Plan Immigration : les collectivités toujours seules face à la crise de l’accueil

Hier, mercredi 12 juillet, le Premier Ministre a dévoilé le futur plan Immigration du gouvernement. En introduisant son propos par “Nous ne sommes pas à la hauteur de ce que doit être la France”, il nous laissait sous-entendre la suite. En effet, le projet du gouvernement n’est pas à la hauteur !

“En proposant un Plan Immigration sur 2018 et 2019 qui propose péniblement 7000 places supplémentaires d’hébergement pour les demandeurs d’asile , le gouvernement ne répond pas à l’urgence du moment qui nécessiterait selon les organismes gestionnaires eux-mêmes pas moins de 50000 places et la nécessité d’augmenter nos capacités d’accueil et d’orientation dès maintenant”, déplore Anne Souyris, co-présidente du groupe écologiste de Paris. “Quelle réponse apporte Édouard Philippe aux situations de Calais, de Grande-Synthe, des Alpes-Maritimes et de Paris, où les réfugié-es survivent dans des conditions indignes d’un État de droit, qui plus est riche comme la France ? L’urgence tant quantitative qu’en terme de salubrité minimale est déjà là et ne fera que s’amplifier durant l’été”.

Le choix d’axer majoritairement ce futur plan sur la réduction du flux migratoire est irréel. Entre terrorisme et faillite économique, la situation actuelle n’est pas prête de se résoudre. Pire, dans les années à venir, elle s’aggravera : le dérèglement climatique, avec son lot de sécheresses et d’intempéries, créera des pénuries importantes, sources de misères et de conflits qui mettront de plus en plus de gens sur les routes et sur les mers.

Le plan proposé aurait dû apporter une réponse pour un accueil digne et non pas s’attacher avec tant de ferveur à marquer la différence entre réfugié-es et migrant-es économiques. Les motifs de départ sont multiples et souvent liés entre eux (violence politique et religieuse, faillite économique, absence de perspective d’avenir, dérèglement climatique, etc.). Quel que soit le(s) motif(s), nous ne devons pas faire de distinction. La France, pays des droits de l’Homme, 6ème puissance économique mondiale, doit prendre sa part dans l’accueil de celles et ceux qui ont décidé de fuir leur pays, au péril de leur vie.

“Prendre sa part dans l’accueil des réfugié-es, ce n’est pas se défausser sur la Grèce et l’Italie, qui ont le malheur de leur situation géographique”, explique David Belliard, co-président des élu-es écologistes de Paris. “La création de 10 pôles permettant d’augmenter le taux de transfert des réfugié-es, dits “dublinés” vers le pays européen de première entrée est indigne d’un Président de la République qui a fait sa campagne sur son attachement à l’Union Européenne !”.

Alors que le gouvernement nous a avoué hier ne pas avoir de solutions immédiates, les élu-es écologistes de Paris réitèrent leurs propositions pour un accueil digne. La solidarité et la responsabilité doivent être les maître-mots à tous les échelons politiques : entre communes au niveau de la métropole du Grand Paris, entre régions au niveau national et entre états-membres au niveau européen. Nous demandons :

· au niveau européen : défendre la suppression du règlement de Dublin et mettre en place une politique européenne équitable où chaque État-membre accueille les demandeurs d’asile de manière planifiée et concertée.
· au niveau de l’État : assurer la fluidité du parcours des demandeurs d’asile et financer suffisamment de places d’hébergement pour permettre la fluidité du dispositif d’accueil.
· au niveau local : instaurer une solidarité entre collectivités en ouvrant dans chaque grande métropole régionale des centres de premier accueil comme celui de la porte de La Chapelle et en mettant à disposition des locaux pour essaimer de petits centres d’hébergement à taille humaine.

Anne Souyris et David Belliard, co-président-es du groupe écologiste de Paris

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