Piétonisation des berges de Seine : la commission a 30 ans de retard
Malgré l’avis défavorable de la commission d’enquête, le groupe écologiste votera au Conseil de Paris de septembre en faveur de la piétonisation des berges rive droite. Contrairement à la commission, les élu-es écologistes suivront la volonté des Parisiennes et des Parisiens qui s’est manifestée à plusieurs reprises : d’abord en choisissant lors des élections municipales une majorité de gauche et écologiste qui portait clairement ce projet, puis en préférant massivement, il y a quelques mois, le projet de piétonisation le plus important (consultation organisée par la mairie sur internet, approuvée en Conseil de Paris en décembre 2015).
Ce projet est en outre plébiscité par 60% des Parisien-nes en avril dernier (Sondage IFOP JDD – avril 2016).
Si le rapport de la commission porte ses critiques, faiblement étayées voire étrangement contradictoires avec les études existantes, sur les reports de circulation et sur un soi-disant manque d’information à cet égard, les élu-es écologistes de Paris pointent, eux, les enjeux de mieux-vivre et de santé publique. “Avec la piétonisation, nous pouvons réduire les émissions de polluants de près de 40 % en moyenne sur le secteur ”, explique Anne Souyris, co-présidente du groupe écologiste de Paris. “Quand on sait que la pollution atmosphérique tue 48 000 personnes chaque année en France, il y a urgence à agir et à améliorer la qualité de l’air, ce que permet notamment la piétonisation. La politique volontariste que nous avons menée depuis 2001 doit s’accélérer : elle a permis de diminuer de 28 % l’usage de la voiture à Paris – et d’améliorer la qualité de l’air ! Persévérer va dans le sens du bien commun” continue cette dernière.
“On peut légitimement s’interroger sur les conclusions de la commission d’enquête, qui ne s’appuient pas, voire contredisent, les études sérieuses et cohérentes d’instituts aussi indiscutables qu’Airparif et Bruitparif , ajoute David Belliard, co-président du groupe des élu-es écologistes. “Toutes ces études montrent une réduction de 30% au bas mot des émissions de gaz polluants sur la zone en question”.
Axe phare de la campagne des écologistes en 2014, la piétonisation des voies sur berges est une profonde transformation de la ville. C’est une reconquête de la Seine et du cœur de la ville pour toutes et tous, dont l’espace est aujourd’hui réservé à quelques privilégiés. “Les conducteurs du centre de Paris sont à 84% des hommes, à 64% des CSP+ et à 80% seuls dans leur voiture”, rappelle David Belliard. “Le confort d’un tout petit nombre ne peut définitivement plus sacrifier la santé de la majorité, notamment des plus fragiles”.
Et contrairement au jugement de la commission qui pense que la piétonisation aura un impact économique négatif, de nombreux retours d’expériences (New York, Londres, Bordeaux, etc.) montrent que ce type de projet contribue à l’attractivité du territoire. Et Anne Souyris de conclure : “La réappropriation de l’espace public par chacun-e est une véritable source d’enthousiasme pour les habitant-es comme pour les touristes et les entreprises. Malgré les critiques du MEDEF, qui défend une vision archaïque de la ville, cette piétonisation est bien l’objet d’un franc succès une fois par mois sur les Champs-Élysées et sur les berges de Seine Rive gauche depuis deux ans !”
Anne Souyris et David Belliard, co-présidents du groupe écologiste de Paris