Communiqué inter-organisations suite à l’expulsion des 200 habitants du squat dit du « 5 étoiles »
Premiers signataires : Alternatiba/ANV-COP21 Lille, Artisans du Monde Hauts de France, ATTAC Lille, ATTAC Valenciennes, CCFD 59, Cimade Nord Picardie, CNT UL de Lille, DiEM25 Lille, EELV Lille Lomme Hellemmes, Ensemble! Lille métropole, FranceInsoumise Lille, Fondation Abbé Pierre, FSU 59/62, Genepi Lille, Génération.s Lille, Mitrajectoires, Parti de Gauche Nord, Parti Communiste Français – Lille, Solidaires – Union Interprofessionnelle Locale de l’arrondissement de Lille, Soleil 59/62…
La justice rend illégale l’expulsion 2 jours après sa réalisation par la préfecture.Monsieur le Préfet Michel Lalande doit maintenant s’expliquer publiquement.
Le pire est arrivé pour les habitant.e.s du 15 rue Jean Jaurès à Lille.
Mardi 4 juin, une opération policière large au sein du squat dit du « 5 étoiles » a eu lieu à 6 heures du matin. Après avoir chargé le cordon de la centaine de manifestant.e.s non-violent.e.s et emmené au hasard 16 d’entre eux pour une garde à vue qui durera 36 heures, la police a procédé à l’évacuation des lieux.
Sans attendre l’audience de ce jeudi 6 juin du Tribunal de Grande Instance qui donnera finalement raison aux habitants du site, environ 200 personnes ont été expulsées de leurlieu de vie. De nombreux mineurs ont également été emmenés, alors qu’ils étaient livrés à eux-mêmes depuis plusieurs mois ou années, par la défaillance du Département concernant sa mission publique de mise à l’abri et de scolarisation.
Des centaines de citoyen.ne.s de Lille et des environs ont tenté de pallier cette carence de l’État par la solidarité et l’entraide.
Et pourtant, il y a quelques mois, une cérémonie d’accueil et d’hébergement des réfugiésde l’Aquarius grâce à un réseau citoyen a été organisée par Madame la maire de Lille il ya quelques mois, il faut s’en féliciter. Néanmoins dans le même temps, ces habitant.e.s du squat dit du « 5 étoiles » demandaient le même soutien. La réponse de la mairie fut d’envoyer des vigiles à la place de solutions, et ce mardi la Préfecture a procédé à l’expulsion du lieu par un usage disproportionné de la violence. Violence de la force publique et des 16 gardes à vue, violence de la destruction du lien social patiemment tissé autour de ces personnes, violence des vies brisées et des espoirs déçus.
Nous, associations, mouvements, syndicats, partis politiques et de façon générale citoyen.ne.s de la Métropole lilloise, nous dénonçons fermement les méthodes employées par l’État et la Préfecture, et exigeons des solutions d’hébergement appropriées pour toutes et tous les habitant.e.s du squat, le respect de leurs droits inscrits dans la loi ainsi que la protection des personnes vulnérables.
Nous refusons la criminalisation de ces habitants de la ville qui ont fui la violence extrême (nous disposons déjà de témoignages de personnes qui avaient fui la torture avant leur arrivée en France et qui se trouvent ce jour en centre de rétention ici sur notresol). Nous refusons également la criminalisation des soutiens, habitant.es lillois.es anonymes qui apportent de l’aide, des repas et du lien social à ces jeunes – 16 d’entre eux viennent de passer 36 heures en garde à vue pour avoir manifesté pacifiquement au moment de l’expulsion et se voient convoqué.e.s au Tribunal en janvier 2020 à Lille.
Comble final pour cette expulsion aux moyens extraordinaires : la justice vient d’ordonner un délai de trois ans pour les habitant.es du squat pour quitter les lieux, « les demandeurs ne sont pas actuellement en mesure de se reloger et qu’une expulsion porterait une atteinte disproportionnée à leur droit de vivre dans des conditions décentes » (jugement du 6 juin 2019).
Maintenant, c’est au Préfet Michel Lalande de s’expliquer publiquement sur son choix d’expulser par la force 48 heures avant la décision de justice qui était attendue.