Fuir la mort : est-ce coupable ?

Communiqué des élu-e-s de la Région Poitou-Charentes

Aujourd’hui les citoyens veulent assumer par leur solidarité et leur générosité, les conséquences désastreuses des politiques irresponsables des dirigeants français (que ce soit Nicolas Sarkozy et la droite ou François Hollande et le Gouvernement) et européens en matière d’économie et de politique internationale de ces dernières décennies.

On nous parle de « crise » migratoire en disant qu’il y a plus de migrants aujourd’hui qu’il y a 50 ans. Est-ce que cela date d’hier ? Globalement non, il y a toujours 3% de la population mondiale qui vit en dehors de son pays natal. En revanche ce que l’on constate est un flux migratoire important de l’Afrique vers l’Europe causé par des situations insoutenables pour les habitants de ces zones de conflit.

D’où viennent les migrants ? Principalement de Syrie, mais pas uniquement. Tout le continent africain est concerné, plus ou moins. Le chaos libyen est une autre cause de cet afflux migratoire. Qu’ont fait nos dirigeants ces dix dernières années pour éviter et anticiper ces chaos ? Notre diplomatie est-elle allée dans le sens de l’intérêt général de ces populations ?

Ceux qui ne fuient pas les guerres, qui souhaitent tout simplement un avenir, qui veulent échapper aux persécutions ethniques, religieuses ou encore politiques, les migrants économiques, pourquoi ne voient-ils pas d’issue chez eux ? On observe là aussi en partie les conséquences des politiques économiques internationales qui vont être aggravées par les accords de partenariats économiques conclus récemment entre l’UE et certains pays africains. Tout ceci n’est pas exhaustif, mais veut juste illustrer qu’une vision globale s’impose et que les responsabilités sont collectives. Il ne faut pas non plus perdre de vue le dérèglement climatique qui ajoute de lourds handicaps au développement de certains pays du sud.

Les politiques d’immigration européennes ferment de plus en plus la porte aux migrations même légales, ce qui a largement contribué à la mise en place des réseaux mafieux et à l’augmentation de conditions de migrations épouvantables.

Il ne s’agit pas de revenir en arrière mais de mieux appréhender l’avenir.

Dans l’immédiat, la solidarité nous impose d’accueillir toutes ces victimes d’un système global injuste. Les citoyens européens sont sensibles au manque de réponses apportées par la Commission Européenne. Des fonds gigantesques ont été débloqués pour sauver les banques en 2008, ce que l’Europe propose lorsqu’il s’agit de répondre à des drames humains est dérisoire.

La remarque est la même pour la France : les français réagissent vivement à l’absence de solutions proposées ; 24000 personnes accueillies en 2 ans. Il est vrai que malgré la mobilisation citoyenne, les moyens d’accueil sont insuffisants.

Nous ne proposons pas de murs mais plus d’ouverture, la mise en place de procédures légales respectueuses des personnes qui souhaitent venir s’installer sur nos territoires, et une remise à plat de l’ensemble des politiques économiques et diplomatiques internationales.

Serge Morin, Président du groupe des élu-e-s EELV de la Région Poitou-Charentes

Françoise Coutant, Porte-Parole

 

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