Intervention débat d’Orientation Budgétaire 2015

Madame le Maire, Mesdames, Messieurs, Mes chers collègues,

C’est dans un contexte financier contraint et incertain que nous avons dû élaborer les orientations budgétaires pour l’année 2015.

Incertain, puisque le gouvernement a révisé plusieurs fois sa copie avant de transmettre les éléments révélant l’ampleur de la baisse des dotations de l’état pour cette année 2015. Ces baisses réduisent les marges de manœuvre des collectivités locales, réduisant leurs actions et leurs investissements. Cette réduction des moyens pouvaient être atténuée par des choix différents du gouvernement ; cela n’a pas été le cas, puisque le pacte de responsabilité proposé aux entreprises, est en fait un cadeau fiscal qui n’a pas montré son efficacité et n’a pas créé d’emploi. Ces choix que nous ne partageons pas sont aujourd’hui une des raisons principales de nos difficultés.

Contexte contraint aussi, puisqu’en élus responsables, au sein de nos Délégations, nous avons fait des propositions pour concourir à l’effort qui nous a été demandé en réduisant fortement, encore plus que les années précédentes, les dépenses de fonctionnement.

Face à cette baisse massive des dotations de l’état en direction des collectivités, nous ne voulons pas nous résigner à une baisse de qualité du service public municipal. Nous sommes déterminés au maintien de cet important levier de solidarité, qui contribue aux liens sociaux dans notre ville .

C’est dans ce cadre que nous assumons l’augmentation modérée du taux de la taxe foncière ; c’est une mesure qui va dans le sens de la réflexion portée par les élus écologistes depuis plusieurs années. Face à la difficulté d’équilibrer un budget avec une baisse importante des dotations, nous sommes plus que jamais à l’heure du choix :

Que voulons-nous ? moins de personnel, moins de subventions aux associations, moins de service public, moins de société en somme, pour laisser à chacun le soin de trouver sa solution pour se loger, se transporter, trouver un accueil pour son enfant ?
Il faudrait alors se résoudre à la fermeture des piscines, des terrains de sports, des bibliothèques, des crèches et des jardins publics, chacun se chargeant d’assurer sa sécurité…. C’est l’annonce faite ces jours ci par certaines municipalités souvent de droite. Alors nous, nous avons choisi !

Entre le chacun pour soi et la solidarité, nous avons choisi
Entre des valeurs de gauche et des valeurs libérales de droite, nous avons choisi !
Entre la baisse inexorable de la puissance publique, et l’augmentation raisonnable de la fiscalité, nous avons choisi. La taxe foncière est pour nous la moins mauvaise des solutions et quoiqu’en dise l’opposition, cette mesure permet le maintien de projets pour l’ensemble des lillois à l’échelle municipale.
Dans le même registre nous assumons également l’actualisation des recettes tarifaires, permettant d’augmenter les ressources pour notre collectivité.

Évidemment vous allez me dire que l’on peut toujours faire plus avec moins. Vieux refrain libéral mis en œuvre par le gouvernement Sarkozy qui avait lancé une politique de désengagement des services publics dès 2008 avec la RGPP (révision générale des politiques publiques) et le non remplacement absurde d’un fonctionnaire sur deux qui avait amené une réduction des effectifs dans le secteur public. Réduction qui avait mis en difficulté l’éducation nationale et qui avait désorganisé les services de police (pour ne prendre que ces 2 exemples). Cette même politique qui avait déjà baissé les dotations aux collectivités nous obligeant à rationaliser nos politiques pour les rendre plus efficientes.
Mais nous sommes aujourd’hui, dans beaucoup de services aux limites de la réduction possible des moyens, nous sommes à l’os pour reprendre une image très parlante. Les services que je tiens à saluer car je peux témoigner aujourd’hui de toute leur détermination à œuvrer au maintien d’une qualité des services rendus aux lillois dans un contexte très difficile.

Alors oui, entre une politique de droite de réduction des budgets, des effectifs et des services et des valeurs de gauche qui prônent la solidarité et la sauvegarde des services publics pour mieux vivre ensemble, nous avons choisi.

Pour autant, nous ne contenterons pas de nous prononcer pour le maintien de la qualité du service public municipal  sans interroger les pratiques.
Gérer la contrainte budgétaire, trouver des marges de manœuvre, en élus responsables, c’est également rechercher collectivement d’autres modes de faire : expérimenter des formes de mutualisation et mettre en pratique plus de transversalité au sein des services municipaux.

C’est également traduire dans les actes, une politique d’investissement tournée vers l’entretien du patrimoine existant. Dans le mandat précédent, la politique de maîtrise de l’énergie a permis d’économiser plus de 2 millions d’€ en 4 ans. Aujourd’hui nous proposons de maintenir ces efforts d’investissement dans le patrimoine au risque de ne plus maîtriser des dépenses de fonctionnement qui augmenteront avec le prix de l’énergie. Cela renvoie à la vision d’une gestion immobilière dynamique du patrimoine municipal, permettant à la fois une meilleure maîtrise de celui-ci et une meilleure réponse aux usages. Dans ce sens nous défendons les occupations temporaires et à plein temps des bâtiments non utilisés.

Gérer la contrainte budgétaire c’est encore promouvoir l’évaluation des actions menées par les partenaires associatifs de la Ville, en étant pleinement conscients qu’ils contribuent souvent à un service public municipal de qualité. Gérer la contrainte, c’est considérer que la baisse de leur financement n’est pas une simple variable d’ajustement comptable, qui n’aurait pas d’effet sur le quotidien des lillois et des lilloises.

C’est enfin soutenir les initiatives indépendantes, artistiques culturelles sur l’ensemble de notre ville qui, au-delà des événementiels, inventent des lieux et des moments d’intelligence collective, de plaisir et d’émotions partagées pour tous les lillois et les lilloises.

Confrontés aux crises environnementales, énergétiques et économiques et face à la morosité des propositions libérales et conservatrices de réduction de tout ce qui fait notre vie, nous faisons le choix, d’initier une démarche joyeuse et économe, qui mette en mouvement, la capacité de notre ville et de ses habitants à inventer des pratiques nouvelles, solidaires et écologiques, pour faire société dans la ville qui nous rassemble.

Lise Daleux, pour le groupe Europe Écologie – Les Verts

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