Jacques Papon: « il n’est pas souhaitable de remplacer la forêt par des panneaux solaires »

Que pensez-vous des projets photovoltaïques qui fleurissent un peu partout sans donner l’impression d’être toujours maîtrisés ?

Nous sommes favorables à un développement massif des énergies renouvelables. L’énergie photovoltaïque est une des solutions. Nous pensons qu’il faut donner la priorité à l’installation des panneaux sur les toits en évitant d’utiliser des surfaces agricoles qui sont nécessaires et qui seront de plus en plus nécessaires pour l’alimentation. Il n’est également pas souhaitable de remplacer la forêt par des panneaux solaires. Il convient en la matière d’être prudent. Quoi qu’il en soit, cultiver 45 000 hectares de maïs pour fabriquer de l’éthanol à Lacq est une aberration énergétique et écologique.

L’A65 sera en fonction dans un an, la RN 10 bientôt mise aux normes autoroutières, que pensez-vous du débat sur l’opportunité de doubler la rocade montoise ?

Certains se posent la question de savoir qui a la compétence pour doubler ou réaliser une nouvelle rocade. En réalité, c’est une compétence du passé. Aujourd’hui, ce qu’il faut mettre en oeuvre sur la région montoise, c’est des transports en commun performants pour diminuer le nombre de véhicules qui circulent. On parle de 100 millions d’euros pour la réaliser, avec une telle somme des transports en commun très performants pourraient être réalisés. C’est un choix d’avenir. La route est un choix du passé. Il ne faut pas avancer avec les yeux dans le dos.

Que pensez-vous des propositions de Jean Lassalle de relancer « une autoroute de la mer » ?

Il a raison. Le problème, c’est que son mouvement propose tout. L’autoroute, la LGV, les avions low cost, la mise à deux fois 3 voies de la RN 10 pour mieux faire rouler les camions… Leur projet est totalement redondant, ils doivent choisir des priorités en abandonnant les solutions du passé

Votre mouvement s’est mis à l’occitan durant cette campagne : est-ce que défendre la Région implique d’être régionaliste ?

Les Verts se présentent depuis très longtemps côte à côte avec le mouvement Régions et peuples solidaires. Nous avons toujours considéré que la sauvegarde des cultures et des langues régionales permettait de conserver la richesse de nos sociétés en s’opposant à l’uniformisation planétaire. Nous souhaitons, en particulier pour l’occitan, que la Région mette plus de moyens à la sauvegarde d’une langue qui est encore maîtrisée par 15% des Gascons.

On vous a peu entendu sur les réformes territoriales ou de la taxe professionnelle… Que dites-vous du futur statut de conseiller territorial ?

On n’a peut-être pas été entendu mais on s’est déjà exprimé pour dire que ce projet n’était qu’une recentralisation jacobine. La volonté du gouvernement de contraindre budgétairement et politiquement les régions et les départements est évidente. Nous sommes opposés à cette orientation politique car les écologistes considèrent depuis toujours qu’en politique, il faut agir localement et penser globalement.

En six ans de mandat à la Région, quels dossiers avez-vous eu l’impression de bien défendre dans votre peau d’élu Vert ?

Je n’étais pas dans l’exécutif régional mais j’ai présidé pendant tout le mandat la commission éducation-formation. J’ai à ce titre initié ou activement participé à beaucoup de politiques pour aider les jeunes Aquitains à acquérir une formation qui leur permette de mieux s’insérer. Et j’ai également, avec mes collègues élus verts, proposé beaucoup d’orientations allant dans le sens du projet politique écologiste. Nous avons un peu été entendus, mais c’est loin d’être suffisant compte tenu des enjeux écologiques présents et à venir.

Jacques Papon

Le deuxième temps de l’écologie politique

Un programme vert pour l’aquitaine

Depuis sa naissance, dans les années 70, l’écologie politique s’est exprimée en dénonçant, au côté des associations, les activités et les projets néfastes pour l’environnement et en proposant des alternatives. La prise de conscience environnementale a progressé lentement jusqu’au début du nouveau millénaire pour s’accélérer ces dernières années avec la médiatisation des risques écologiques. Tous les derniers sondages d’opinion les classent parmi les premières préoccupations des Français. Il fallait y répondre.

Tout était prêt pour la mise en œuvre de politiques très volontaristes  conduisant l’ensemble des activités humaines à mieux respecter les fonctionnements écologiques de notre planète. C’est la volonté de réunir tous les acteurs de la société pour les élaborer qui a déclanché «  le grenelle de l’environnement ». Mais que pouvait-on en attendre ? On ne pouvait qu’espérer, au mieux, voir la France rattraper les  pays les plus évolués en matière de respect de l’environnement. Pourquoi ? Tout simplement car, comme son prédécesseur social, le Grenelle de l’environnement n’était qu’une conciliation avec une économie qui souhaite plus que jamais repousser les contraintes pour être compétitive et dégager des marges. Son échec est du au fait que le modèle de développement productiviste, consumériste et individualiste, qu’il soit libéral ou social est incompatible avec l’écologie.

Jacques Papon