La réponse d’Alain Refalo à la sollicitation du collectif Non aux Portes de Gascogne

Colomiers, le 18 mai 2012
Chers ami-e-s du Collectif Non aux Portes de Gascogne,

Comme vous le savez, étant membre de votre collectif depuis 2007, je suis fondamentalement opposé à l’implantation de ce méga-centre commercial, destructeur d’environnement, destructeur d’emplois de proximité et destructeur de lien social.

Dans le cadre du collectif, j’ai participé à de nombreuses réunions et à l’organisation de plusieurs actions non-violentes comme les chaînes humaines de la résistance qui ont rassemblé des centaines de citoyens. J’étais présent au rassemblement – reconquête de la D24 le samedi 12 mai sur le plateau de la Menude.

Ma conviction est que ce projet démentiel de méga-centre commercial symbolise toute la violence du système économique mondialisé. L’ordre économique dominant, nous le savons, est profondément inégalitaire, inéquitable, injuste. Il s’appuie sur la libéralisation des échanges, la déréglementation et la privatisation du commerce international. Les entreprises transnationales, comme celle qui veut implanter ce centre commercial, exigent la libre circulation des marchandises, des investissements et des capitaux financiers. Le drame, c’est que le pouvoir politique est aujourd’hui impuissant à contrôler et à réguler le pouvoir économique. C’est la démocratie qui est en danger car le pouvoir économique efface progressivement le pouvoir politique et prive les citoyens de tout pouvoir de décision sur leur avenir.

Dans ce système, les citoyens sont enfermés dans un rôle d’individu-consommateur. Ils sont  manipulés à travers la publicité toujours plus envahissante et agressive. Ils sont incités à la surconsommation, au gaspillage et à la pollution. Ce système veut nous faire croire que le bonheur est à portée de main, et que celui-ci passe par l’acquisition effrénée de biens, la réalisation de désirs d’achats, désirs jamais satisfaits, mais toujours alimentés par la publicité. En réalité, ce système crée de la frustration permanente notamment auprès des jeunes ; il est source de surendettement, de délinquance et de violence pour les plus démunis. Un nouveau centre commercial de cette ampleur aurait inévitablement des conséquences sur le lien social, sur notre vivre ensemble car il renforcerait les comportements individualistes.

En vérité, cet ordre économique ne se soucie pas de la justice sociale et de l’épanouissement des personnes, il ne se soucie que de la rentabilité. Il convient désormais de dé-légitimer ce système, de le dé-construire. Il convient de débusquer les mensonges derrière lesquels il s’abrite pour justifier des projets aussi monstrueux que celui des Portes de Gascogne. Nous sommes les rouages d’une machine à produire exclusivement du profit. Si nous voulons garder notre dignité d’être humain, nous ne pouvons plus être les complices passifs d’un système dans lequel la personne humaine ne compte pas. C’est d’ailleurs tout le sens de mon implication dans cette campagne des législatives.

L’enjeu aujourd’hui demeure encore de créer un contre-pouvoir citoyen puissant face à ce pouvoir économique qui nous écrase. Ce contre-pouvoir citoyen doit faire pression sur le pouvoir politique pour qu’il prenne toutes ses responsabilités. Alors que la grande distribution est en crise, d’autres choix sont possibles pour l’emploi et le mieux-vivre ensemble sur ce plateau de La Menude, prenant en compte le commerce de proximité, le redéploiement d’activités agricoles autour des villes et le développement de circuits courts d’approvisionnement.

Le cœur de mon engagement politique, c’est le projet d’une société où l’homme n’est plus un loup pour l’homme ; c’est une société où la coopération, la solidarité et le respect sont au cœur de notre mieux-vivre ensemble. C’est pourquoi, élu député de la 6ème circonscription le 17 juin prochain, je serai un porte-voix là où il le faudra pour faire entendre la cause des citoyens de ce territoire et les soutenir dans ce juste combat contre ce projet démentiel et hautement nuisible pour notre avenir.