s’en prend aux Verts et se tourne vers le Modem. Alors qu’on cherche en vain le logo du Parti socialiste – ou même le seul mot socialiste – dans ses documents de campagne, Bertrand Delanoë tend la main à d’anciens adjoints de Tibéri.
Qu’est-ce qui déclenche la nouvelle colère de Bertrand Delanoë ? Il reproche deux points aux Verts : leur projet de carte Fruits et Légumes et leur refus de la construction de 210 logements sociaux dans le 16e.
Sur la carte Fruits et Légumes, B. Delanoë parle d’un coût de 120 millions d’euros et non de 9 millions. Sans doute parce qu’il n’a pas bien lu la proposition, qui est d’une carte par famille et non par personne…Et sans doute aussi parce qu’il n’a pas lu non plus le chiffrage du programme des Verts, dont la proposition de Revenu parisien universel ( personne en -dessous du seuil de pauvreté à Paris, pour un coût de 158 millions/an) inclue déjà la carte fruits et légumes ! Le surcoût, qui concerne les parisiens qui auront droit à la carte et non au RPU est donc bien de 9 millions, et pour être plus précis de 8 800 000 euros. Plus grave :le Maire de Paris s’en prend à une mesure de santé publique largement approuvée par les professionnels de santé, sans rien proposer aux familles modestes pour leur permettre de s’alimenter mieux. Ainsi une proposition qui allie santé et justice sociale est rejetée par un Maire qui n’ose plus afficher son appartenance socialiste.
Les 210 logements sociaux dont parle Bertrand Delanoë, oui, Les Verts se sont opposés à leur construction. Pourquoi ? Parce qu’ils devaient être construits sur un jardin. Oui, sur un jardin, celui de Ste Périne dans le 16e. Les Verts se sont battus pendant des années contre le bétonnage de Paris par Tibéri. Non pas pour des raisons politiciennes, mais parce que nous n’acceptons pas qu’on construise sur les rares espaces verts de la capitale. Paris est la capitale européenne la plus dense, et il faudrait encore construire dans les jardins ? Et pourquoi pas alors dans le parc Montsouris, celui des Buttes-Chaumont ou du Luxembourg ?
N’en déplaise à Bertrand Delanoé, jamais les écologistes n’accepteront que l’on construise sur un jardin. Jamais nous n’approuverons ce que nous refusions de Tibéri. Jamais nous ne signerons un contrat majoritaire dans lequel nous devrions renoncer à nos luttes contre le tout-béton.
En reprochant aux Verts de défendre leurs idées, Bertrand Delanoë envoie un signal aux anciens adjoints de Tibéri recyclés au Modem. Il se place de facto dans la même logique de confusion politique que celle voulue nationalement par Nicolas Sarkozy. Il y gagnera sans doute le renouvellement de son mandat et d’heureuses perspectives personnelles pour les présidentielles de 2012. Les socialistes y perdront beaucoup de leurs valeurs.