Le résultat des élections régionales confirme l’ancrage de l’écologie politique à Lille (18,07%). Tant mieux ! Il est en même temps difficile de se réjouir en voyant l’abstention et le vote FN se confirmer tout autant. Suffit-il de pointer la crise économique comme facteur essentiel de cette tendance ? Non !

Nous devons nous pencher sur la faillite de la représentation politique que traduisent ce désintérêt, cette défiance. Le fossé entre élus et citoyens est ressenti fortement, en partie à juste titre. Et il est de notre responsabilité de faire progresser la démocratie, d’expliquer sans cesse le levier que représente la participation active des citoyens.

Dans cet esprit, notre groupe a défendu l’évolution des conseils de quartier, et rend compte régulièrement de son action. Le choix de créer à Lille une coopérative de production d’énergie solaire, s’appuyant sur l’épargne citoyenne, relève de la même volonté.

Mais l’abstention croissante est aussi un signal fort d’une autre crise : celle de notre modèle économique, matérialiste au point de convertir les citoyens en consommateurs. Il engendre une dépendance et une perte de sens inquiétantes. Peut-on alors s’étonner de l’affaiblissement démocratique ?

Nos orientations économiques, même locales, sont déterminantes pour enrayer cette logique destructrice. Aujourd’hui la transformation écologique de l’économie locale est en marche : nous développons l’agriculture biologique et sa consommation dans les crèches et cantines. Nous privilégions le commerce de proximité, qui apporte un rôle social dans les quartiers, face à la grande distribution. Et pour cela aussi, nous affirmons que la richesse d’une communauté repose sur d’autres valeurs que celle d’un casino.

Christiane Bouchart
chargée de l’économie sociale et solidaire, du commerce équitable

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Tribune publiée dans Lille Magazine N°65 – Avril 2010