La lettre aux Parisien-nes de Christophe Najdovski

Christophe Najdovski -Quai-de-Seine

Madame, Monsieur,

Lors des élections des 23 et 30 mars prochains, vous choisirez une nouvelle équipe municipale qui, aux côtés du ou de la Maire de Paris, sera chargée d’écrire une nouvelle page de l’histoire de votre ville. Je vous écris car je ne crois pas que la campagne électorale se réduise à la chronique d’un duel annoncé. Je souhaite au contraire qu’elle soit un moment privilégié de débat entre les candidats et vous : quel Paris souhaitons-nous pour demain, pour nous et nos enfants ?

Paris s’invente et se réinvente. Depuis les élections de 2001, Paris s’est ainsi transformée. Les écologistes, aux côtés de Bertrand Delanoë, ont d’ailleurs inspiré et souvent poussé nombre des changements qui ont fait bouger Paris : Vélib’, Paris Plages, les tramways, le Plan Climat, la Nuit blanche, l’éradication de l’habitat insalubre, le retour des piétons sur les quais de Seine …

Aujourd’hui, j’ai la conviction que Paris refuse le retour en arrière et celui des forces conservatrices. Sur le terrain, je prends conscience de votre aspiration au progrès, à la construction d’un nouveau modèle de société qui allie justice sociale et protection de l’environnement. Vous êtes une majorité à vouloir construire une capitale ouverte, accueillante et agréable à vivre. Je partage cette ambition.

De nombreux défis nous attendent : comment permettre à toutes et tous de se loger à un prix abordable ?Quelle politique de déplacements est compatible avec la lutte contre la pollution de l’air et le réchauffement climatique ? Quelles activités soutenir pour créer des emplois utiles et durables ? Quel développement des services de proximité pour accueillir les enfants, soutenir les plus défavorisé-es, se déplacer en toute sécurité, créer du lien social et de la convivialité ?

La plupart de ces enjeux doivent aujourd’hui être envisagés dans une nouvelle perspective : celle d’une plus grande ouverture de Paris aux communes voisines, à l’échelle de la Métropole, au-delà du mur que constitue encore le périphérique.

Le risque existe que Paris s’endorme, qu’elle perde le souffle de 2001 pour se transformer progressivement en ville-musée, conséquence d’une politique trop gestionnaire et monochrome, manquant d’audace et de concertation, qui se repose sur ses acquis en oubliant de se renouveler.

Plus que des petites phrases ou des grands discours, Paris a besoin d’un projet innovant et réaliste, capable de stimuler la future équipe municipale pour relever ces défis.

UN PROJET POUR VIVRE MIEUX A PARIS

Le projet que je vous propose pour Paris n’a pas la folie des grandeurs ou des hauteurs, il ne se situe pas dans une compétition entre capitales, il n’a pas non plus comme principal objectif de servir de marchepied à d’autres ambitions que l’intérêt des Parisiennes et des Parisiens.

Le projet que je vous propose pour Paris est un signal que vous pouvez envoyer à toutes celles et ceux qui renoncent, qui promettent puis oublient, qui déçoivent. Mon projet est un engagement de constance et de la parole tenue. Je ne promets pas ce que je ne suis pas en mesure de réaliser. Je réaliserai tout ce que j’aurai proposé.

C’est enfin un projet qui a vocation à être mis en œuvre dans le cadre d’une future majorité. Ce n’est pas une démarche protestataire, un projet d’opposition. C’est un véritable projet municipal, parce que c’est bien pour un-e Maire que vous allez voter. Je ne me trompe pas d’élection et je ne marquerai pas de but contre mon propre camp.

Le projet que je vous propose pour continuer à réinventer notre ville dans le respect de son identité, a pour but de faire de Paris une ville pour toutes et tous, à échelle humaine, où la proximité et le quotidien des habitantes et des habitants sont la priorité de ceux qui les représentent. Ce projet pour « Vivre mieux à Paris » nécessite d’ouvrir, d’approfondir ou de réorienter, sans augmentation de la fiscalité, six grands chantiers de la politique municipale.

Mieux se loger à Paris : des logements plutôt que des bureaux vides

La richesse de Paris, c’est sa diversité. Or, Paris est devenue une centrifugeuse qui exclut les plus modestes. Se loger doit redevenir à la portée de chacune et chacun. Je veux garantir le droit de toutes et tous de vivre à Paris.

La crise du logement n’est pas une fatalité, elle est en partie due à un choix délibéré de donner la priorité aux bureaux. L’équation est simple : dans le petit espace parisien, plus on fait de bureaux, moins on fait de logements et d’espaces verts.

En 2006, lors de l’adoption du nouveau Plan local d’urbanisme, les écologistes avaient été les seul-es à porter une proposition de rééquilibrage en faveur des logements par rapport aux bureaux. Celle-ci ne fut pas retenue et Paris compte aujourd’hui plus d’un million de mètres carrés de bureaux vides.

Il y a d’autres choix que de vouloir densifier à outrance et construire sur des espaces verts. Il y a d’autres choix que de construire des tours de bureaux énergivores comme le projet de la tour Triangle dans le 15earrondissement ou celui des tours Duo dans le 13e arrondissement.

Pour être utiles aux Parisiennes et aux Parisiens, donnons la priorité aux logements sur les bureaux dans chaque opération d’urbanisme, en consacrant au minimum 50% des surfaces constructibles au logement.Donnons également la priorité au logement vraiment social, pour éviter que des familles souffrent du mal-logement, ou soient ballottées d’hôtel en hôtel, avec un coût élevé pour la collectivité. Agissons sur les bureaux vides et transformons 500 000 m2 de bureaux vides en plus de 7000 logements, en se concentrant en particulier sur les bureaux de l’Ouest parisien.

Sortons enfin d’une vision étriquée de la question du logement en regardant au-delà du périphérique et en construisant le Grand Paris du Logement, avec l’objectif de doubler la production de logements à l’échelle de la métropole.

Enfin, pour réduire les factures et la précarité énergétique, lutter contre le réchauffement climatique tout en créant des emplois, la Ville doit investir massivement dans la réhabilitation thermique des bâtiments.

Mieux se déplacer : développer les transports en commun et donner la priorité aux piétons et aux cyclistes

Sous l’impulsion des écologistes, Paris a développé ces dernières années des alternatives à la voiture individuelle, notamment pour préserver la santé et la qualité de ville des habitant-e-s. Il ne s’agit pas de faire la guerre aux automobilistes mais de sortir du « tout automobile » qui a longtemps prévalu et de rééquilibrer le partage de l’espace public au profit des mobilités douces. A Paris, seulement un tiers de cet espace revient ainsi aux piétons et aux cyclistes alors que ceux-ci représentent une majorité (souvent silencieuse) de la population.

Marchons, roulons, pédalons, voguons vers une ville qui respire ! Certaines propositions électorales « automobilo-centrées » nous amèneraient au contraire à faire marche arrière tandis que d’autres, par frilosité, conduisent à l’immobilisme. A l’heure des pics de pollution et du réchauffement climatique, je vous propose de passer à la vitesse supérieure pour multiplier les alternatives à la voiture. Que mille mobilités non polluantes s’épanouissent !

Paris doit ainsi devenir la capitale du vélo, en se dotant de pistes cyclables sécurisées et en incitant à l’achat de vélos électriques mais aussi classiques.Développons et désaturons les transports en commun par le bouclage du tramway à l’Ouest de Paris et par un nouveau tramway le long des berges de la Seine, par des navettes fluviales connectées avec les autres réseaux de transport, par l’extension des horaires du métro, par un Pass mobilités, par le prolongement des métros vers la banlieue, par l’accessibilité aux personnes en situation de handicap. Partons à la reconquête de l’espace public en développant les lieux de promenade sur la Petite Ceinture, les berges de Seine, en établissant une continuité avec les bois, en végétalisant l’espace public, en élargissant les trottoirs. Développons l’autopartageet le covoiturage. Réhabilitons le périphérique dans le cadre de la Métropole et transformons-le en boulevard urbain. Développons le transport fluvial et ferroviaire pour diminuer le transit des marchandises par voie routière dans Paris.

Ce nouvel élan donné à la politique des déplacements doit aller de pair avec un nouvel aménagement urbain à l’échelle de la Métropole, qui vise à réduire les déplacements contraints et à rapprocher, grâce à une politique du logement volontariste, le domicile et le lieu de travail.

Mieux respirer : sortir du diesel et ouvrir de nouveaux espaces verts

Nous respirons aujourd’hui un air qui n’est pas sain. La réduction constatée ces dernières années de la pollution de l’air a été largement freinée par le développement des moteurs diesel, encouragé par les pouvoirs publics depuis 30 ans et dernièrement par le bonus-malus instauré en 2008 par Nathalie Kosciusko-Morizet.

Plus de 70% des véhicules automobiles roulent au diesel. La France ne respecte toujours pas les directives européennes en matière de qualité de l’air. Les gouvernements de gauche, et encore moins ceux de droite, n’ont pas eu le courage de s’attaquer à la pollution de fond, en grande partie due aux émissions de particules fines des véhicules diesel.

En décembre dernier, nous avons connu un épisode de pollution de l’air particulièrement sévère durant 5 jours. J’ai demandé au Maire de Paris et au Préfet de police de prendre les mesures prévues en cas de franchissement du seuil d’alerte et de mettre en place une circulation alternée afin de préserver la santé des Parisiennes et des Parisiens. En vain. Il y a loin des discours aux actes.

Je prends l’engagement d’organiser la sortie du diesel au niveau parisien et au niveau métropolitain et de poursuivre le développement des mobilités douces et des transports publics, ainsi que la réappropriation de l’espace public et le retour de la nature en ville : une Petite ceinture préservée dans son intégrité, des bois confortés dans leur rôle de poumons verts de la capitale, la conquête de nouveaux espaces verts, la végétalisation des toits, des rues et des façades, ….

Mieux vivre ensemble : développer les équipements de proximité et lutter contre toutes les formes de discriminations

La solidarité fait la fierté de Paris, sa marque de fabrique, son énergie. Paris doit rester ouverte, accueillante, cosmopolite, pluraliste. Sinon elle ne sera plus Paris.

Cela veut d’abord dire une ville plus attentive envers les plus fragiles : personnes sans abri et en situation de précarité, personnes en situation de handicap, personnes âgées, jeunes enfants, résident-es étranger-es. De même, l’accès à l’éducation, au sport, aux soins et à la culture pour toutes et tous doit être au cœur de l’action de la municipalité. Plutôt que de succomber aux traditionnels et coûteux projets pharaoniques, nous redoublerons d’efforts pour le développement des équipements de proximité (crèches, gymnases, piscines, médiathèques, centres d’hébergement, centres de santé …).

Cela veut dire aussi une ville solidaire des autres territoires de la Métropole, en finir avec ce mur qu’est le périphérique, et nécessite de penser les politiques structurantes pour l’emploi, le logement, les transports, l’urbanisme ou l’environnement à l’échelle métropolitaine.

Remettre les femmes et les hommes au cœur de l’action publique, c’est aussi redonner du souffle à une démocratie en perte de vitesse. C’est vous permettre de prendre part aux décisions, en votant une part du budget de la collectivité et en ouvrant la concertation en amont de chaque opération d’aménagement urbain via des jurys citoyens et des conférences de consensus.

Je défendrai également le retour d’une police de proximité qui sera au contact des citoyennes et des citoyens dans les quartiers. Je privilégierai la présence humaine au recours aux technologies de surveillance qui déshumanisent la ville.

En outre, pour un espace public vivant et mieux partagé, je réduirai la place réservée à la publicité pour en faire des espaces d’expression libre, citoyenne et culturelle.

Enfin, à l’heure où l’Europe est parcourue par une violente vague de xénophobie et d’intolérance, je souhaite faire de Paris le fer de lance de la conquête de nouveaux droits et de la lutte contre toutes les formes de discrimination.

Mieux vivre avec la Seine : reconquérir les berges sur les deux rives

La devise de Paris, « Fluctuat Nec Mergitur », illustre bien le lien étroit que Paris eut avec la Seine. Pourtant, au nom d’une prétendue modernité, le fleuve a été coupé du reste de la ville par une autoroute urbaine à la fin des années 1960. C’était l’époque où il fallait faire place nette pour le tout-automobile. Nous en subissons encore les conséquences : une autoroute en plein cœur de ville, un espace public accaparé par l’automobile, un trafic de transit au centre de la capitale.

En 2001, les écologistes avaient fait un rêve : celui de la reconquête des berges de Seine. Ce rêve, nous l’avons en partie réalisé sur la rive gauche. Malheureusement, à l’inverse de Lyon ou Bordeaux, Paris est resté au milieu du gué.

Aujourd’hui, je vous propose de faire un nouveau rêve : celui de retrouver la Seine sur les deux rives, et de faire revenir le tramway en plein Paris, sur les quais hauts de la Seine, alors qu’il en a été chassé par l’automobile au siècle dernier. Je vous propose de prendre un tram d’avance et de transformer l’autoroute urbaine de la voie Georges Pompidou en un boulevard urbain qui donne la priorité aux transports en commun, aux déplacements à pied et à vélo.

Je vous propose la restitution des berges à la promenade, à des activités culturelles et sportives mais aussi économiques, avec l’ouverture d’un « Central Park » de 5 hectares, allant du pont des Arts au port de l’Arsenal, sur plus de 2,5 kilomètres, ainsi que la construction de deux nouveaux ponts jardins sur la Seine.

La Seine peut et doit être également le support d’une nouvelle façon d’approvisionner Paris et de s’alimenter. Ouvrons sur les berges reconquises de grandes halles alimentaires flottantes, où l’on trouvera des produits locaux de saison et de qualité directement acheminés par les producteurs franciliens via le fleuve. Nous pouvons favoriser ainsi les circuits courts, réduire notre empreinte carbone, et manger des produits sains et de saison, en vente directe, à bas prix pour les consommatrices et les consommateurs.

Mieux travailler : une capitale innovante, créatrice d’emplois durables et non délocalisables

Paris doit garder sa mixité sociale et générationnelle. Paris doit créer des emplois pour toutes et tous, dans tous les secteurs d’activité. C’est l’ambition de la politique écologique que je propose, grâce à la mise en place d’une économie verte, génératrice d’emplois très variés.

La rénovation de 1000 immeubles parisiens permettra ainsi non seulement de diminuer les factures de chauffage mais aussi de créer des milliers d’emplois dans le secteur du bâtiment. L’investissement dans les énergies renouvelables permettra, là encore, de combattre le chômage tout en luttant contre le réchauffement climatique.

L’aide à la personne constituera un autre secteur important de création d’emplois. Je souhaite l’encourager en favorisant l’activité indépendante mais également en soutenant la création d’établissements d’accueil pour les personnes âgées, pour les personnes en situation de handicap, et pour l’accueil des tout-petits. Pour exemple, afin que tous les enfants de 0 à 3 ans puissent être accueillis, je propose de créer 6000 nouvelles places en crèche. C’est bien entendu capital pour l’éveil des tout-petits mais c’est également essentiel pour l’économie de Paris. Cela permet de favoriser l’activité professionnelle des parents, en particulier des mères, mais également de créer près d’un millier d’emplois directs.

Agir pour l’emploi, c’est aussi savoir faire fructifier nos atouts. L’économie de Paris est riche de son tissu de PME, d’artisans et de travailleurs indépendants. C’est la raison pour laquelle il faut développer les incubateurs de PME et les espaces de travail partagé. Les entreprises de l’économie sociale et solidaire (ESS), qui ne sont pas animées par le seul profit, feront, elles, l’objet d’un soutien financier spécifique. Je mettrai en place un fonds municipal pour l’innovation sociale.

Dans le domaine du commerce, c’est la volonté de favoriser ce qui permet de mieux vivre dans nos quartiers qui doit nous guider. Il faut donc tout faire pour développer le petit commerce de proximité et s’opposer à l’ouverture de nouveaux centres commerciaux comme Beaugrenelle.

Enfin, je souhaite aider toutes les initiatives locales qui accompagnent l’émergence d’un nouveau modèle de développement. Pour faire face à la crise, vous êtes nombreuses et nombreux à inventer de nouvelles manières d’échanger et de produire. Recycler, échanger du temps plutôt que de l’argent, créer des monnaies locales et complémentaires : nous serons les actrices et les acteurs d’une économie nouvelle, plus solidaire et durable.

LE CHOIX DE L’ECOLOGIE : UN NOUVEL ELAN POUR NOTRE CAPITALE

Paris doit éviter le retour en arrière, la frilosité ou la panne d’idées. Notre capitale a besoin d’un nouvel élan. Alors que cette campagne municipale, comme bien d’autres, se polarise et se rétrécit autour des « grands » partis, sur fond de désaffection du politique, plus que jamais, je vous propose un autre choix, le choix de l’écologie.

Si les écologistes présentent un projet autonome et remettent en jeu tous leurs mandats, c’est pour faire vivre un idéal de justice sociale et de respect de l’environnement. Notre projet pour vivre mieux à Paris n’est pas un projet « bling-bling », déconnecté des réalités, qui se contenterait de dénoncer ou au contraire de poursuivre sans oser de véritables changements.

C’est un projet original qui apporte des solutions d’avenir aux enjeux d’aujourd’hui, porté par des gens qui vous ressemblent, qui pratiquent depuis longtemps la parité et le non cumul des mandats, qui ne renoncent pas à leurs valeurs, qui disent ce qu’ils font et font ce qu’ils disent.

Au premier tour, vous avez la possibilité de choisir l’écologie, de lui donner du poids, pour faire entendre votre sensibilité, votre différence, pour stimuler la future majorité afin que Paris soit une ville qui accueille, qui rayonne et qui respire.

Au second tour, nous prendrons nos responsabilités et rechercherons sans ambiguité le rassemblement des forces progressistes, citoyennes et écologistes, pour agir concrètement en faveur de votre qualité de vie.

C’est le sens de la candidature du rassemblement des écologistes à ces élections.

Le 23 mars, au premier tour, c’est à vous de choisir. Je vous invite à exprimer, sans risque, un choix libre et audacieux pour l’avenir de Paris.

Christophe Najdovski

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