Liaison entre Amplepuis et l’autoroute A 89 – Aménagement d’une liaison entre la RD 121 et le giratoire de Joux
Concernant ce réaménagement routier pour lequel le Département consent un nouvel investissement de 10 millions d’euros, il me semble prématuré de délibérer alors que les « études environnementales sont en cours » et non produites aujourd’hui, la synthèse des études jointes à la délibération ne comprenant aucun élément sur l’impact environnemental. D’ailleurs, nous ne sommes consultés que sur un tracé alors même que le Grenelle de l’environnement impose d’effectuer et de présenter un comparatif de différents tracés pour justement en mesurer les impacts et être en capacité de les arbitrer.
Le Groupe écologiste regrette qu’un dossier puisse encore être présenté au débat avec un tel point aveugle.
Il convient ensuite de s’intéresser aux motivations de ce nouveau projet visant à transformer une ancienne voie romaine en véritable route départementale de deux voies comprenant deux sections à trois voies.
La plus contestable reste de prétendre qu’elle « favorisera le contournement de Tarare pour les Poids Lourds ».
La déclivité entre 7,5 % et 11 %, comme la voie étroite de 3,80 mètres de large dans le bourg Les Sauvages qui comprend une zone 30 où le croisement de deux véhicules reste problématique, ne permettront pas cette circulation des Poids Lourds et pas seulement lors de la période hivernale en raison des congères et gel fréquents sur la ligne de crête du tracé culminant à 770 mètres, sans même parler des épisodes de brouillard. A moins de nommer Poids Lourds, un Véhicule Utilitaire Léger !
D’ailleurs, selon le compte rendu du conseil municipal de Joux se prononçant pour la mise à disposition des parcelles de l’ancienne voie Napoléon, il est indiqué en toutes lettres qu’il « s’agit d’une voie pour les Véhicules Légers uniquement, en raison de la forte déclivité ». Donc des tonnages très réduits, des véhicules Utilitaires ou au mieux des petits véhicules de Distribution, pas de quoi améliorer la qualité de l’air dans la ville de Tarare !
Dès lors, le deuxième argument d’une voie nécessaire pour soutenir « le développement économique et le dynamisme des territoires d’Amplepuis » grâce à un accès rapide à l’A89 apparaît bien illusoire : sur une voirie de type R60 du fait de ce relief très prononcé difficile et vallonné, en traversant un bourg à faible allure, gagner 5 kilomètres reviendra à gagner une poignée de minutes, ce qui n’en fait pas une voie bien plus rapide que les routes déjà existantes.
Donc, sans gain de temps significatif, sans confort de route amélioré puisque le tracé sera plus pentu et vulnérable aux conditions météo du fait de son exposition, et sans éviter les bouchons en débouchant à la Tour de Salvagny, on ne manquera pas de se demander ce qui motive de transformer un chemin rural en « véritable route départementale » comme si l’énoncé suffisait à répondre de sa modernité et de son intérêt.
Pour notre collectivité engagée sur une autre de ses compétences : le développement touristique du territoire rhodanien et le PDIPR, ce projet, en regard de ses dégâts collatéraux et de l’atteinte au patrimoine historique et naturel ne semble pas pertinent.
Réaménager en « véritable route » à 2 et 3 voies l’ancienne voie romaine, chemin très utilisé par les agriculteurs et les forestiers mais aussi par les randonneurs sur le GR7, cyclistes, cavaliers, située dans un vallon préservé, pour des retombées économiques quasi spéculatives sauf celles relatives aux travaux pour la réaliser, ne nous apparaît pas comme un progrès mais comme un symptôme de cette frénésie de toujours mailler davantage la France d’infrastructures routières ou à les réaménager quitte à sacrifier les autres usages des voies.
A moins que ce projet ne participe d’une fuite en avant pour justifier ou améliorer la performance d’un choix antérieur, celui de l’A 89.
Enfin, nous aurions aimé voir étudiés et exposés des scénarios alternatifs en terme d’amélioration des routes déjà existantes et fonctionnelles, la D8 et la nationale 7 ou voir instruit un tracé moins impactant.
Pourquoi le Département n’a pas étudié un autre trajet qui nécessiterait moins d’investissement, celui entre Amplepuis et Machézal par la D10 et la D5 puis Machézal / A89 par la N7.
Avec l’ouverture de l’A89, la N7 a vu diminuer sa fréquentation entre Tarare et Roanne de plusieurs centaines de véhicules/jour et est donc en capacité d’accueillir le trafic entre l’A89 et Amplepuis.
Ce trajet de 20 km dure 25 min, comme celui qui nous est proposé ici mais bénéficie d’une infrastructure déjà existante avec la déviation du village de Machézal.
Pas de présentation des impacts sur les milieux naturels, espaces naturels et agricoles, biodiversité, silence sur les impacts de la traversée du bourg Les sauvages, temps de parcours réduit au mieux de quelques minutes et dans les seuls cas de conditions favorables de trafic et de météo, pas de réduction de la traversée de Tarare par les Poids Lourds qui n’emprunteront pas cette voie, pas de volonté de recherche d’alternatives moins consommatrices d’espaces et de moyens financiers, pas de retombées économiques probantes mais des impacts négatifs tangibles, autant de raisons qui conduisent le groupe écologiste à voter CONTRE l’aménagement routier proposé.
Raymonde Poncet