L’Ilot Bièvre, conte de Noël.

Ilot Bièvre, vue sur le mail
UNE RÉNOVATION PROBLÉMATIQUE
 
L’îlot Bièvre compte 750 logements des années 60, jamais rénovés. Depuis des années, des locataires souffrent des chaudières défaillantes, les laissant sans chauffage l’hiver pendant des semaines, d’évacuations défectueuses entraînant des reflux des WC qui se déversent dans les appartements. Malgré les requêtes réitérées, le propriétaire, Paris Habitat les a laissés littéralement « dans la merde ».
Et puis c’est le miracle, Paris Habitat décide de tout rénover : plomberie, chaufferie, électricité, fenêtre, stores, etc., avec en prime un plan Climat assorti d’un suivi de résultat sur les consommations d’énergie. Le Père Noël, en l’occurrence le maire du 13e, J Coumet, a enfin entendu les locataires.
Mais voilà le paquet cadeau est livré avec une petite prime : subir la construction de deux étages supplémentaires au-dessus de la tête de la moitié des locataires.

Un beau chantier ! A Paris Habitat, ils disent « un beau projet », pensez donc, plus de 40 M€.

Les gens en ont peur : 3 ans de travaux promis, 5 ans probables, plusieurs semaines dans chaque appartement, pendant lesquelles Paris Habitat, royal, s’engage à fournir au locataire un point d’eau froide le soir en rentrant du travail, des jours de sciage du béton, des terrasses défoncées pour prolonger les escaliers, etc..

Et puis, il y a un lourd, très lourd, passif de travaux désastreux entre les locataires et Paris Habitat. Il y a aussi des récits apocalyptiques de rénovations opérées dans d’autres quartiers

Alors la confiance ne règne pas franchement, malgré les promesses réconfortantes, les efforts zélés des gardiens pour faire la promotion du projet. Et ce n’est pas la réprimande de la Cour des Comptes à propos les travaux du siège de Paris Habitat qui va rassurer les locataires : « Ces dérives des coûts et des délais résultent des modifications apportées au projet initial mais aussi d’un pilotage défaillant, bien que confié à une équipe dédiée, spécialement recrutée »

La rénovation, les locataires l’attendent depuis longtemps, mais pas au prix de l’enfer, pas au prix d’une rehausse de 2 étages au-dessus de leur tête. Le Père Noël les gronde pour leur égoïsme : tant de malheureux attendent un logement. Les locataires chougnent : pas sur notre tête. Allez donc les faire sur la tête des riches qui ont des appartements bien insonorisés.

Et puis ils voudraient négocier les conditions de ces travaux parce qu’on leur a parlé, allez savoir pourquoi, de sous-traitants embauchant des ouvriers, sans qualifications, voire sans papiers, avec des salaires si honteux qu’on ne peut guère exiger d’eux.

Le Père Noël l’a bien compris. Alors, comme la loi l’oblige à consulter les locataires, il a inventé un drôle de référendum : si vous votez : oui, vous aurez tous les travaux. Si vous votez non : vous n’aurez aucuns travaux, et beaucoup entendent « vous resterez dans votre merde ». C’est de « bonne guerre » disent certains.

Mais l’astuce n’est pas dans le chantage. Elle est dans le « découpage électoral » : le Père Noël a décidé de faire voter, par tous les locataires, la rénovation ET la rehausse, réunies en un seul projet.

Or la rehausse ne concerne que la moitié des locataires. Cette pauvre moitié proteste. Elle trouve injuste que l’on demande l’avis de ceux qui ne souffriront pas de la rehausse et souhaite deux votes distincts. Le Père Noël assure que ce n’est pas possible, que c’est un seul et unique paquet cadeau et que la loi ne l’autorise pas à dissocier le projet.

Oui mais voilà, le Père Noël, quand il revient dans sa mairie, il fait autrement. Et à son conseil municipal, il soumet, comme la loi l’y oblige, chaque projet, la rénovation et la rehausse, au vote. Il fait donc procéder à deux votes distincts dont les résultats sont, d’ailleurs, différents.

Voilà : le Père Noël déteste la démocratie participative.

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