Le 14 mars 2012, nous organisions avec le collectif DNSI une réunion publique à Melun pour dénoncer et combattre le racisme, la xénophobie et l’islamophobie, en un mot la haine de l’autre au prétexte de ses origines ou de sa religion.
Dans les heures qui suivirent les premiers crimes  d’une effroyable série, crimes racistes et antisémites, obscurcissaient notre horizon et endeuillaient nos consciences. Depuis des mois nous nous battons contre la construction d’un autre, totalement imaginaire,  qu’on incrimine et auquel on impute tous les maux qui frappent notre société. Un autre « étrangers », « musulmans », « enfants d’immigrés », « jeunes des quartiers », « Roms », hier et aujourd’hui « juif » qui par delà sa diversité devient l’expression unique de ce dont nous devons nous prémunir, de ce dont nous devons nous protéger. Sorte d’ennemi intérieur qui menacerait nos existences et qu’il convient d’identifier puis de neutraliser. Le pouvoir politique ces dernières décennies à sciemment et méthodiquement mis en oeuvre cette politique  discriminatoire et liberticide, en un mot xénophobe, qui de lois en règlements administratifs, de « camps de rétention », en « contrôles au faciès », de graves manquements au respect des droits humains aux intrusions arbitraires dans nos vies privées, de l’essentialisation de cet « autre » dont il a imaginé les contours à son humiliation, organise sa mise au ban de notre communauté politique et plus largement de notre société.
Ces crimes odieux qui viennent nous saisir d’effroi font écho pour notre malheur à l’ignominie qu’il y a à faire de la division des êtres humains une politique, à concevoir des différences d’humanité à partir de manières de se vêtir, de manger, de prier, de fêter, comme si nous ne nous vêtions pas tous, comme si nous ne mangions pas tous, comme si partout les êtres humains ne  priaient ni ne fêtaient. Nous partageons une humaine condition, nous partageons une égale aspiration à la vie et à la dignité. Et, partout où un être humain est humilié c’est l’humanité tout entière qui est insultée. L’étranger est un frère, un père, un mari, un fils, l’étrangère, une sÅ“ur, une mère, une femme, une fille. Les enfants juifs qui sont morts parce qu’ils étaient juifs sont nos enfants. Nous les pleurons comme nous pleurons ces hommes qui sont morts parce qu’ils étaient d’origine maghrébine ou antillaise. Nous devons travailler à défaire ces idéologies criminelles qui portent en elle le ferment de la barbarie. Nous devons Å“uvrer à restaurer le sens des mots égalité et fraternité. Toutes les vies humaines sont également dignes. Tous les êtres humains ont également droit à la vie et au bonheur. C’est à cette politique là que nous devons nous atteler contre toutes les volontés de division, d’exclusion et de hiérarchisation des êtres humains.
Nous  présentons aux familles des victimes nos plus sincères condoléances et les assurons de notre profonde compassion.
Bénédicte Monville-De Cecco, candidate aux élections législatives sur la première circonscription de Seine et Marne, co-responsable du groupe local Europe Écologie Les Verts Melun-Val de Seine et membre du collectif « d’ailleurs nous sommes d’ici » Melun
Fatna Lazreg, conseillère régionale ÃŽle de France Europe Écologie Les Verts et conseillère municipale de l’opposition à Melun
Maxime Abdelaziz, membre du collectif « d’ailleurs nous sommes d’ici » Melun
Sylvain Kerspern, co-responsable du groupe local Europe Écologie Les Verts Melun-Val de Seine
Post-scriptum, 21 mars :
La nouvelle de l’identification et de l’arrestation prochaine de celui que les médias ont surnommé le « tueur de Toulouse », ne remet aucunement en cause ce que nous écrivions hier. Non seulement ses actes immondes ne peuvent pas être compris en dehors du climat délétère qui règne en France et un ordre social toujours plus inégalitaire et ségrégationniste mais la recrudescence des actes terroristes d’individus isolés qui se réclament de mouvements politiques extrémistes, racistes, islamophobes (Oslo, cet été) ou antisémites à tout à voir avec un ordre du monde que nos gouvernements ont trop souvent accompagné et cautionné.
Aucune condamnation de l’intolérance et du racisme n’est de trop. Et d’extrême droite ou djihadiste salafiste, la haine criminelle qui s’attaque à un individu ou un groupe parce qu’il représente ce qu’on déteste n’est jamais réductible à la folie d’un homme et n’a de sens que dans le contexte historique où elle advient.
C’est bien cette haine et tout ce qui l’alimente qu’il faut condamner, et avec elle, le contexte qui l’a favorisée.