« Accueillir les migrants » avec Damien CARÊME

200 personnes pour rencontrer Damien Carême, le maire écologiste de Grande-Synthe, lundi soir au CMA de Laval ! Cela montre bien l’intérêt croissant des mayennais sur cette question migratoire.

Un aperçu vidéo

 
Damien Carême, avec conviction, a raconté son expérience dans sa ville proche de Calais. Après le démantèlement de la « jungle »,  les migrants désirant aller en Angleterre sont devenus beaucoup plus nombreux. Ils survivaient dans le froid, la gadoue et l’emprise des passeurs conditions innommables. Avec l’aide de MSF (Médecins Sans Frontières), et contre l’avis de l’Etat, Damien Carême  a décidé d’ouvert un camp pour permettre un peu de dignité et de réconfort à ces migrants, la plupart de passage, qui fuient la guerre et la misère. Le camp n’est pas la meilleure solution, mais au moins il a existé pendant plusieurs mois et répondu à de nombreux besoins. Aucun autre hébergement n’étant mis en place sur la côte, l’afflux sur le site, la présence de maffias, et un incendie y a mis fin. Damien Carême vient d’avertir le préfet et le gouvernement que si rien continuait à être fait, il ouvrirait un nouveau camp…
 
Grande-Synthe, commune de 23 000 habitants, avec un chômage important, est une ville comme les autres. Enfin, un peu différente, puisque les cantines scolaires sont 100 % bio depuis des années que la précarité énergétique est prise en compte concrètement, et que de nombreuses associations la dynamisent. La solidarité avec les migrants s’est exprimée tout naturellement devant la détresse existante.
C’est d’ailleurs aussi l’expérience que vivent de nombreux mayennais : les migrants sont d’abord des humains. Autour des centres d’accueil et d’orientation (à Laval, Ernée, Mayenne, et auparavant à Ste Suzanne), de nombreux bénévoles s’activent dans de nombreux domaines (sport, apprentissage de la langue française, culture,…), et la cohabitation se passent bien partout malgré les craintes de certains élus locaux  au départ. Dans les échanges entre personnes de culture différente, il y a avant tout de la richesse humaine.
 
Plusieurs témoignages de migrants vivant en Mayenne ont ému. Jimmy, un congolais, dont le père a été assassiné lorsqu’il était enfant, était réfugié au Gabon. Mais, devenu adulte, son refus de soutenir le pouvoir dictatorial en place, et la répression en son encontre l’a conduit en France. Nerma, arrivée avec sa mère lors de la guerre en Bosnie, alors que son père était en camp de concentration, a racontée son intégration réussie en Mayenne et sa participation active à l’accueil maintenant. Flavien a rappelé la situation abominable existant au Tchad, et le rôle de complice de la diplomatie française. Des compagnons d’Emmaüs ont fait part de leurs peurs sur l’application de la circulaire Collomb dont même le défenseur des droits demande le retrait…
La future loi sur l’immigration, qui devrait être discutée en mars prochain au Parlement, a été  combattue par les intervenants. Ce projet de loi n’organise pas l’accueil mais accentue encore la répression envers les étrangers. Pourtant, la France, contrairement aux idées reçues, fait peu. Comme le résume parfaitement Damien Carême « les 6% des pays les plus riches accueillent 9% des migrants. Les 6% des plus pauvres plus de 50% pour 2% du PIB mondial », une précision bien nécessaire !
Alain Vignier a présenté les futurs états généraux des migrations, à l’initiative de 495 associations. De son côté, Damien Carême organise début mars, à Grande-Synthe, une convention européenne des élus locaux pour une prise de position commune et offensive. Des manifestations sont déjà prévus contre le projet de loi sur l’immigration.  L’ appel à la mobilisation, qui a conclu la soirée, a été bien entendue par les nombreux participants. C’est réconfortant.     

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