TIC* et toc !
Les TIC, drôles de bestioles. On en recense au moins 3 espèces : les TIC domestiques, élevées dans le luxe de technopôles branchés et vendues à prix d’or ; les TIC publiques, celles que la ville promeut pour que ses services soient accessibles au plus grand nombre, tout en étant vigilante sur la confidentialité des données privées. Et il y a les TIC sauvages, libres, gratuites, partagées par de hardis hackers -Robins des bois de l’informatique- qui considèrent que la toile est à tous au nom du principe du bien commun partagé.
Une poignée de ces TIC sauvages avait élu domicile dans une grande surface commerciale laissée absurdement vide par Zara, à deux pas de la Grand’Place, où les loyers sont si coûteux qu’on redoute qu’il n’y ait plus que des banques pour s’y installer. France Bleu Nord appréciera, contrainte de plier bagages sous peu…
Las, la loi du marché immobilier -plutôt 3000m2 vides que libérés- est sans pitié pour les TIC sauvages. Expulsion : et toc !
Les Hauts Lieux, coopérative informatique artisanale, laboratoire de culture immédiate, havre de solidarité spontanée, ont fait long feu. Les règlements d’urbanisme commercial sont ainsi faits par le Gouvernement qu’ils dépossèdent les villes de toute possibilité de choix en matière d’occupation des lieux. Uniformisation, aseptisation, bancarisation : mornes cités à venir… une poignée de partisans de la biodiversité urbaine a tenté de s’y opposer en réinventant l’art du squat (on se souvient de l’Hôpital éphémère à Paris, le musée d’art moderne de Genève est une « Usine éphémère », heureusement pérennisée).
La discussion n’est pas close, les TIC sauvages s’accrochent ! C’est au groupe Inditex (Zara) qu’il appartient désormais de trancher : loi du marché ou hospitalité ? Plaidons pour de l’éphémère durable…
*TIC : technologies de l’information et de la communication
Marie-Pierre Bresson
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Tribune publiée dans Lille Magazine N° 67 – © 2010