Lettre à Françoise Garandeau

Chère Françoise,
Comment te parler une dernière fois au-delà de la vie ?
Comment parler de toi et de ta vie militante à tes enfants, ta famille, tes amis de Cherves-Richemont ou d’ailleurs, qui t’aiment… et qui savent que tu n’aimerais pas qu’ils pleurent sur ton sort ? Comment ?…

Nous avons choisi de le faire avec quelques extraits des très nombreux messages de tes amis d’Europe Écologie Les Verts, qui t’ont connue et appréciée, et qui tiennent à ce que tes enfants, ta famille, tes proches – qui ne croisaient pas forcément ta vie militante – partagent cet hommage collectif.

« La première rencontre avec Françoise ne laissait jamais indifférent. Je me souviens comme si j’y étais de ma première rencontre avec elle.
C’était pendant la campagne des européennes. Nous étions dans le marais poitevin, avec Yannick Jadot et un groupe de militants des Deux-Sèvres. FR3 faisait une interview sur fond de têtards fraîchement taillés. Le marais en hiver, quoi. Durant la prise, arrive sur le chemin un genre de Citroën qui cahote entre les bosses. Arrêt brutal, genre rallye-frein-à-main. Sortie expresse de l’habitacle et, de loin, Françoise interpelle le groupe en général et Yannick en particulier comme pour s’excuser d’être en retard : « Yannick ! Françoise Garandeau de Cognac, je savais que tu étais là, je viens t’inviter chez nous, en Charente car il faut absolument que le problème de l’eau soit à la une de cette campagne. » Le cameraman était abasourdi de l’intrusion. Tous ceux qui la connaissaient souriaient tendrement. On ne peut rêver présentation plus directe. Françoise qui, quand elle avançait, se riait des convenances et des moqueries. Une militante généreuse qui ne lâchait jamais le micro tendu sans avoir livré tout son sentiment, avec précision et un sens du détail qui agace l’homme pressé. Elle était un honnête homme. »

Ton engagement militant était effectivement clair et décisif. Agir et concrétiser, pas causer et ne rien faire. Voilà ton leitmotiv.

« Françoise avait la force de ses convictions et de sa déontologie. Elle mettait toujours la barre très haut. Je ne sais plus combien de fois nous avons parlé de ses engagements passés pour une médecine du travail rigoureuse, ou de ses combats actuels en tant que femme ou en tant qu’élue, notamment pour tel ou tel aménagement de traitement de déchets.
Elle souhaitait avant tout que l’écologie politique existe. Elle était toujours convaincue des capacités créatrices et de l’efficacité de l’action collective, au service de tous. Elle n’hésitait jamais à bousculer de toutes ses forces une séance pour rappeler de ne pas perdre le cap. Lors de nos prochains débats, ses interventions énergiques nous manqueront. Elle nous manquera ! »

Françoise, tu as su conduire avec détermination un mandat communal à chaque fois renouvelé depuis 1995. Signe de confiance. Tu as su aussi t’engager pour représenter, avec tout autant de pugnacité, nos idées et nos valeurs lors des élections cantonales, régionales et législatives.
Il te fallait pour cela toute l’abnégation que comporte la certitude de l’échec programmé, et de la frustration qui ne manque pas de s’installer quand on sait que le temps presse pour agir.

« J’en garde l’image d’une femme droite, déterminée, convaincue et convaincante. Elle a rendu d’énormes services à l’écologie politique, avec un sens du collectif et des relations humaines jamais pris en défaut. »

Dans ton engagement, même dans les moments de tension, tu savais, Françoise, témoigner confiance, gentillesse, bonne humeur et respect aux personnes qui s’activaient à ton service, gommant ainsi toute différence entre élus, responsables et employés.

« Françoise s’était peu exprimée depuis les législatives 2012 sur nos listes, mais j’étais à des lieux de penser qu’elle était malade, tant elle était encore pleine d’énergie pendant la campagne. »
« Françoise nous laisse une somme de souvenirs et nous savons toutes et tous que la cause des femmes perd là une sacrée battante. »

Françoise, la quasi totalité d’entre nous a été extrêmement surprise par ta brutale disparition, ignorant que tu te battais aussi contre une saleté de « longue maladie »… de ces maladies qui ne cessent de justifier nos combats communs et ton engagement professionnel comme politique.
Nous n’oublierons pas quelle volonté tu as mis à défendre l’agriculture biologique comme la langue picto-charentaise, l’aide aux plus démunis comme l’égalité des droits et les droits de tous. Bref, cette idée de l’écologie que nous aimons et que nous partagions.

Nous adressons nos pensées amicales à Sarah, Yann et Pierre, tes enfants, ainsi qu’à tous tes proches.

Tes compagnes et compagnons de route
d’Europe Écologie Les Verts Poitou-Charentes

Charente Libre
Sud Ouest 

Remonter