Prêt à Euronews et entrée dans le capital

Le département  s’est engagé en 1992 à côté de deux autres collectivités dans le soutien d’Euronews à travers un prêt participatif. A relire les arguments d’alors, il est frappant de relever que le directeur général d’Euronews rappelle que si Lyon a gagné l’appel d’offres pour les accueillir, c’est aussi contre l’engagement pris de les exonérer de loyers jusqu’en 2010  et certainement de concéder un prêt participatif ; Ces propos régulièrement invoqués me conduisent à une remarque générale  : à un moment l’Europe a du mal à trouver des réponses solidaires et coopératives à la crise, il serait temps de s’interroger sur le coût pour les finances publiques de la mise en concurrence des territoires européens et les aides que chaque territoire doit consentir aux groupes privés pour les attirer et ensuite les retenir. La concurrence des territoires européens ou nationaux par les aides publiques aux entreprises, cela est certes efficace à court terme et en local mais se neutralise à long terme et au niveau global tout en nourrissant entre temps les inégalités dans la répartition des richesses.

Aujourd’hui, cette société projette de s’implanter à Confluence et il est certain que l’amortissement d’un investissement immobilier qu’elle veut d’envergure pèsera plus que le loyer du bâtiment d’Ecully et nécessite des capitaux.

La demande de différer le remboursement de ce prêt participatif de plus de 1,8 millions d’euros  pour les trois collectivités concernées dont près de 610 000 euros pour le Conseil Général puis carrément de le transformer en capital est à mettre en perspective de ce projet immobilier voire fait partie du montage financier du plan d’affaires validé par son conseil de surveillance.

Tant hier avec l’aide du prêt et les achats d’espaces publicitaires, que demain avec l’échéance différée, étape  programmée du renoncement au remboursement du prêt par entrée au capital, la question se pose aussi de la viabilité, sans aide, du modèle économique d’Euronews.

En effet, à l’issue du prêt, Euronews devrait être en capacité de rembourser selon les échéances contractuelles et cette entreprise privée ainsi aidée il y a presque 20 ans devrait pouvoir assurer son développement sans un nouveau type de soutien public. Enfin, différer le remboursement aujourd’hui et  entrer en capital demain, peut signifier ouvrir la porte après demain à d’autres formes de soutiens. Devons nous, alors qu’en 2011 et 2012 les contraintes budgétaires vont s’approfondir et que notre collectivité va être au premier rang de l’explosion des dépenses sociales et de  solidarité, renoncer au retour de nos ressources gelées par ce prêt.

Nous avons hier aidé cette société par ce prêt, avons-nous pour autant  vocation à rentrer dans son capital, nous ne le pensons pas car sinon, beaucoup d’entreprises notamment industrielles seraient légitimes à demander de même et pour certaines, nous serions assez favorables à les soutenir mais vous nous avez rappelé dernièrement, Monsieur le Président que nous n’étions pas des banquiers pour délivrer des prêts, vous nous proposez demain d’être des actionnaires ? Pour ces raisons, si nous pouvons accepter de différer d’un an le remboursement pour aider à l’installation à Confluences, Béatrice Vessiller et moi ne sommes pas favorables à l’entrée programmée au capital de cette société commerciale et c’est pourquoi nous voterons contre ce rapport.

 

Béatrice Vessiler

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