Emmanuelle Cosse : « Trois milliards pour changer d’air en Île-de-France » (Le JDD)

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INTERVIEW – La chef de file écologiste, Emmanuelle Cosse, candidate EELV aux régionales en Île-de-France, dévoile sa priorité au JDD: la lutte contre la pollution atmosphérique. Avec une « pollutaxe » et la fin du diesel.

Le sujet sur lequel les écologistes sont le plus attendus, surtout en Île-de-France, c’est la lutte contre la pollution de l’air. Quelles sont les mesures phares de votre programme?
C’est vrai que nous sommes attendus sur ce sujet car nous avons une légitimité en la matière. Nous avons par exemple obtenu la sortie du diesel pour les bus. Mais il faut aller plus loin. Les Franciliens en ont ras le bol, ils n’ont plus envie de vivre dans ces conditions. C’est une question de santé publique. Des études montrent une perte de six mois d’espérance de vie dans les agglomérations. Chacun sait que les enfants des villes sont davantage sujets à l’asthme ou aux bronchiolites : ils toussent dès qu’ils rentrent de vacances. Sans parler des personnes âgées, qui développent des maladies respiratoires. En région parisienne, sur une année, il n’y a que trois ou quatre jours de très bonne qualité de l’air. Il ne s’agit pas d’être dans une posture anxiogène, mais il est plus qu’urgent d’agir. C’est pourquoi cette question est au cœur de ma campagne, ma première priorité. L’Île-de-France étouffe, je veux qu’elle respire. Il faut changer d’air !

Que proposez-vous concrètement?
Mon ambition : consacrer un plan de 3 milliards d’euros sur la mandature à la qualité de l’air en Île-de-France [le budget régional annuel s’élève à 5 milliards d’euros]. Cette somme très importante permettra de mener une véritable révolution consistant à inverser la logique actuelle où il existe un droit à polluer impunément tandis que tout le monde en paie les conséquences à l’arrivée. Je veux taxer ceux qui polluent le plus et soutenir ceux qui font des efforts pour moins polluer.

Où comptez-vous trouver une telle cagnotte?
D’abord par la mise en œuvre d’une « pollutaxe ». Appelons les choses par leur nom, j’en ai assez qu’on parle d’écotaxe. La pollutaxe existe en Allemagne, en Suisse, en Pologne… Est-il normal que les Franciliens paient – par leurs impôts – des politiques de lutte contre la pollution pendant que des transporteurs routiers empruntent gratuitement le périphérique ou l’A86 pour économiser 20 euros sur leur trajet Lyon-Lille? Cela, par manque de courage politique face aux lobbies! La taxe sur les poids lourds qu’on a connue, avant qu’elle ne soit jetée aux oubliettes par le gouvernement, devait rapporter 400 millions d’euros de recettes pour l’Île-de-France. On est donc parfaitement capables de financer mon plan de 3 milliards d’euros. Je souhaite aussi dégager de nouvelles recettes grâce au redéploiement d’une partie des dépenses de la Région. Les moyens se situent également du côté de la suppression de la niche fiscale concernant le diesel : la disparition de cette subvention scandaleuse sera inéluctable au niveau national. Si je suis demain à la tête de la Région, j’irai chercher ces nouvelles ressources pour les reverser à la lutte contre la pollution atmosphérique.

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