Lundi soir, l’Atria a accueilli le premier débat sur l’Europe avant les élections du 25 mai. Pendant plus de deux heures, les huit intervenants (pour la plupart têtes de liste de leur parti) ont débattu sur plusieurs thèmes. Morceaux choisis de ce rendez-vous proposé par le Mouvement européen (ME62).
Cédric Suzanne (tête de liste du parti fédéraliste européen)
Son style : Premier à parler et donc un peu hésitant. Aidé de ses papiers, on voyait, par moments, sa main qui tremblait. Assez effacé dans l’ensemble même s’il a fait preuve d’honnêteté en indiquant qu’il n’était pas « un expert » en traités européens.
– Ses idées : « Au niveau économique, il faut que l’Europe soit audacieuse, prenne des risques. » « Il faut renforcer le programme Erasmus en le tournant vers ceux qui sont en apprentissage et pas uniquement pour ceux des grandes écoles. » « Il faut un SMIC européen pour arrêter la concurrence déloyale qui fait monter l’extrémisme. » « Avec l’Europe, on a ouvert les frontières, les esprits, il faut continuer dans ce sens. Moi je suis content qu’un Roumain vienne travailler en France. »
– Sa phrase choc : « Le citoyen qui achète sa baguette de pain, il n’est pas concerné par les traités européens. »
Marine Le Pen (tête de liste du Front national)
– Son style : Direct, cash, du Marine Le Pen quoi ! Elle n’a pas hésité à couper la parole aux intervenants et à montrer physiquement sa désapprobation quand ils parlaient. Elle a même pris à partie le premier rang de la salle. « Les socialistes, arrêtez de huer ! » en pointant du doigt… le centriste Jean-Marie Vanlerenberghe.
– Ses idées : « L’économie en Europe, ça ne fonctionne pas, ça va de mal en pis. » « La zone euro a la croissance la plus minable au monde avec un chômage de masse. » « Le vrai problème, c’est l’euro. » « Cette Europe, c’est votre bébé. On est sous tutelle face à l’huissier européen. Cette Europe-là, je n’en veux pas. » « J’ai plus confiance au peuple français qu’aux technocrates européens. » « La France a existé avant l’Europe. Avant l’euro, notre balance commerciale était excédentaire. » « Je souhaite la suppression de la commission européenne. Je veux la suppression de Schengen, on doit pouvoir maîtriser nos frontières, retrouver notre monnaie. » « L’Union européenne est un échec, on peut fermer la parenthèse. On va dans le mur et avec ce que j’entends ce soir, on y va en klaxonnant. »
– Sa phrase choc : « « Oui, je suis débile Madame Delli. Et oui, vous êtes très intelligente. »
Dominique Riquet (tête de liste UDI-MODEM)
– Son style : Avec son allure de vieux sage, d’europhile assumé à la voix enrouée, l’ancien maire de Valenciennes l’a joué pédagogue usant de données chiffrées et n’hésitant pas à tutoyer les autres intervenants.
– Ses idées : « L’Europe n’a aucun pouvoir sur le plan social, ce sont les états qui sont souverains. » « En 1986, quand l’Espagne a intégré l’Union européenne, elle venait de quitter le franquisme, on l’a tiré vers le haut. Eh bien, ça sera pareil avec les pays de l’Est qui font partie de l’Europe. Dès qu’ils aspirent à de la démocratie, on leur dit de revenir plus tard. La Tchéquie a déjà rattrapé le niveau européen et la Pologne a l’un des taux de croissance les plus élevés d’Europe. » « L’Europe nous a apporté beaucoup de choses, mais on les a oubliés car elles sont acquises. » « L’Europe n’est pas une passoire, certains états souverains sont des passoires. »
– Sa phrase choc : « En Europe, nous sommes quand même les enfants gâtés du monde, il y a des gens qui sont prêts à mourir pour intégrer l’Europe, on l’a vu dernièrement avec l’Ukraine. »
Karima Delli (tête de liste EELV – Les Verts)
– Son style : Elle a commencé son propos par souhaiter « un bon anniversaire à Jean-Louis Borloo qui est un pro-européen. » Énergique, elle ne s’est pas démontée, notamment face à Marine Le Pen.
– Ses idées : « La reprise économique passera par la transition énergétique, vecteur de milliers d’emplois. » « Il faut aller vers un revenu minimum européen. » « On devrait être capable de voter directement pour le président de la commission européenne et pas que ce soit un deal entre états membres. » « On doit associer un maximum de citoyens, on doit tendre vers plus de démocratie. » « L’Europe, c’est nous et c’est ce qu’on en fait. » « Il nous manque une vraie diplomatie européenne qui parle d’une seule voix. »
– Sa phrase choc : « Cameron a demandé à l’Union européenne un budget d’austérité, mais quand il y a eu des inondations chez lui il était bien content de taper à la porte de l’Europe pour avoir des aides. »
Jacky Hénin (tête de liste Front de gauche)
– Son style : Avec du franc-parler, direct, l’ancien maire de Calais aime les joutes oratoires, et si on peut y défendre le peuple, le communiste est ravi.
– Ses idées : « L’Europe est une Mercedes super-luxe, mais si le mec qui la conduit est bourré, il se prend un pont comme Lady Di. » « On a imposé l’austérité au peuple. » « Cette Europe-là, il faut la changer, elle est pourrie du sol au plafond. » « En Europe, on oppose les salariés. » « Ce que veulent les gens, c’est du boulot avant tout. » « Quand l’Europe ne veut pas, elle ne fait pas. » « On remet en cause les acquis sociaux au nom du libéralisme et de l’austérité. Résultat : les salariés sont exploités. » « Les Américains viennent piquer nos ingénieurs car on n’est pas capable de les payer convenablement. » « Il faut un SMIC européen qui soit tiré vers le haut et se donner cinq ans pour y arriver. » « C’est au peuple de décider en matière économique et de paix. » « Si les Anglais veulent partir, qu’ils le fassent et qu’ils arrêtent de nous foutre dans la m… comme ils l’ont fait à Calais avec les migrants. Qu’ils assument leurs actes. »
– Sa phrase choc : « L’Ukraine, ça pue quand même un peu votre truc. »
Jean-Philippe Tanguy (tête de liste Debout la République)
– Son style : Malgré son physique de fils de bonne famille, il n’a pas hésité à lancer quelques piques tout en restant poli. « J’ai été très discourtois avec vous en vous interrompant, je m’en excuse. »
– Ses idées : « L’Union européenne est un modèle soviétique. » « Je souhaite l’installation d’une commission d’enquête qui puisse lutter contre la corruption et les comportements lobbyistes au sein de l’Union européenne. » « Pour les pays de l’Est, on aurait dû leur offrir une période de transition au lieu de les basculer tout de suite dans l’Union européenne. Pour eux, cela a été un choc. » « L’Union européenne doit se concentrer sur ce que ne peuvent pas faire les états comme les grands projets industriels par exemple. »
– Sa phrase choc : « Je voudrais qu’on laisse les morts à leur place, arrêtez de les sortir à chaque débat européen. »
Jérôme Lavrilleux (tête de liste UMP-PPE)
– Son style : Plutôt discret au début, le directeur de cabinet de Jean-François Copé s’est senti plus à l’aise ensuite. « Ce n’est pas parce que l’on gueule le plus fort que l’on a forcément raison. »
– Ses idées : « Le problème en Europe, c’est que la voix de la France n’est plus entendue car on est effacé du système » « Sur les directives européennes, en France, on va toujours vers le plus exigeant alors que l’on pourrait les appliquer de manière plus intelligente. » « Le problème de l’Europe, c’est son déficit de pédagogie. » « L’Europe a beaucoup de défauts, on est là pour les résoudre. » « Quand un pays est défaillant par rapport à l’accord Schengen, on doit l’exclure. »
– Sa phrase choc : « Madame Le Pen, on n’est pas à Des Paroles et des actes ici. Vous n’avez pas le monopole de la parole. »
Jean-Louis Cottigny (3e de la liste PS- SD)
– Son style : Le local de l’étape a commencé timidement, mais c’est ensuite enflammé notamment face à Marine Le Pen.
– Ses idées : « Le problème de l’Europe, c’est la Banque centrale européenne, chaque état veut récupérer sa mise de départ. » « Il nous faut créer un salaire minimum en Europe en tirant vers le haut les pays les plus faibles et en leur offrant une protection sociale digne de ce nom. » « En France, si on ferme les frontières, il y aura dix millions de chômeurs. »
– Sa phrase choc : « Madame Le Pen, vous êtes toujours contre tout, mais vous ne proposez jamais rien. »
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