Coopération : quelques retours de Dakar et Saint Louis du Sénégal.
(Marie-Pierre Bresson était en déplacement cet été à Saint Louis du Sénégal, elle a reçu la délégation Sénégalaise en septembre à Lille pour le Comité de Pilotage de la coopération, retour en mots et en images).
Ce qui frappe d’emblée à l’arrivée à Dakar, c’est la vitalité et l’énergie nouvelles qui se dégagent de cette ville depuis l’élection présidentielle. Il y a urgence, et tout est à faire, mais on sent cela : une attente vive et un volontarisme évident.
Premiers RDV avec le SCAC (Service de coopération et d’action culturelle français) sur un programme de travail sur la fiscalité locale, inexistante au Sénégal. Intégrée à notre programme de coopération, cette question est particulièrement soulevée par le maire de Saint Louis qui est aussi ministre de l’aménagement du territoire et des collectivités locales. Il veut faire de notre coopération commune un exemple à dupliquer à l’échelle du territoire, l’enjeu est de taille !
Rencontre ensuite avec la délégation européenne à Dakar, pour donner une échelle opérationnelle à notre projet de production énergétique durable. Il nous faut un co-financement d’au moins 50%,. En fait nous pourrions amorcer une réalisation pour laquelle nous apporterions les 10% nécessaires au démarrage. Dont acte. Nous allons poursuivre sur le sujet. En plus grand.
Départ à Saint Louis, pour préparer le comité de pilotage à mi-parcours de notre programme de coopération qui aura lieu à Lille en automne.
Nous passons en revue les réalisations et les projets, ce qui est fait, ce qui reste à faire, ce qu’il faut ajuster. Il y a du nouveau : un prêt de l’AFD (Agence Française de Développement) de 22 millions d’€ assorti d’une subvention directe de 2 mllions d’€ à la ville de Saint Louis pour son plan de développement touristique (entendre par là aménagement du territoire et stratégie de développement urbain) qui se fonde sur le diagnostic réalisé par LMCU et la ville de Lille sur la politique culturelle comprise comme un levier de développement social, territorial et économique. Nous ferons ça, avec nos partenaires saint louisiens, très motivés, mais bien insuffisamment outillés pour y parvenir, notamment en termes de ressources humaines qualifiées. Il nous appartiendra de les aider à les trouver. Il y a de complètes filières professionnelles à créer dans au moins deux domaines : les métiers de la rénovation et de la conversation du patrimoine, et les secteurs de l’économie verte (énergie, agriculture, habitation, transports), tant il est vrai que Saint Louis se positionne en tête des villes résilientes confrontées au dérèglement climatique. Toutes ces filières sont évidemment prometteuses de développement économique et d’emplois pour la population de Saint Louis, dont 60% a moins de 25 ans !
Nous finissons notre séjour par une visite de chantier, en compagnie du maire : il s’agit d’un éco-quartier financé par le programme ONU-habitat, destiné à recevoir la population de Guet n’Dar, le quartier des pêcheurs situé sur la langue de Barbarie et menacé par l’érosion maritime due au changement climatique. L’urgence est réelle, les solutions existent.
Comité de pilotage à Lille en septembre, en présence du Maire-Ministre. Avec une réunion décentralisée du groupe-pays Sénégal de Cités-Unies France pour que l’essentiel de ses membres puissent profiter de la présence de leur ministre sénégalais de « tutelle » en quelque sorte !
Présence aussi des représentants de toutes les collectivités impliquées dans le programme de coopération : Ville, LCMU, département du Nord, Régions NPDC et Midi-Pyrénées, Sicoval, villes de Toulouse et de Saint Laurent Blangy, sous l’égide du MAEE et nos amis belges de Liège, présence également des associations et des opérateurs de la coopération, présence enfin des membres de la « plateforme Saint Louis » et de la diaspora sénégalaise, reçue par le maire-ministre à l’hôtel de ville.
En plus du comité de pilotage de la coopération, le maire de Saint-louis préside, en présence de Philippe Tostain, celui du plan climat lillois, auquel sont conviés l’ensemble des services de la ville pour bien mesurer l’ampleur des enjeux. Cheikh Bamba Dieye est le maire d’une ville qui peut disparaître dans 50 ans, son témoignage valide d’autant plus la démarche lilloise engagée par Philippe.
Il y a beaucoup à faire encore, mais l’énergie et la vitalité qui se dégagent de nos interlocuteurs laissent augurer le meilleur, même si ne nions pas les difficultés qui nous guettent, en premier lieu les budgets contraints et les ressources humaines insuffisantes. Il faudra notamment que nous avancions sur le « congé solidaire » qui permet à un agent de travailler sur un programme de coopération pendant ses congés, tandis que la collectivité le défraie pour son déplacement et son hébergement. Y travailler encore.
Parce que nous poursuivons notre objectif de favoriser le développement économique de la ville, notamment par la formation des acteurs, nous recevons à Lille, pendant la semaine de solidarité internationale (en fait du 10 au 26 novembre), des jeunes entrepreneurs qui viennent parfaire leur formation aux métiers de la culture auprès de leurs homologues lillois. Nous avons eu les visas : ouf !
Le prochain rdv c’est Aricités à Dakar. Deux thèmes dominent l’édition 2012 de ce sommet des villes africaines : la gouvernance et le changement climatique. Le maire-ministre (il a depuis changé de prortefeuille : Ministre de la Communication, des Télécommunications et de l’Economie numérique) et moi avons prévu une intervention conjointe sur l’adaptation au changement climatique et la résilience des territoires.