Politique pour les cantines scolaires : la région Île-de-France doit revoir sa copie
Dans un rapport intitulé “La politique de restauration scolaire de la région Île-de-France”, la chambre régionale des comptes pointe plusieurs écueils sur l’organisation, la qualité et le coût des repas servis aux lycéen-nes.
Gaspillage alimentaire, tarification sociale inopérante pour augmenter la fréquentation, augmentation des coûts sans résultats tangibles sur la qualité, avantages pour le privé au détriment du public sont autant de sujets soulevés, démontrant que la région Île-de-France est à la traîne sur la qualité des 40 millions de repas qu’elle propose à ses lycéen-nes.
Le cœur du rapport démontre que la mise en œuvre du quotient familial ne favorise pas l’accès aux cantines pour les plus modestes. Le rapport de 1 à 3 entre les tarifs les plus bas et les plus élevés est insuffisant. De plus, le mode de calcul qui consiste à ajouter les prestations sociales perçues par les familles dans les revenus pris en compte pour le calcul du quotient pénalise les plus modestes. “Valérie Pécresse est allée trop vite en généralisant le dispositif expérimental de quelques départements, sans faire d’évaluation. Il faut maintenant réajuster le tir pour atteindre les populations les plus modestes. Nous lui demandons de revoir intégralement ce dispositif et de modifier le mode de calcul du quotient”.
“Ce rapport est le bienvenu parce qu’il donne des indications objectives pour améliorer la restauration dans les lycées, se réjouit Sandrine Grandgambe. Nous espérons que Mme Pécresse fera preuve de moins de sectarisme avec la CRC qu’avec nous lorsqu’elle avait balayé, sans même le lire, le Plan Alimentaire Territorial que nous avions présenté en mars 2017 pour atteindre 50% de bio dans les cantines et favoriser la création d’emplois adéquats”. Le groupe AES a depuis longtemps pointé la nécessité d’organiser toute la filière alimentaire pour que la région puisse alimenter en produits bio l’ensemble des établissements. Aujourd’hui, l’Île-de-France ne produit pas assez de produits bio locaux pour faire face à la demande.
De même, sans accompagnement et critères de suivi, la lutte contre le gaspillage alimentaire se révèle inopérante. “Le gaspillage alimentaire représente, selon les estimations, 20% du coût des repas, rappelle Annie Lahmer. Par exemple, nous savons aujourd’hui que plus de 10% des élèves ne mangent pas de viande. Valérie Pécresse, pourtant, s’obstine à refuser la mise en place de menus végétariens, que nous avons encore proposée lors de la dernière séance régionale. De même sur notre demande de limiter les emballages plastiques. Elle est à contre sens de l’histoire et oublie de regarder ce que beaucoup de collectivités font de bien ailleurs.”
Le rapport pointe un traitement inégal entre le public et le privé : “Dans certains cas, le régime d’aide octroyé aux demi-pensionnaires des lycées privés est plus favorable que celui reconnu aux élèves des lycées publics”. Par exemple, pour un quotient familial compris entre 2 196€ et 3 125€, l’aide régionale est de 187,20€ pour un élève du public et de 215€ pour un élève du privé. “La CRC pointe, comme nous l’avons fait, que depuis 2016 Valérie Pécresse favorise l’aide pour les lycées privés au détriment des lycées publics qu’elle délaisse progressivement. Ce qui est contraire à la loi et au code de l’éducation (1)”, souligne Bénédicte Monville.
Le groupe Alternative Écologiste et Sociale demande à ce que Mme Pécresse revoie l’ensemble de sa politique de restauration scolaire dans les lycées. “Notre région est la plus riche de France mais elle connaît aussi les plus grandes disparités. Les élèves de nos lycées, qui relèvent de la compétence de Mme Pécresse, doivent bénéficier de repas d’une bien plus grande qualité,” précise Mounir Satouri.
Communiqué de presse du groupe alternative écologiste et sociale au Conseil régional