Lettre à Martine Aubry : pour une stratégie d’accueil des Roms

Mercredi 15 août, des Roms expulsés jeudi 9 août de leur campement ont trouvé refuge provisoirement…. sur un terrain du diocèse, dans le quartier du faubourg de Béthune, à Lille (voir ICI).

Ce même jour, les élu-es Europe Écologie Les Verts des communes de la communauté urbaine ont écrit à sa présidente, Martine Aubry. Voici leur courrier :

 

Lille, le 15 août 2012

Madame la Présidente de Lille Métropole Communauté Urbaine,

Face aux démantèlements récents des « campements » de familles Roms (rue Brueghel à Villeneuve d’Ascq, la friche de l’école d’architecture à Hellemmes), les élus Europe Écologie Les Verts des communes de la métropole lilloise tiennent à vous faire part de leur inquiétude vis à vis des conditions d’errance et de précarité aggravée dans lesquelles se retrouvent plus de 150 personnes dont beaucoup d’enfants en bas age.

En tant qu’élus locaux, mais aussi en tant que citoyens de gauche qui avons voté le 6 mai dernier pour le changement, nous ne pouvons accepter cette situation qui s’apparente à de la non assistance à personnes en danger, ni demeurer impassibles face à la mobilisation citoyenne qui s’organise pour tenter d’apporter soutien et réconfort à ces populations.

Il est incohérent de voter fin juin à LMCU une délibération cadre avec une résolution de mise en œuvre de l’accueil des Roms dans des villages d’insertion et sur des terrains équipés, et quelques semaines plus tard demander l’évacuation des espaces de vie de familles sans aucun temps de prévenance, ni d’échanges préalables avec les Roms eux-mêmes et les ONG, ne serait-ce que pour envisager un endroit où aller ensuite. Le choix de répondre à la pression de certains maires dans la précipitation est une grave erreur.

Outre la question du respect humain, ces démantèlements violents créent plus de trouble à l’ordre public, de désordre et de gâchis que la présence même des campements, même si les conditions de voisinage peuvent rendre les choses difficiles, compte-tenu de la situation de survie des familles dans une précarité extrême, du manque de points d’eau, de WC et de containers pour les déchets….

  • Du désordre, puisque dépourvues de tout : habitats, caravanes…, les familles errent depuis jeudi dernier dans les rues et les parcs de la métropole, désordonnées et aux abois.
  • Du gâchis, financier et matériel , car l’action publique mise en œuvre, avec l’aide de LMCU, par les associations, les CCAS, les travailleurs sociaux, les éducateurs et les enseignants œuvrant pour l’intégration des familles et des enfants, est d’un coup anéantie par la dislocation des lieux de vie des Roms.

Les moyens déployés pour déstabiliser les campements, devraient être au contraire affectés au processus d’ancrage et de stabilisation de ces voisins européens en détresse.

Contrairement à ce qui se dit, les chiffres montrent que le nombre de ressortissants roumains et bulgares Roms en France, n’augmente pas significativement au fil des ans et depuis l’an 2000 tourne autour de 15 000.

La France est l’un des derniers pays de l’Union Européenne à ne rien faire pour améliorer l’intégration économique et sociale de ces populations, comme le préconise pourtant la commission européenne dans le cadre d’un programme adopté le 5 avril 2011 avec des crédits européens, crédits qui aujourd’hui ne sont pas suffisamment mobilisés par notre pays.

Par comparaison, la Belgique s’est inscrite dans un processus responsable et vertueux accueillant 30 000 Roms dont 7000 à Bruxelles. Elle a défini en mars dernier un plan d’intégration en 10 objectifs, porté au niveau fédéral en lien avec les régions, les communautés linguistiques et les communes : accueil, logement, insertion, suivi médical et social… Des pratiques innovantes de médiation et de discussions ont été recensées.

L’Etat français, conformément aux engagements du candidat François Hollande, aujourd’hui Président de la République, doit accompagner la mise en œuvre de solutions provisoires acceptables.

Pour sortir du désordre et du gâchis, nous demandons qu’une nouvelle analyse de la situation soit établie, prenant en compte l’ensemble des Roms présents sur le territoire de LMCU et nous demandons qu’une stratégie d’accueil locale soit élaborée avec le nouveau gouvernement, conforme aux engagements européens d’accès à l’éducation, l’emploi, aux soins et au logement.

Nous vous demandons, instamment, que dans la mise en œuvre de la délibération cadre adoptée par LMCU fin juin, soit présenté très rapidement, un calendrier précis de cette mise en œuvre, les propositions de lieux, le choix des groupes de familles ainsi que les modalités d’accueil prévues, tout cela en lien avec les associations afin de garantir de ne retomber dans le mauvais scénario joué cet été.

Nous souhaitons également que les élus communautaires, représentant des collectivités locales, sous votre égide, Madame la Présidente, prennent tous leurs responsabilités dans la mise en œuvre de villages d’insertion dans chacune de leur commune, et non pas seulement quelques uns comme aujourd’hui. Tout comme pour le logement social, la métropole doit trouver, avec l’aide du représentant de l’Etat, une forme de coercition pour qu’aucune commune n’échappe à cette solidarité avec cette population vulnérable. Les élus EELV de la métropole interpelleront également la Ministre du logement pour qu’elle propose de justes répartitions des conditions de prise en charge des populations migrantes.

Dans l’immédiat, nous souhaitons que plus aucun démantèlement de campements ne se fasse sans réelles discussions préalables avec les intéressés et les intervenants, ni sans solution de remplacement prenant en compte le travail déjà effectué avec les associations ou les habitants riverains.

Enfin et avant tout, nous souhaitons que des terrains d’accueil dignes, pourvus de points d’eau, de sanitaires et de containers, soient proposés immédiatement aux familles Roms des campements démantelés en août, pour sortir par le haut de la situation que les interventions policières ont dans les faits dégradée.

Nous vous prions de croire, Madame la Présidente, en notre disponibilité et d’accepter nos sentiments distingués.

Les élus EELV des communes l’ensemble de la communauté urbaine de Lille

Mercredi 15 août, des Roms expulsés jeudi 9 août de leur campement ont trouvé refuge provisoirement…. sur un terrain du diocèse, dans le quartier du faubourg de Béthune, à Lille (voir ICI). Ce même jour, les élu-es Europe Écologie Les Verts des communes de la communauté urbaine ont écrit à sa présidente, Martine Aubry. Voici leur courrier :

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